Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
L’Eurasie, ensemble territorial le plus vaste du monde s’étendant sur 54 millions de km², rassemblant 4,5 milliards d’habitants, a été pendant des siècles un espace continental de manœuvres, d’invasions et de conquêtes aux mains des populations nomades qualifiées de barbares par les populations sédentaires environnantes. Son étirement sur plus de 11 000 km de plaines et de plateaux steppiques, sans obstacles majeurs, mais uniquement le long de la vaste plaine allant de la mer du Nord à celle de Sibérie orientale a conféré une importance accrue au rôle structurant de la circulation au sens large : transports, mobilités, migrations, connexions de toutes sortes d’une extrémité à l’autre de l’Europe que Paul Valéry avait qualifié de cap extrême de l’Asie.
Ukraine, Ossétie du Sud, Gaza, trois guerres pour des zones grises, et rares ont été les observateurs à avoir remarqué que ces crises ont eu pour épicentre des zones grises. Si ces trois exemples sont les plus connus, bien d’autres zones grises se sont répandues sur notre hémisphère. En Amérique latine, voilà des décennies que des zones sont gangrenées par les gangs de la drogue qui se livrent à de sanglants affrontements pour le contrôle des territoires, de production et des axes d’acheminement de leurs psychotropes. Au Sahel, dans le Sahara, dans le Nord-Est du Nigeria, de telles zones couvrent de larges espaces.
Qu’est ce qui sépare l’hécatombe de Pearl Harbor (1941) du succès de Midway (1942) quelques mois plus tard ? Et quelle différence entre le désastre du 11 septembre 2001 et l’empêchement réussi du Day of Terror de 1998 par les services de renseignement américains ? Poser ces questions, c’est considérer le combat constamment renouvelé du renseignement face au défi de la prévention des attaques surprises : tel est le sujet sur lequel se penche Erik J. Dahl dans son superbe ouvrage Intelligence and Surprise Attack.
Le monde a-t-il durant la guerre froide frôlé réellement l’apocalypse, l’hiver nucléaire, se soldant par des centaines de millions de victimes et de la destruction d’une grande partie de notre écosystème ? Voilà une question âprement, débattue par des légions d’experts, qui ont procédé à des évaluations aussi précises que possible des victimes, précisément pour dissuader leurs dirigeants de procéder à l’arme suprême.
S’il existait jusqu’à présent des livres sur les Français de l’État islamique (EI), il n’y avait encore rien de publié en français sur ses recrues locales. Tous les déserteurs que les auteurs ont interrogés pour ce livre ont été exfiltrés de Syrie par une organisation appelée Thuwar Raqqa (au parcours sinueux), affiliée aux Forces démocratiques syriennes.
Énarque, doté d’un caractère bien trempé, éloigné de certaines minauderies « diplomatiques », ce Lorrain, comme il aime à se présenter, a effectué un parcours diplomatique hors norme qui l’a conduit dans bien des points chauds du vaste Moyen-Orient, la zone la plus agitée de la planète, et qui risque à le lire et l’écouter, de le rester bien des décennies.
Le célèbre arabisant, Gilles Kepel, arpente inlassablement les territoires de l’islam dans tous les pays de la Méditerranée et du Moyen-Orient, depuis 1977, date de son séjour de formation à Damas. Dans son dernier livre, le plus complet et le plus achevé, il décrypte la situation de cette vaste zone, telle qu’elle s’est établie depuis la guerre d’octobre 1973 dite du Kippour ou du Ramadan.
Deux ans après le vote historique du 24 juin 2016 qui vit le Royaume-Uni larguer les amarres de l’Union européenne, le journaliste Marc Roche nous livre une solide analyse prospective sur l’avenir d’Albion à l’ère du Brexit. Longtemps journaliste financier au Monde et fin connaisseur de la City, cet ancien « remainer de cœur » devenu « brexiter de raison » s’attache à mettre en lumière les atouts d’un Royaume-Uni qui a renoué avec son ADN historique en faisant le choix du grand large. Sans nier les difficultés transitoires auxquelles Londres sera certainement confronté à l’occasion de son divorce avec l’Union européenne (en raison notamment de la rigidification brutale de ses échanges avec le continent), Marc Roche montre que, sur le long terme, la Grande-Bretagne va en réalité transformer avec succès l’essai du Brexit.
Jean-Claude Delhez n’aime pas les chars. C’est le moins que l’on puisse dire. Dans un livre-réquisitoire, cet historien et journaliste belge, auteur de plusieurs ouvrages portant sur les deux guerres mondiales (cf. La bataille des frontières, Joffre attaque au centre 22-26 août 1914, Paris, Économica, 2013), s’efforce ici de nous démonter que les chars d’assaut, qu’il assimile à des canons roulants dont le seul objet serait de détruire d’autres chars, n’ont strictement aucune utilité sur le plan militaire.
On se réfère souvent au général de Gaulle, sans l’avoir toujours bien lu et médité. Il est vrai que cet homme d’État, qui, depuis juin 1940, écrivait deux heures par jour, a laissé bien des discours, lettres, notes, Mémoires, confidences qu’ont notées ses collaborateurs les plus proches, au premier chef Alain Peyrefitte qu’il voyait presque chaque jour. Le mérite de François Kersaudy, qui a enseigné aux universités d’Oxford et de Paris I, auteur de De Gaulle et Churchill et d’une biographie de Churchill est de se situer à ces hauteurs et d’avoir su choisir, parmi l’abondant corpus gaullien, les passages ou citations les plus appropriés. Les thèmes qu’il a choisis sont vastes mais portent sur les questions essentielles. Celles du destin de la France d’abord (Pétain et Vichy, la France libre et la Résistance), de l’État et des institutions, et de l’Algérie. Des sujets aujourd’hui largement historiques mais qui ont laissé des blessures toujours non guéries ou dépassées. Mais l’essentiel – de quoi nous combler – porte sur les thèmes de politique extérieure.
Le général Léon Zeller avait écrit en 1933 ses souvenirs sur les grands chefs de la Grande Guerre qu’il avait rencontrés avant et pendant la guerre (qu’il a faite comme lieutenant-colonel). Leur volume avait interdit leur publication exhaustive. Son petit-fils, le général Louis Zeller, a confié au colonel Claude Franc, historien reconnu de cette période, le soin d’en extraire les passages essentiels en se focalisant sur Foch et Pétain. Cet exercice difficile a produit un livre qui, s’il n’apporte pas de lumières nouvelles sur la conduite de la Grande Guerre, offre des portraits saisissants de deux personnalités hors normes.
L’historiographie de la Première Guerre mondiale s’intéresse généralement aux aspects militaires ou politiques du conflit. L’angle social est souvent négligé. L’ouvrage de Jacques R. Pauwels, historien belge néerlandophone, publié par les éditions Delga, répare opportunément cet oubli.
Le général Serge Andolenko (1907-1973) est le fils d’un officier de l’armée impériale russe tué pendant la Première Guerre mondiale. Arrivé en France en 1921, il entre à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1924, en sort sous-lieutenant en 1926 et sert dans la Légion étrangère où il fera toute sa carrière, avant de se consacrer à l’histoire militaire (les Éditions des Syrtes ont publié l’an dernier sa biographie de Souvorov).
Le 70e anniversaire de l’État d’Israël, dont la création fut proclamée le 14 mai par David Ben Gourion dans le petit musée de Tel-Aviv, est assurément l’occasion de dresser un bilan de cet État, unique en son genre. Né de l’imagination du journaliste viennois Theodor Herzl, qui avait assisté en 1895 à la dégradation du capitaine Alfred Dreyfus, bien peu dans les communautés dispersées de la diaspora y crurent, lui opposant toute une série d’arguments.
La parution de l’album de vingt-trois gouaches de l’artiste peintre Jean Peyrissac par Les Éditions Michalon (avec le soutien de la Mission du Centenaire) constitue un événement remarquablement rare relatif à la création artistique de la Première Guerre mondiale. Cet album constitue un témoignage exceptionnel, éclairant un épisode du Front d’Orient de la Macédoine et plus précisément de la ville de Monastir (aujourd’hui Bitola).
L’Europe, pourquoi comment, jusqu’où se demandent dans leur copieuse introduction, les maîtres d’œuvre de cette monumentale entreprise éditoriale qui a réuni plus de 430 spécialistes de tous les pays, de tous les horizons de toutes les disciplines. Au moment où l’Europe ne sort pas de l’histoire, mais s’interroge plus que jamais sur son destin, son avenir, sa cohésion et stabilité, sa sécurité et son « autonomie stratégique », il paraît nécessaire de mieux savoir d’où elle vient cette Europe, ce cap extrême de l’Asie, qui a conquis jadis les trois quarts de la planète. Car elle semble se retirer à petits pas de la scène mondiale, l’Europe, celle du moins où s’affrontent à nouveau les « gladiateurs » de Hobbes, les États continents ces « constructions impériales » que sont les États-Unis, la Russie, la Chine et demain l’Inde, le Brésil peut-être.
« We had won the Cold War at sea: the world’s oceans had been ventured, and the world’s oceans had been gained ». C’est par cette phrase que s’achève le passionnant récit de celui qui fut le secrétaire à la Marine du président Reagan de 1981 à1987, John Lehman. Avec ce quatrième ouvrage, le père de la New Maritime Strategy nous montre comment, en l’espace d’une décennie, les États-Unis ont renversé l’équilibre des forces et acculé l’URSS à la défaite stratégique, en utilisant le levier du Seapower. Richement illustré, cet essai percutant est à la fois une analyse historique, une aventure humaine et une invitation à la réflexion stratégique.
Cet ouvrage universitaire composé d’une douzaine de contributions, vient répondre à un certain nombre d’interrogations relatives à l’organisation et au fonctionnement de la structure d’administration centrale, mise en place autour du secrétaire d’État de la Marine à partir de son premier titulaire, Colbert, en 1669.
Cet ouvrage produit dans la collection « Doc’ en Poche - Place au débat », donne des éléments de réponse à la question posée dans son titre. Il part du constat de la mondialisation, qui repose sur deux piliers essentiellement maritimes : le transport par porte-conteneurs qui permet d’échanger des marchandises matérielles à des coûts très faibles, et les câbles sous-marins qui véhiculent l’essentiel des données immatérielles dans le monde, à des coûts également marginaux. Ces deux modes de transport organisés en réseaux, de surface et sous-marins, sont les premiers vecteurs de la mondialisation.
C’est un très beau film que nous offre Cheyenne-Marie Carron. À travers une remarquable étude de mœurs sur la jeunesse actuelle et sa quête d’idéal, elle exalte les vertus d’honneur, de fidélité et de solidarité qui sont l’apanage de notre Armée.
Aujourd’hui, les expressions de géopolitique, de géopoliticien ou encore de géopolitologue sont devenues si courantes et utilisées à tout propos, comme si tout phénomène social était par nature géopolitique, que l’on a peine à se rendre compte de l’opprobre dont elles firent preuve jusqu’à la fin des années 1970. On doit l’énorme succès de cette notion en France au géographe Yves Lacoste, fondateur de la revue Hérodote, qui s’est voulue la première traitant de sujets géopolitiques, encore qu’à l’origine, en 1976, elle ait eu pour sous-titre « Stratégies, géographies, idéologies ».
Pilote d’hélicoptère de combat dans l’Armée de terre et auteur de Dans les griffes du Tigre (Les Belles Lettres, 2013), le lieutenant-colonel Brice Erbland nous livre avec cet essai les fruits de son mémoire de scolarité réalisé en 2017 à l’École de Guerre.
Agrégé d’histoire et journaliste pour Le Figaro et Le Point en Asie du Nord-Est pendant près de vingt ans, Sébastien Falletti a mené une véritable enquête sur les arcanes de la dynastie de Kim. Celle-ci l’a mené tant à Séoul qu’à Pyongyang, à Tokyo, Washington, New York, où se sont réfugiés la tante et l’oncle de Kim Jong-un qui avaient fait figure de ses parents d’emprunt lors des années qu’il passa à Lausanne dans l’intimité apparemment la plus totale, mais aussi à Guam et Osaka.
L’Arctique, bordée par cinq pays riverains, Canada, États-Unis, Russie, Norvège et Danemark, via le Groënland, appelée à devenir bientôt indépendant, espace qui resta si longtemps éloigné, glacial, nocturne une partie de l’année, hostile à l’homme, dangereux, et largement inconnu, s’ouvre aux activités humaines ; qu’il s’agisse du transport maritime, durant la saison estivale, de la pêche, du tourisme et bien entendu de l’exploitation de ses ressources minérales et énergétiques.
Cyclope, est le rapport annuel le plus complet portant sur l’ensemble des marchés de biens et de services, publié en français, qui a peu d’équivalent dans le monde : 150 experts de toutes origines y collaborent.
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