Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Selon les dernières évaluations émanant du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) – les deux organes de l’ONU suivant les questions climatiques – datant de l’automne 2015, la hausse actuelle des gaz à effet de serre (GES) conduit à une hausse, moyenne, des températures, au-delà des 3 à 3,5°C à l’horizon 2100 ; bien au-dessus des objectifs de l’accord de Paris du 12 décembre 2015 « au-dessous de 2°C, et si possible au-dessous de 1,5°C. Des experts chinois, ont estimé plus récemment la hausse probable à 4°C au même horizon.
Dirigé jusqu’en 2017 par le général Benoît Durieux, l’un des rares spécialistes français de Clausewitz, le CHEM (Centre des hautes études militaires) prépare à leurs futures responsabilités les généraux de demain. La guerre par ceux qui la font rassemble un certain nombre de travaux de son avant-dernière promotion sous la forme de courts essais sur des thèmes qui répondent à l’actualité stratégique. Ces contributions font souvent référence aux opérations récentes des armées françaises où leurs auteurs, alors colonels ou capitaines de vaisseau, ont souvent joué un rôle de premier plan et se sont trouvés précisément à la confluence entre la sphère militaire et la sphère politique. C’est précisément cette expérience qui fait tout l’intérêt de l’ouvrage, mais qui en constitue aussi les limites. Moins théorique qu’un travail universitaire, cet ensemble s’attache plutôt aux possibilités réelles des armées françaises et de leurs adversaires, au risque quelquefois d’un certain conformisme par rapport aux modes intellectuelles dominantes.
Le célèbre florentin n’est pas seulement l’auteur de l’opuscule destiné à l’information et l’éducation des « princes », italiens : le De principatibus, notre Prince, rédigé une fois retiré – contre son gré – des affaires ou des Discours sur la première décade de Tite-Live, consacré au fonctionnement des « républiques ». Il fut aussi un ambassadeur cultivé, un homme de lettres dans tous les sens du mot, qui, envoyait des notes aux organes exécutifs de la République, en des moments cruciaux de son existence. La Segnoria, le gouvernement de Florence, composé de neuf « prieurs » renouvelés tous les deux mois, l’envoya à quatre reprises, en 1500, 1503, 1510, 1511 en France.
Au lendemain du G7 des 7-8 juin au Québec et du Sommet Trump/Kim Jong-un de Singapour, du 12, et en pleine « guerre commerciale » entre alliés du camp atlantique, il est intéressant de faire le point sur le rôle et la place unique qu’occupent les États-Unis sur la scène internationale. Sans se livrer à des développements fournis ce petit ouvrage livre, à peu près, l’essentiel en chiffres, cartes et idées clefs.
Par deux fois, l’Allemagne, puissance continentale confrontée à une puissance maritime dominante, l’Angleterre, réagit de la même manière en s’attaquant au commerce ennemi, choisissant ainsi une approche asymétrique du faible au fort, approche déjà théorisée par le stratégiste naval britannique Julian Corbett sous le nom de « guerre de course » (par opposition à la « guerre d’escadres »). Dans les deux cas, cette stratégie échoue et se termine par la défaite de l’Allemagne. L’ambition affichée dans son dernier livre par François-Emmanuel Brézet, spécialiste reconnu de la marine allemande, est de nous montrer qu’en dépit d’un objectif stratégique commun ces deux guerres sous-marines allemandes aux communications maritimes partagent paradoxalement peu de points communs.
Sillonnée durant des millénaires, par des navires venus de toutes ses rives, navires de commerce, de combat, puis de tourisme, voilà que la mare nostrum, cette mer au milieu des terres est devenue frontière de pauvreté. C’est un chassé-croisé de paquebots de croisière, occidentaux qui déversent sur ses côtes des armadas de touristes aisés, alors que des masses de déshérités s’embarquent sur des esquifs de fortune cherchant des terres promises. Ces milliers d’Africains, de Syriens, Érythréens… fuient, leur manque de liberté politique, l’intolérance religieuse et surtout leur misère. La grande bleue est devenue pour eux le gouffre de la mort. Mais les flottes des puissances y voguent aussi, les Russes ont établi des bases à Tartous et Lattaquié. La marine chinoise y a fait des apparitions remarquées et qui sait si l’Iran ne cherche pas à s’établir sur les côtes syriennes, pour un jour exporter son gaz… Une éventualité lointaine et hasardeuse, mais doit-on pour autant totalement l’écarter ?
Avec ce traité de stratégie, les quatre piliers de l’enseignement stratégique à l’École de Guerre proposent une somme à la fois exigeante et accessible, qui s’inscrit dans la lignée de l’œuvre magistrale de feu Hervé Coutau-Bégarie (1956-2012). Pour les nombreux élèves qui ont eu l’honneur de suivre les enseignements du maître, cet ouvrage sera ainsi une forme de renouveau dans la continuité, avec au passage une cure d’amaigrissement sensible par rapport aux 1 200 pages de la dernière édition de son indispensable Traité de stratégie (1). Pour le public plus large, ce recueil d’une grande clarté constitue une remarquable introduction à la stratégie, abordée ici dans toutes ses facettes.
Récemment la presse a titré « La voiture électrique fait flamber le cobalt », qui a frôlé les 82 000 $ soit une hausse de 32 % en six mois et de 65 % sur un an (en comparaison la tonne de pétrole s’élève aujourd’hui à environ 500 $, après être tombé à 205 $ en janvier 2016). Car 40 % du cobalt, dans le monde est utilisé dans les batteries, celles des produits électroniques puis celles des voitures électriques dont les nombreux types de batteries au lithium ion utilisent à 80 % du nickel, à 15 % du cobalt, à 5 % d’aluminium. Le nombre de ces dernières atteindra les 30 millions (EV) en 2030, la production de cobalt devait augmenter pour satisfaire à la demande de 314 000 tonnes par an, soit plus de 300 % par rapport à 2016.
Les cartes sont présentes quotidiennement dans les journaux, les médias, pour décrire la genèse et le déroulement des conflits, l’impact des changements climatiques, les flux migratoires, les espaces économiques, comme le résultat des élections. Au point que l’on puisse dire qu’il n’y a pratiquement plus de géopolitique, de géoéconomie ou de géostratégie sans cartes. Si la Grande-Bretagne a ravi le Canada à la France au XVIIIe siècle, cela est dû en partie grâce à l’excellence des cartes de James Cook, le plus prestigieux des navigateurs de l’histoire.
Professeur d’histoire contemporaine spécialiste du fait religieux, Guillaume Cuchet s’empare avec ce sixième ouvrage du « dossier » de la spectaculaire chute du catholicisme en France au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Car s’il est connu et incontestable, ce récent phénomène de notre histoire sociale reste paradoxalement mal expliqué et objet de nombreuses idées simplistes. Aussi, dans cet essai aux allures de thèse, l’auteur délivre une analyse sociologique et historique à la fois rigoureuse et passionnante pour montrer comment et surtout pourquoi notre pays est passé en l’espace de quelques décennies d’une génération à 94 % de baptisés et 25 % de pratiquants dominicaux au début des années 1960 à des taux respectivement de 30 % et 2 % aujourd’hui.
Le Second Empire n’a pas bonne presse. Commencé par un coup d’État, et terminé par un désastre militaire sans précédent, il est resté marqué par son caractère autoritaire, ses combinaisons personnelles et financières. À Bordeaux, Napoléon avait dit « l’Empire c’est la paix, mais outre Sedan, ce furent les expéditions militaires en Italie, et au Mexique. Mais fut-il sinistre, comme l’a jugé en 1985, l’écrivain communiste André Stil dans sa préface à L’Insurgé de Jules Vallès ? Si on ne veut pas, mettre en avant, écrit Gérard Unger, la musique d’Offenbach, les tableaux de Manet, ou les sculptures de Carpeaux, on peut rappeler le droit de grève, la transformation et l’embellissement de Paris, le développement du chemin de fer. On peut y ajouter la politique arabe de l’empereur, le percement du canal de Suez et tous les efforts déployés, pour sortir la France de son repli sur soi, de ses archaïsmes, notamment en concluant un traité de libre-échange avec la Grande-Bretagne. C’est surtout la politique extérieure du Second Empire à laquelle l’auteur consacre un tiers de son livre, qui nous retiendra. On peut schématiquement la découper en trois périodes.
L’expression de « grand argentier » désigne traditionnellement le « ministre des Finances » sous l’Ancien Régime. L’image de Nicolas Fouquet vient immédiatement à l’esprit, puis celle d’Enguerrand de Marigny (en particulier pour ceux qui ont lu Les rois maudits de Maurice Druon), mais aussi celles de Jacques Cœur, de John Law et de Necker. L’ouvrage de Françoise Kermina nous relate évidemment la vie et le destin tragique de ces financiers célèbres, mais nous fait aussi découvrir d’autres figures moins connues, mais non moins pittoresques. Ainsi la figure de Sébastien Zamet (1547-1614), banquier italien d’Henri IV, et dont, selon la rumeur publique, il partageait les maîtresses ; celle de Laborde (1724-1794), exécuté pendant la Terreur, en tant qu’ancien fermier général ; celle du munitionnaire Ouvrard (1770-1846) qui bâtit une scandaleuse fortune sur les fournitures des armées françaises de la Révolution et de l’Empire.
Paru en septembre 2011, cet ouvrage s’attache à expliquer comment la désignation d’un ennemi officiel par une entité étatique permet de légitimer le recours aux armes. Pierre Conesa dresse une étude sociologique appuyée de nombreux exemples afin de mettre en évidence le processus politique de qualification puis de diabolisation de cet adversaire permettant la légitimation morale voire la légalisation de la guerre. Anciennement haut fonctionnaire au ministère de la Défense, ce spécialiste des relations internationales et stratégiques s’attache dans cette étude à démontrer le processus utilisé par la classe politique pour convaincre une population civile, souvent première victime des dommages collatéraux de ces affrontements idéologiques, que la guerre est la seule issue.
Guderian. Heinz Guderian. Un nom qui claque et qui résonne dans les esprits comme celui du « pape » de la guerre mécanisée. Comme celui d’un officier visionnaire qui « reste dans l’histoire militaire comme l’une des incarnations les plus parfaites du génie opérationnel et organisationnel engendré par le militarisme germano-prussien », selon les mots du professeur Benoît Lemay en introduction de cette réédition de Mémoires écrites à la fin des années 1940.
Nos représentations du Moyen Âge sont pétries de lieux communs : violence omniprésente, cruauté des puissants et des juges, hygiène approximative, religion fanatique, médecine balbutiante… Comme le relève l’un des auteurs de ce qui est certainement l’étude la plus stimulante parue sur le Moyen Âge depuis des années, il n’y a aucune période que l’on juge aussi mal. Le XVIe siècle est « protégé par la Renaissance », malgré l’extrême violence des guerres de religion, le « Grand siècle » est traversé pourtant de guerres sans fin pour des enjeux territoriaux limités, du XVIIIe, on ne voit que les Lumières, etc. « En somme, pour trouver une figure aussi négative que celle du Moyen Âge, il faut remonter à Cro-Magnon ! » (Boris Bove).
En quittant le pouvoir, en avril, à la veille de ses quatre-vingt-sept ans Raoul Castro a peut-être mis fin (momentanément) au rôle central joué par le clan, des Castro dans l’histoire contemporaine de l’île à la canne à sucre et aux cigares. Pour la première fois de son histoire, Cuba sera dirigé par une personne née après la chute du dictateur Fulgencio Batista en 1959, en l’occurrence Miguel Diaz-Canel, né le 20 avril 1960 à Placeta dans la province de Villa Clara. Cet ingénieur électronicien, ancien dirigeant des jeunesses communistes, seul Cubain qui a osé s’asseoir au bureau politique avec une tablette entre les mains ouvrira-t-il une nouvelle ère politique, économique, culturelle ? C’est à ces questions, parmi tant d’autres, que répond Michel Faure, journaliste, ancien correspondant de l’AFP et de Libération qui a couvert durant de longues années l’Amérique latine.
Le romancier russe Mark Aldanov (1886-1957) est bien oublié aujourd’hui dans notre pays. Dans l’entre-deux-guerres, il fut pourtant l’un des écrivains préférés de l’émigration russe, alors qu’à l’époque ses livres étaient interdits de publication en Russie.
L’United States Navy est-elle en phase de déclin avancé ? À en juger par la puissance, la masse et l’avance technologique de cette marine « second to none », on pourrait en douter. Et pourtant, Seth Cropsey nous montre avec Seablindness que le Sea Service (1) est engagé depuis la fin de la guerre froide dans un processus d’érosion dont il juge les symptômes alarmants et les conséquences potentiellement dramatiques pour la sécurité américaine et plus généralement pour la stabilité de l’ordre libéral.
Anne Nivat, grand reporter indépendante spécialiste de la Russie (1) livre, dans son nouvel ouvrage Un continent derrière Poutine ?, un panorama captivant de la société russe à la veille de la réélection de Vladimir Poutine, le 18 mars 2018, pour un nouveau mandat de six ans (2018-2024).
À l’heure où les meilleurs esprits écrivent que « les guerres se multiplient et ne connaissent pas de fin » (1), il est intéressant de se référer aux dures leçons de l’histoire militaire, comme de l’histoire tour court. Que n’a-t-on écrit sur cette fameuse bataille de Koursk, la plus sanglante du second conflit mondial, peut-être de tous les temps, en tout cas le plus important affrontement de blindés de l’histoire militaire qui a eu lieu le 13 juillet 1943 dans la plaine de Prokhorovka.
Tous les observateurs attentifs de la société russe ont été frappés par une sorte de paradoxe : sous une apparence formellement féminine, les femmes russes montrent ouvertement de fortes tendances directives, voire dominatrices à l’égard des hommes, lesquels se retrouvent souvent de ce fait infantilisés au niveau familial alors qu’ils dominent officiellement la vie politique et la direction des entreprises, domaines où toute idée de parité est exclue. Déjà au XIXe siècle, Anatole Leroy-Beaulieu, remarquait entre les deux sexes « une sorte d’inversion de qualités ou de facultés… Si l’on pouvait reprocher parfois aux hommes quelque chose de féminin, les femmes, en compensation, avaient dans le caractère et dans l’esprit quelque chose d’énergique et de viril. »
« Et c’est ainsi qu’un peuple pacifique a conquis le monde, en partie grâce à l’excellence de sa stratégie et de sa tactique. Et qu’il l’a perdu. » Dans son dernier livre, Yann Le Bohec, professeur émérite à l’université Paris IV Sorbonne, nous explique le pourquoi et le comment de la conquête romaine en faisant la synthèse de quarante années de recherches sur l’armée de Rome.
À l’heure où l’Europe est à un tournant de son histoire millénaire, il paraît utile de mieux savoir ce qu’elle est réellement. Ravissante nymphe enlevée par Zeus, déguisée pour l’occasion en taureau qui la conduit de l’Orient à la Crète, l’Europe a revêtu aux cours des siècles bien des aspects. Ceux des Empires, romain, carolingien, napoléonien, ou l’« ordre nouveau » d’Hitler. Celui d’une communauté économique devenue depuis 1993 l’Union européenne à 28 membres, en passe avec le Brexit d’être réduite à 27 membres, avant peut-être de s’élargir aux pays balkaniques.
S.P.Q.R. – Senatus Populusque Romanus (« le Sénat et le peuple romain ») – est l’abréviation qu’utilisaient les Romains pour désigner leur État. Plus de quinze siècles après son effondrement, l’ancienne Rome continue de soutenir l’édifice de la culture occidentale, de façonner notre vision du monde. Comment et pourquoi ce qui n’était apparemment qu’un village insignifiant de l’Italie centrale a-t-il pu devenir une puissance à ce point dominante, exerçant son autorité sur un vaste territoire déployé à travers trois continents et façonnant nombre de nos concepts fondamentaux sur le pouvoir, la citoyenneté, la guerre, l’empire, etc. ?
Le 2 mars 1917, Nicolas II abdique en faveur de son frère, le grand-duc Michel. Le lendemain celui-ci renonce au trône en attendant qu’une éventuelle assemblée constituante se prononce sur la forme de l’État. Si c’est donc bien le 3 mars 1917 que le régime monarchique prit juridiquement fin en Russie, François Antoniazzi considère que c’est le dimanche 26 février que le tsar perdit définitivement la partie contre le peuple insurgé de Petrograd.
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