Centres d'enseignement supérieur de la Marine - Les voies maritimes du transport de l'énergie et leur sécurisation
Les tensions grandissantes sur le marché énergétique mondial conditionnent les politiques économique et sécuritaire des États exportateurs et importateurs d’hydrocarbures. Au rythme de consommation actuel, on estime respectivement, à soixante-trois et quarante années, de ressources exploitables les réserves mondiales de gaz et de pétrole. La dépendance des économies occidentales notamment, et de la France en particulier, est telle que ces hydrocarbures sont passés du statut de simples ressources à celui de ressources stratégiques, contrôlées, réglementées et régulées par chaque État.
Il est intéressant de noter que les États membres de l’Union européenne refusent obstinément de transférer à l’UE leur compétence sur ces produits « hautement stratégiques ». Par ailleurs, l’énergie devient une cible à part entière pour les mouvements terroristes (Al-Qaïda) comme pour les groupes pirates. Ainsi, les nations se trouvent-elles confrontées à une réalité paradoxale : le marché de l’énergie qui s’est mondialisé grâce à des acteurs privés (compagnies pétrolières et gazières), mais qui reste sous contrôle de l’État, doit assurer le flux d’approvisionnement en luttant contre des menaces asymétriques comme étatiques.
Dès lors, la sécurisation du transport énergétique s’entend comme un nouveau rapport de force entre États dans un contexte de menaces diffuses et non étatiques. Les stratégies imaginées pour se prémunir des actions des groupes terroristes et des organisations pirates doivent-elles rester l’apanage des États ? L’offre de sécurisation se diversifie aujourd’hui avec l’apparition de sociétés privées de sécurité. Est-ce le signe d’un effacement de la puissance régalienne ou un facteur extérieur de transformation et d’adaptation nécessaire des systèmes de défense classiques ?
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