Mars 1972 - n° 309

L'élargissement de la Communauté à dix offre à la construction européenne de nouvelles chances, mais il comporte aussi des risques : aux assauts des supergrands, pour lesquels l'Europe devient une rivale, pourraient en effet se conjuguer les difficultés de gestion et les possibilités de divergence dans les attitudes politiques. En demeurant un simple mécanisme commercial et douanier la Communauté ne tarderait pas à se dégrader. L'auteur, inspecteur des Finances, membre de la Commission des Communautés européennes, est précisément chargé des discussions sur l'adhésion des nouveaux candidats à la Communauté économique européenne ainsi que des relations avec l'Afrique. Lire les premières lignes

  p. 349-355

Notre politique militaire repose sur la notion de dissuasion. La théorie de la dissuasion, parce qu’elle est encore trop méconnue, donne lieu parfois à des confusions ou à des malentendus — confusion de la part de ceux qui, jugeant en termes de référence conventionnels, ne veulent voir que la différence d’échelle, qui existe réellement, entre la puissance mégatonnique de nos forces de riposte et celles dont disposent les super-grands ; malentendu de la part de ceux qui dissocient capacité de riposte nucléaire et volonté populaire de défense, sans l’étroite conjonction desquelles il ne saurait y avoir de défense. Répondant au désir exprimé par de nombreux lecteurs, il nous a paru intéressant de rappeler ici les éléments essentiels d’une théorie de la dissuasion et d’esquisser les grandes lignes de son application possible au cas d’une puissance moyenne comme la France. Lire les premières lignes

  p. 356-381

Le souci de maintenir l'idéal du service dans sa primauté traditionnelle ne saurait aboutir à méconnaître l'aspect statutaire de la carrière des militaires ni à ignorer les évolutions rendues nécessaires par l'environnement du monde moderne dans lequel ils sont appelés à servir. C'est pour répondre à ce souci de modernisation que le ministre d'État chargé de la Défense nationale dépose devant le parlement un projet de loi portant statut général du personnel militaire, projet qui a été examiné en Conseil des ministres le 2 février. L'auteur, le contrôleur des armées, a suivi les études qui ont abouti à ce projet.

  p. 382-398

L'économie française s'ouvre de plus en plus à la concurrence internationale. Dans cette conjoncture il est vital pour notre pays à la fois de tirer le meilleur parti d'une expansion internationale dans laquelle les produits industriels et les services qui s'y rattachent jouent le rôle majeur, et de résister aux menaces de pénétration sur notre marché intérieur très sensible à la concurrence des produits industriels étrangers. Seule, une puissante industrialisation peut nous permettre d'y parvenir. Telle est l'option majeure du VIe Plan. Une politique volontariste et non pas de simple accompagnement de la croissance est nécessaire pour cela. Quels en sont les facteurs ? Quel type de croissance doit-on envisager ? Sur quels secteurs particuliers convient-il de faire effort ? Tels sont les points essentiels de cet article. Lire la suite

  p. 399-410

Parmi les 35 000 vies humaines que coûtent à la France les accidents de toutes sortes, un bon nombre auraient pu être sauvées au prix de secours d'urgence rapides et corrects. C'est une affaire d'organisation dont l'auteur, ancien auditeur de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), expose ici les principes et les éléments essentiels : l'appel, le transport, la médicalisation des secours et l'accueil dans les formations hospitalières. Elle implique une coordination de tous, médecins, gendarmes, sapeurs-pompiers et policiers dans une parfaite discipline et sans rivalité. C'est aussi une question de dévouement et de foi enthousiaste pour une mission aussi noble. Lire la suite

  p. 411-432

La dévaluation du dollar n'a rien résolu, même si elle a ouvert la voie à une refonte du système monétaire international. Il convient maintenant que les États-Unis s'attaquent à la cause essentielle de la crise : le déficit de leur balance des paiements. Mais entre les mesures de rigueur nécessaires pour juguler l'inflation et la relance économique qu'appelle la lutte contre l'inflation, la marge de manœuvre du gouvernement américain est étroite. Selon l'auteur, qui poursuit actuellement des études de sciences économiques aux États-Unis, pas plus les barrières douanières américaines que les concessions commerciales européennes n'apporteraient de remède durable au problème de la balance des paiements américains dont la solution réside en fait dans un effort de rigueur de l'économie américaine et dans son retour à la compétitivité.

  p. 433-444

L'accord intervenu le 19 décembre entre « les Dix » à Washington n'apporte qu'une solution partielle à la crise monétaire qui a culminé en 1971. Le danger demeure d'une nouvelle crise encore plus grave. Le péril devrait conduire les pays européens à une véritable concertation pour définir à leur échelle un mécanisme qui leur rende l'indépendance monétaire, les protège contre la spéculation et leur permette de faire pression sur les États-Unis en vue de l'instauration d'un nouvel ordre monétaire international. L'auteur, inspecteur des Finances, conseiller technique au Cabinet du ministre d'État du Développement industriel et de la Recherche scientifique, est actuellement auditeur à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).

  p. 445-455
  p. 456-465
  p. 466-472
  p. 473-481

Chroniques

Le « grand événement » du début de 1972 fut, évidemment, la signature à Bruxelles le 22 janvier, du traité qui restera dans l’histoire comme ayant « élargi » la Communauté économique européenne (CEE) : la Grande-Bretagne, l’Irlande, le Danemark et la Norvège ont, ce jour-là, donné une consécration diplomatique à la décision de leurs gouvernements et de leurs parlements (sous réserve d’une approbation populaire par voie de référendum dans le cas de la Norvège). L’Europe communautaire a pris de nouvelles dimensions économiques, politiques et psychologiques. Lire la suite

  p. 482-488

Un décret du 11 janvier 1972 vient de modifier celui du 3 janvier 1964 fixant l’organisation des responsabilités territoriales de défense dans les Départements et territoires d’outre-mer (DTOM). Le changement comporte essentiellement la création d’une 5e zone de défense par dédoublement de la zone du Pacifique entre Nouméa et Papeete. L’organisation de la défense des DTOM se présente donc désormais de la façon suivante. Lire la suite

  p. 488-490

À plusieurs reprises, au cours de l’année 1971, les orientations nouvelles de la politique des États-Unis ont suscité l’inquiétude des pays de l’Alliance atlantique. C’est ainsi que pour une grande partie de l’opinion européenne, les négociations de Pékin en février 1972, et de Moscou en mai 1972, semblent déboucher à terme sur un désengagement américain en Europe et sur une politique économique soucieuse des seuls intérêts des États-Unis. En définitive la tranquillité et le bien-être du peuple américain sembleraient ne pouvoir être assurés qu’au détriment des autres nations du monde libre. Lire la suite

  p. 490-493

L’aviation française a connu, depuis sa naissance, un certain prestige auprès des Nations d’Amérique du Sud. Les exploits accomplis par l’Aéropostale lors de la création de ses lignes sur l’Atlantique Sud et en Amérique latine ont largement contribué à renforcer des liens d’amitié qui remontent aux origines mêmes de l’aviation. Lire la suite

  p. 494-500

Bien qu’il n’y ait pas eu l’an dernier de grands exercices analogues aux manœuvres Okean de 1970, l’activité de la marine soviétique a été cependant dans l’ensemble supérieure à celle de l’année précédente. Lire la suite

  p. 500-506

Les tentatives de regroupements régionaux et d’entente en tous genres n’ont pas manqué en Afrique noire depuis une dizaine d’années. Selon l’ambition de leurs promoteurs, elles ont pu prétendre à la réalisation de mythes, comme « l’intégration politique continentale » rêvée par M. N’Krumah (Ghana), ou viser, plus modestement, à la création d’ensembles moins vastes, fondés sur des unions économiques ou des solidarités d’ordre géographique, ethnique ou linguistique. Lire la suite

  p. 506-510

Avant la guerre et au lendemain de la Libération, le cinéma français ne craignait pas de se mettre au service de l’armée, de vanter les vertus militaires, de chanter les faits d’armes. Depuis plusieurs années, les cinéastes ignorent volontairement et obstinément l’honneur de l’officier, la fierté du soldat, la gloire de l’armée. Lorsqu’un uniforme paraît sur l’écran, c’est généralement pour ridiculiser celui qui le porte, pour tourner en dérision les qualités de courage, d’héroïsme et d’abnégation autrefois vantées et « magnifiées » dans bon nombre d’œuvres cinématographiques. L’armée a aujourd’hui mauvaise presse au cinéma, on le constate en le déplorant. Lire la suite

  p. 511-512

Bibliographie

Maurice Couve de Murville : Une politique étrangère – 1958-1969  ; Éditions Plon, 1971 ; 500 pages - J.-L. T. R.

Voilà un livre qui doit être lu par quiconque porte un intérêt, non seulement à l’histoire récente de notre pays, mais également à sa situation dans la présente conjoncture et à son rôle dans l’évolution du monde au cours des années à venir. Lire la suite

  p. 513-514

Tibor Mende : De l’aide à la décolonisation. Les leçons d’un échec  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 316 pages - André Nolde

Point n’est besoin de présenter Tibor Mende au public informé. Les études économiques et sociales, toujours complétées par des réflexions d’ordre philosophique, qu’il a consacrées depuis 20 ans aux pays du Sud-Est asiatique et à l’Amérique latine, ont à l’étranger comme en France, une large audience amplement justifiée par la vaste information de l’auteur quant aux sujets traités, par ses idées originales et neuves, et par l’intérêt passionné qu’il porte aux problèmes du Tiers-Monde. Lire la suite

  p. 514-515

Herman Kahn : L’ascension japonaise  ; (traduit par Pierre de Place) Éditions Robert Laffont, 1971 ; 347 pages - André Nolde

La très remarquable étude prospective d’Herman Kahn sur l’avenir du Japon, effectuée avec l’aide de l’Hudson Institute, constitue un exemple à méditer. Il n’aurait pas été pensable de rassembler une documentation aussi exhaustive, de l’analyser avec tant de soin, d’en effectuer la synthèse, autrement qu’en faisant appel à une équipe de chercheurs polyvalents, disposant de crédits importants. De telles équipes existent aux États-Unis, dans le cadre des grandes unités et de nombreux instituts de recherche, richement dotés. Nous n’avons, hélas ! rien de pareil en France. Nos chercheurs sont trop souvent isolés, abandonnés à eux-mêmes et aux maigres ressources de bourses d’études occasionnelles et toujours insuffisantes. Le résultat, c’est que la quasi-totalité des monographies importantes et sérieuses d’économie politique mises à la disposition du public français sont des traductions. C’est dans l’optique si particulière des Américains, parfois des Anglais ou des Allemands, que nous sommes condamnés à connaître des problèmes qui se posent aujourd’hui au Japon, ou en Chine… ou dans le reste du monde ! L’époque des Tocqueville, des Gobineau et des Siegfried est bien révolue ! Lire la suite

  p. 515-516

Gilles Martinet : Les cinq communismes  ; Éditions du Seuil, 1971 ; 250 pages - H. N.

« Le marxisme des pays communistes est un marxisme mort. On répète des formules et on cherche vainement à y emprisonner des idées nouvelles ». En d’autres termes : Que reste-t-il du communisme originel ? Qui est resté fidèle à Marx ? Qui l’a trahi ? Qu’ont fait de sa « Vulgate » nos modernes exégètes ? Lire la suite

  p. 516-517

François d’Orcival : Les Marines. Scènes de la vie et des combats du Corps des Marines des États-Unis  ; Éditions Balland, 1972 ; 375 pages - Claude Delmas

De 1942 à 1945, 450 000 jeunes Américains furent des combattants d’élite, non par amour des États-Unis ou de la démocratie, mais parce qu’ils étaient des Marines. « Ils sont volontaires. Attirés par un grand mythe qu’aucun d’eux ne saurait définir. Appelés par un mot. Le mot Marine qui veut tout dire, et qui est un monde à part ». François d’Orcival a voulu écrire l’histoire des Marines, depuis le 10 novembre 1775, date à laquelle fut, à Philadelphie, créé leur premier bataillon. Ainsi que l’indique le sous-titre de son excellent ouvrage, l’auteur présente des scènes de leur vie et de leurs combats (donc, très souvent, de leur mort). Lire la suite

  p. 517-517

Alain Danielou : Histoire de l’Inde  ; Éditions Fayard, 1971 ; 372 pages - H. N.

L’actualité vient d’ajouter à ce livre un tragique appendice. L’Inde, il est vrai, n’en est pas à un déchirement près et le drame dont elle vient d’être le théâtre, si affligeant soit-il, ne modifiera pas de façon essentielle le modèle qu’ont façonné des millénaires d’histoire. Lire la suite

  p. 517-518

Henri Michel : La Drôle de Guerre  ; Éditions Hachette, 1971 ; 319 pages - André Nolde

Henri Michel, président du Comité international d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, a déjà publié de nombreuses études intéressant différents aspects et péripéties du conflit de 1939-1945. Son dernier ouvrage couvre la période connue sous le nom de « drôle de guerre ». Son principal intérêt réside dans le fait que l’auteur s’est placé dans une perspective qui englobe l’ensemble des pays – alliés ou ennemis – engagés dans le conflit. Lire la suite

  p. 518-518

Maurice Vassard : Avènement d’une dictature (Italie 1915-1925)  ; Éditions Hachette, 1971 ; 208 pages - Witold Zaniewicki

Cet ouvrage, suivi d’une monographie très vivante sur la Sardaigne, due au député libéral Emilio Lussu, veut être à la fois un témoignage, l’auteur ayant vécu en Italie pendant cette période, et un essai de synthèse historique. Il en résulte une certaine difficulté de lecture : la multiplicité des acteurs et des événements cache les grands thèmes de cette étude. Le principal reproche qu’on puisse faire à l’auteur est d’avoir délibérément esquivé les problèmes économiques pour ne retenir que les origines sociales et politiques du fascisme. Quoi qu’il en soit, œuvre de journaliste, ce livre présente un triple intérêt : il nous éclaire sur l’origine de l’entrée en guerre de l’Italie, il souligne l’impact qu’a eu la guerre sur les problèmes intérieurs italiens, enfin il nous décrit ce fascisme de la première heure (1922-1924) qui va de la nomination de Mussolini à la présidence du Conseil au meurtre du député socialiste Matteoti. Lire la suite

  p. 518-519

Jacques Desmarest : Évolution de la France contemporaine. La France de 1870  ; Éditions Hachette, 1970 ; 424 pages - Georges Vincent

Qu’on ne s’attende pas à trouver sous ce titre une nouvelle histoire du Second Empire. Le dessein de l’ouvrage est plus vaste, ce livre étant le premier d’une série qui se propose de retracer en une vaste fresque l’évolution de la France depuis un siècle. Dans cette perspective, l’histoire événementielle s’efface, ou du moins n’en reste-t-il que les bornes essentielles – et 1870 est l’une de celles-là ; c’est la recherche et l’analyse des forces profondes qui prennent le pas sur les péripéties que sont les successions de ministères et de cabinets. Lire la suite

  p. 519-520

Henri Desagneaux : Journal de guerre  ; Éditions Denoël, 1971 ; 294 pages - H. N.

Verdun, la Somme, le Chemin des Dames, le Mont Kemmel (Belgique), l’Aisne, l’Oise, l’Armistice enfin… En contrepoint des communiqués vibrants, des proclamations triomphantes, la réalité quotidienne du plus sanglant des conflits mondiaux nous est ici découverte. Lire la suite

  p. 520-520

Revue Défense Nationale - Mars 1972 - n° 309

Revue Défense Nationale - Mars 1972 - n° 309

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mars 1972 - n° 309

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