Décembre 1973 - n° 328

À Tokyo, en septembre dernier, les Européens ont défendu une position commune face à leurs interlocuteurs américains, et à Nairobi, les ministres des finances des vingt se sont fixé comme échéance de la réforme du système monétaire international la date du 31 juillet 1974. Il est à craindre qu'en dépit de ces accords bien des ambiguïtés et des équivoques ne subsistent quant aux positions tenues et aux objectifs poursuivis de part et d'autre de l'Atlantique. Lire les premières lignes

  p. 9-26

La crise des rapports atlantiques née du conflit du Proche-Orient, en particulier les menaces non équivoques de M. Schlesinger, Secrétaire d'État à la Défense, quant à une éventuelle révision de la présence militaire américaine en Allemagne, mettent au premier plan de l'actualité la question que pose Phil Williams : la dissuasion peut-elle être encore effective en cas de diminution substantielle du niveau des forces conventionnelles américaines en Europe ? Cet article est traduit de l'anglais. Son auteur est chargé de cours de « Relations internationales » à l'université d'Aberdeen (Écosse). Lire les premières lignes

  p. 27-44

La restriction des fournitures de pétrole que les États arabes producteurs ont récemment décidée pour faire pression dans le conflit du Proche-Orient fait surgir la question des stocks stratégiques. L'auteur, qui appartient au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), l'a étudiée en ce qui concerne les États-Unis (en ce qui concerne la France, cf. Alain Gayet : « Faut-il une politique de stocks stratégiques ? », RDN d'avril 1973) et note que le pétrole ne figure pas dans la liste des stocks stratégiques américains ; les réserves exploitables outre-Atlantique couvrent la consommation de plusieurs années. La politique de stockage représente une charge pour les États-Unis, mais elle leur confère en contrepartie un moyen d'intervention sur le marché et sur les cours mondiaux de certaines matières premières. À long terme cependant, cette arme peut être retournée par le Tiers-Monde à son profit puisque 75 % des approvisionnements stratégiques américains en proviennent. Lire les premières lignes

  p. 45-52

Sous ce titre, l'auteur, l'un de nos diplomates les plus familiers du Tiers-Monde, entreprend de nuancer et corriger la vision trop brutalement globale qui nous vient des pays sous-développés au travers des statistiques et des idées reçues. Créer des pôles de développement tournés vers l'Occident ne suffit pas pour conduire au progrès – et quel progrès ? – les innombrables communautés qui, précisément, refusent l'Occident. L'écart est moins grand entre nations riches et nations pauvres qu'à l'intérieur des nations pauvres. Lire les premières lignes

  p. 53-62

Le Nigeria, sous un régime militaire et technocratique, paraît avoir retrouvé son équilibre intérieur. Les régions Nord et Est ayant été morcelées, le pouvoir fédéral renforce encore son autorité par une utilisation judicieuse des revenus du pétrole et la mise en place progressive d’un capitalisme d’État. Simultanément, le général Gowon, nouveau président en exercice de l’Organisation de l'unité africaine (OUA), prend la tête d’un mouvement de décolonisation intégrale et pacifique du continent, mouvement qui, dans son esprit, devrait y entraîner des regroupements régionaux mieux équilibrés. L’auteur, spécialiste des problèmes africains, a suivi l’évolution du Nigeria depuis 1945. Il s’est attaché à montrer, à travers les diverses mutations de ce pays, l’originalité de la personnalité nigériane, si différente de celle des États francophones qui l’entourent. Lire les premières lignes

  p. 63-77

L'auteur a fait, à l'automne 1972, un voyage en Chine où il s'est entretenu avec le Premier ministre, Chou Enlai, et avec le vice-ministre des Affaires étrangères, Chiao Kuan-Hua. Il en a révélé une partie dans deux articles publiés par le New York Times Magazine les 11 et 18 mars 1973. Nous reproduisons ici, avec l'aimable autorisation de l'auteur, de larges extraits de son premier article qui a trait essentiellement à l'éventualité d'un conflit sino-soviétique. Selon l'auteur, les Soviétiques ont déjà été tentés d'opérer une castration nucléaire de la Chine et ils ne peuvent indéfiniment reculer devant la question : « Que faire de la Chine ? ». L'auteur parie pour une décision de sagesse : l'accord nucléaire soviéto-américain de juin 1973 semble lui donner raison. À noter, dans le même sens, l'offre faite par M. Brejnev à la Chine, à la même époque, d'un pacte de non-agression. Lire les premières lignes

  p. 79-88

Deuxième puissance mondiale, l'URSS souffre, en dépit de ses richesses actuelles et potentielles, d'un profond déséquilibre dû à sa géographie démographique, économique et des transports. D'ici l'an 2000, les trois quarts de sa population vivront à l'ouest de l'Oural tandis que les 4/5e des réserves d'énergie primaire se situent dans la lointaine Sibérie. L'auteur, familier des problèmes du transport soviétique qu'il a déjà traités à plusieurs reprises dans la RDN, s'attache ici à montrer, non parfois sans l'humour ni le folklore inhérents à un voyage par le Transsibérien, l'importance économique et stratégique de cette artère unique et vitale pour le développement de l'Union soviétique et sa défense de l'Oural à Vladivostok. Lire les premières lignes

  p. 89-102

Il est évidemment trop tôt pour tirer de la nouvelle guerre israélo-arabe — ou plus exactement du quatrième round de cette guerre — les conclusions qu’elle comporte quant à la nature des rapports entre les deux Grands — le « Couple » — des relations des États-Unis avec l’Europe, a fortiori quant à l’évolution de la situation dans la région. Toutefois, un certain nombre d’observations peuvent dès maintenant être faites, sans prétendre en épuiser la liste, ni surtout en tirer des leçons définitives. Lire les premières lignes

  p. 103-109
  p. 111-123
  p. 125-143

Chroniques

En un mois, Israël et les États arabes se sont livrés une nouvelle guerre, le monde a craint un affrontement américano-soviétique, les États-Unis et l’Union soviétique ont imposé leur volonté commune au Conseil de sécurité de l’ONU, les « Casques bleus » sont revenus sur le canal de Suez (d’où Nasser les avait fait retirer en 1967), et certains milieux diplomatiques pensent que ce nouveau conflit pourrait engendrer une situation qui ne serait plus un simple armistice, mais permettrait l’élaboration d’une paix réelle. En un mois se sont ainsi confirmés deux des traits majeurs des rapports internationaux : Lire la suite

  p. 145-152

En dépit des modifications qu’elle a subies depuis un siècle, l’organisation territoriale militaire de la France actuelle remonte à la réforme instaurée par la loi du 24 juillet 1873, inspirée par un souci de décentralisation au profil des Régions militaires. Lire la suite

  p. 153-157

Au début du mois d’octobre 1973, le Congrès a dû se prononcer sur deux amendements en faveur d’une réduction substantielle des forces américaines stationnées outre-mer. Bien que les thèses les plus dures de l’opposition n’aient pas prévalu, les pressions sans cesse croissantes auxquelles les responsables américains de la Défense ont à faire face incitent à examiner successivement les arguments de l’opposition et ceux de l’Administration sur la question de la présence américaine outre-mer qui revêt pour les alliés des États-Unis, et en particulier les Européens, une importance toute particulière. Lire la suite

  p. 158-167

Le Brésil a organisé au mois de septembre à São Paulo son premier Salon international de l’Aéronautique et de l’Espace. Cet événement est considéré comme de première importance pour l’industrie aérospatiale de l’Amérique du Sud. Placé dans un contexte politico-économique marqué par la rivalité Europe–États-Unis en face des immenses possibilités qu’offre le marché de l’Amérique latine en plein développement, le Salon a attiré une centaine de participants venus de la plupart des pays aéronautiques mondiaux. Dans son effort d’expansion et de propagande sur les marchés étrangers, notre industrie aérospatiale avait décidé de participer activement à ce Salon. C’est ainsi que sous l’égide de l’Union syndicale des industries aéronautiques et spatiales (USIAS), une bonne trentaine de firmes françaises exposaient dans un stand de 2 000 m2 nos productions nationales dans les domaines des cellules, des moteurs et des équipements, ou présentaient en vol ou au sol un certain nombre d’appareils tels que le moyen-courrier Airbus A300B, l’avion d’affaires biréacteur Dassault Falcon 10, l’avion de voltige CAP-20, l’hélicoptère SA-341 Gazelle et l’avion de tourisme et d’affaires Rallye 894 MinervaLire la suite

  p. 168-172

France : budget de la Marine pour 1974 Lire la suite

  p. 173-178

Bibliographie

SIPRI : The Problems of Chemical and Biological Warfare. Vol. II : CB Weapons Today  ; Almqvist and Wiksell, Humanities Press, 1973 ; 420 pages - P. B.

Les études que le Stockholm Peace Research Institute (SIPRI) a publiées depuis sa fondation, en 1966, sur les armements et le désarmement, notamment l’ouvrage qu’il édite chaque année sous le titre World Armaments and disarmament SIPRI Yearbook, lui ont acquis une notoriété mondiale et font autorité en raison de leur sérieux et de leur objectivité. Lire la suite

  p. 179-180

Madeleine Barthelemy-Madaule : Marc Sangnier (1873-1950)  ; Éditions du Seuil, 1973 ; 301 pages - André Nolde

L’étude que Madeleine Barthélémy-Madaule vient de consacrer à Marc Sangnier est la première biographie complète du fondateur du Sillon (du moins si on se réfère à la bibliographie qui figure en fin du volume). La recherche historique tient dans cet ouvrage autant de place que la réflexion philosophique et cette approche nous a paru judicieuse pour évoquer la mémoire d’un homme qui a passionnément cherché, sa vie durant, à concilier en politique l’idéologie et l’action. Lire la suite

  p. 180-181

Lord Georges Brown : Mémoires de choc  ; (introduction de Maurice Schumann) Éditions Fayard, 1973 ; 302 pages - Georges Vincent

Les temps passent vite, plus encore en politique qu’en tout autre domaine. Qui songe encore, au moment où l’Europe élargie cherche à préciser son identité, à ces temps difficiles des années 1960 où la Grande-Bretagne piétinait à la porte de l’Europe ? Il faut savoir gré à Lord George Brown de nous donner sur ces années un témoignage direct auquel la grande presse ne semble pas avoir jusqu’ici accordé toute l’attention qu’il mérite. Est-ce par regret du titre un peu tapageur que le traducteur a donné à ces mémoires plus justement intitulés en anglais « In my way » ? Lire la suite

  p. 181-181

Robert Lacour-Gayet : Histoire de l’Australie  ; Éditions Fayard, 1973 ; 558 pages - André Nolde

Dès les premières pages de cet ouvrage, on constate que notre génération – celle, du moins, qui est née au début de ce siècle, mais il doit en être de même des suivantes – ignore presque complètement l’histoire de l’Australie. Et en se reportant à la bibliographie exhaustive placée en fin de volume, on en discerne facilement la principale cause : il n’existe aucun ouvrage d’ensemble en langue française sur le sujet. Tout au plus, sur certaines questions particulières ayant trait à l’économie et à la sociologie, ou encore – le plus souvent – à la zoologie et à la botanique, trouve-t-on des références à des études parues dans des revues françaises spécialisées. Seuls, semble-t-il, les voyages des explorateurs des XVIIe et XVIIIe siècles échappent à cette carence (Bougainville, Dampier, des Brosses…). Mais c’étaient nos grands-parents, plutôt que nous-mêmes (peut-être trop blasés), qui s’intéressaient à ces ouvrages qui sont aujourd’hui, presque tous, introuvables. Lire la suite

  p. 182-182

Maxime Mourin : Reddition sans conditions  ; Éditions Albin Michel, 1973 ; 338 pages - J. De

Sous une jaquette un peu tapageuse se cache une étude probe et sérieuse. De Maxime Mourin, les lecteurs de la RDN ont déjà pu apprécier les articles [NDLR 2020 : notamment celui éponyme], et sans doute ainsi connaissent-ils les trois tomes de son Histoire des nations européennes (Payot, 1962), ouvrage couronné par l’Institut. Dans son dernier livre, l’auteur étudie, à travers l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, le thème de la reddition sans conditions. De cette formule célèbre tombée de la bouche de Roosevelt à la Conférence de Casablanca (janvier 1943), certains ont pu écrire qu’elle avait « échappé » au Président des États-Unis, sous le coup d’une impulsion subite, sans qu’il en ait entrevu pleinement les conséquences dramatiques. Lire la suite

  p. 182-183

Anthony Sampson : Radioscopie de l’Angleterre  ; (traduit par Jean Bailhache et Jean Brethes) Éditions du Seuil, 1973 ; 493 pages - André Nolde

Le titre de l’édition française de cet ouvrage (bien que différent du titre original : New Anatomy of Britain) est très bien choisi, parce qu’il suggère non seulement un examen en état de fonctionnement de l’organisme du patient, mais également un diagnostic – but de cet examen. Le livre d’Anthony Sampson contient l’un et l’autre, et c’est ce qui le rend si vivant : une leçon d’anatomie, bien que plus précise et plus scientifique, aurait sans doute nécessité quelqu’un de plus averti qu’un journaliste, et aurait risqué d’être ennuyeuse. Lire la suite

  p. 183-184

Jean-Armand Mathiot : Ce qu’un dirigeant doit savoir de l’informatique  ; Éditions Eyrolles, 1973 ; 124 pages - Georges Vincent

Encore un ouvrage d’information ! dira-t-on. Sans prétendre à une originalité particulière, qui paraît au demeurant peu concevable dans le domaine technique évoqué, ce petit ouvrage a été écrit pour condenser en quelques pages ce que « l’honnête homme » à un certain niveau de la hiérarchie doit connaître, du Hardware et du Software bien entendu, mais aussi – et surtout – des perspectives et des contraintes d’emploi de cette technique si enthousiasmante. L’auteur a bâti son ouvrage à partir des conférences de familiarisation dispensées au cours des « stages OMI » au niveau du ministère des Armées. Ces conférences généralement bien accueillies ont permis, entre autres, de dégager à partir des préoccupations manifestées par les stagiaires (à travers les questions posées) les pôles d’intérêt des auditeurs. Lire la suite

  p. 184-184

Revue Défense Nationale - Décembre 1973 - n° 328

Revue Défense Nationale - Décembre 1973 - n° 328

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Décembre 1973 - n° 328

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