Juin 1978 - n° 378

Conférence prononcée par le général Méry, Chef d'État-major des armées à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et au Centre des hautes études de l'armement (3 avril 1978). Lire la suite

  p. 17-42

Si l'accord SALT II dont la signature interviendra sans doute prochainement ne modifie pas l'équilibre nucléaire global des deux Grands, il ne manquera pas cependant d'affecter les niveaux stratégiques inférieurs, ceux qui précisément concernent l'Europe, et l'on peut se demander s'il n'affaiblira pas encore la crédibilité d'une riposte nucléaire américaine déjà en question. Les Européens, et notamment les Allemands, redoutent que certaines des dispositions qui seraient inscrites dans SALT II – en particulier la limitation de portée des missiles de croisière mer-sol et sol-sol – ne constituent des concessions dangereuses faites par les Américains dans un domaine où les Alliés auraient souhaité qu'ils se montrent fermes, celui des systèmes avancés, domaine dans lequel les Soviétiques n 'ont cessé de se renforcer et où la dissymétrie géographique loue en leur faveur et au détriment de l'Europe. Lire les premières lignes

  p. 43-56

La réunion de Belgrade devait examiner les résultats pratiques des recommandations inscrites dans l'Acte final de la Conférence d'Helsinki. Après l'exploitation faite par les « dissidents » notamment soviétiques et tchèques de ces recommandations, les déclarations occidentales concernant le viol des droits de l'homme à l'Est et les réactions très vives des Soviétiques à ce sujet, il ne fallait guère s'attendre à ce qu'un temps serein régnât sur la réunion de Belgrade. L'auteur fait le bilan de cette réunion – bilan qui n'est d'ailleurs pas négligeable – et commente le document final auquel elle a donné lieu. Il donne ensuite un aperçu des buts des nouvelles rencontres décidées à Belgrade : soit réunions d'experts à Bonn (1978), Montreux (1978) et La Valette (1979), soit réunion de même type que celle de Belgrade à Madrid en 1980. Le dialogue essentiel au maintien de la détente se poursuit, et c'est là le résultat le plus sûr de Belgrade. Lire les premières lignes

  p. 57-72

L'auteur nous rappelle que, pour importantes que soient les idéologies, elles ne sauraient cependant faire oublier la part déterminante prise par certains hommes d'État sur l'infléchissement du cours de l'histoire. C'est ainsi qu'il y aura trente ans, un homme, le maréchal Tito, eut le courage de braver Staline. Cet événement affecta une histoire qui paraissait devoir respecter une implacable logique, et il développa des conséquences dont on mesure encore aujourd'hui les effets. Cette rupture s'inscrivit dans les grandes tensions des débuts de la, guerre froide, elle eut des répercussions directes sur la stratégie soviétique, elle permet à certains de penser que Tito fut le précurseur de l'eurocommunisme. À ce titre, elle mérite une double attention : d'une part, elle permet de mieux comprendre une phase particulièrement importante de l'histoire du monde issu de la Seconde Guerre mondiale, d'autre part, elle se projette sur l'histoire présente.  Lire les premières lignes

  p. 73-84

L'auteur, de retour d'un séjour en Algérie, nous donne ici un aperçu des conditions dans lesquelles s'est effectué le développement de ce pays depuis son indépendance et les buts que poursuit l'Algérie dans sa marche vers une « Démocratie socialiste véritable ».

  p. 85-97

Pendant longtemps les visées du Brésil n'ont guère dépassé le cadre américano-latin. Aujourd'hui, ayant pris conscience de la force que lui confère un potentiel économique et démographique en plein essor, il s'assigne des objectifs plus ambitieux et se pose en puissance mondiale étendant son action en direction du Tiers-Monde et de l'Afrique noire notamment où certaines affinités lusophones jouent en sa faveur. Il suit en cela une politique très réaliste qui ne s'embarrasse guère de considérations idéologiques et qui accorde la priorité à une stratégie du développement plutôt qu'à une sécurité que rien ne semble menacer. Il ne néglige pas pour autant une politique très entreprenante en direction des pays du Rio de la Plata et des États situés à la périphérie du bassin amazonien auxquels il propose un pacte de coopération.

  p. 99-112

Il est commun de constater que politique extérieure et politique intérieure interfèrent. On a également relevé que cette interférence est plus manifeste dans les régions démocratiques caractérisées par un débat contradictoire public entre partis et personnalités que dans les régimes à parti unique, encore qu’elle y existe probablement aussi sous une forme différente. Lire les premières lignes

  p. 113-118

Après « l'arme du pétrole » verra-t-on celle du cacao ou du cuivre ? La même manœuvre qui a réussi aux États arabes pétroliers après 1973 est-elle à la portée de certains pays en voie de développement producteurs de matières premières importées par le monde industriel ? L'auteur définit six critères auxquels doit satisfaire une cartellisation efficace portant sur de telles matières et il étudie la situation qui pourrait en résulter si elle était appliquée sur l'un ou l'autre des trois domaines : matières premières minières, produits agricoles alimentaires, et enfin matières premières agricoles. Une nouvelle organisation du commerce mondial s'impose pour éviter une guerre économique dont en définitive personne ne sortirait vainqueur. Lire les premières lignes

  p. 119-128

On appelle missile de croisière (en anglais cruise-missile) un engin sans pilote dont la sustentation est assurée par des surfaces aérodynamiques, propulsé de façon continue par un moteur aérobie, navigant de manière autonome, capable de transporter à grande distance et de façon précise des charges nucléaires de faible puissance.

  p. 129-142

Chroniques

L’enlèvement de M. Aldo Moro aurait pu être le thème d’une tragédie classique : la raison d’État et les raisons du cœur se sont avérées inconciliables. Il a été l’illustration du caractère irréversible que prennent certains antagonismes dans un monde malade des excès de la passion idéologique. Il est vrai que notre temps est caractérisé par la conjonction du « fait nucléaire » et du « fait idéologique ». La limitation de certains conflits s’explique par le recul devant les conséquences du recours aux armes nucléaires, les guerres révolutionnaires peuvent être considérées comme une alternative à la guerre menée avec les engins les plus modernes. Lire les premières lignes

  p. 143-146

À l’issue de son séjour en Grande-Bretagne, M. Harold Brown a tenu à Londres une Conférence de presse, apportant notamment quelques précisions sur les principaux problèmes suivants : Lire les premières lignes

  p. 147-150

Engage-t-on l’adversaire à plus de retenue en choisissant soi-même la modération ? C’est apparemment l’avis du président Carter et la justification qu’il veut donner à sa décision de surseoir à la fabrication de la bombe à neutrons. Pour les États-Unis, ce choix est d’autant moins grave qu’il n’affecte pas la sécurité de leur propre territoire. Il n’en va pas tout à fait de même pour les alliés européens de Washington et certains d’entre eux espèrent que le chef de la Maison-Blanche modifiera son attitude. La chose n’est guère probable pour l’instant, et s’il devait en être ainsi nul doute que le Kremlin accuserait alors le président Carter d’agressivité après l’avoir soupçonné de duplicité. Lire les premières lignes

  p. 151-154

La décision du président Carter (Le Monde, 8 avril) d’ajourner la fabrication de la « bombe à neutrons » et l’annonce (France Soir, 20 avril) d’un essai nucléaire en rapport avec ce type d’arme, ont relancé la polémique à son sujet. La France a-t-elle intérêt à s’en doter ? Avant de répondre à cette question, essayons de cerner les répercussions prévisibles de l’introduction dans l’arsenal nucléaire de ce que les Américains ont appelé « l’arme à radiations renforcées » (Enhanced Radiation Weapon : ERW). Lire les premières lignes

  p. 155-159

Les mesures fondamentales de réorganisation des forces terrestres en 1978 concernent pour l’essentiel les formations du 2e Corps d’armée (CA) stationnées en Allemagne. Notre chronique en a présenté les grandes lignes dans la livraison du mois de janvier 1978 (voir carte ci-dessous). Lire la suite

  p. 160-162

Dans l’ensemble des missions qui reviennent à l’Armée de l’air, l’appui aérien constitue sans doute l’une des plus exigeantes. Lire les premières lignes

  p. 163-166

L’activité de la marine soviétique a été, en 1977 comme durant l’année précédente, inégale et dans son ensemble relativement modeste eu égard au volume de la flotte. Il n’y a pas eu de démonstration de puissance comme cela avait été le cas en juin 1976 à l’occasion de la crise du Liban, mais les observateurs ont relevé une tendance à s’évader de la routine et des schémas traditionnels. La marine soviétique s’améliore, lentement peut-être, mais sûrement. Cette relative absence d’activité que l’on observe depuis la guerre israélo-arabe d’octobre 1973 a sans doute pour cause, outre les problèmes habituels de personnel et l’insuffisance de la flotte logistique, la nécessité de ménager le matériel. Construits massivement il y a quelques années, beaucoup de navires et presque tous en même temps, ont besoin d’une remise en état et d’une mise à jour de leurs équipements. Priorité, semble-t-il, a été donnée aux réparations et cela s’est traduit par la constatation d’un ralentissement dans le rythme des constructions neuves de surface. Les Soviétiques y déploient en permanence une flotte d’une douzaine de bâtiments de combat de surface dont 5 à 6 lance-missiles et d’une dizaine de sous-marins soutenus par un peu plus de 20 navires auxiliaires ou spéciaux. Cette force a été légèrement inférieure à celle de 1976 mais sa capacité offensive s’est accrue par le déploiement de navires plus modernes et mieux armés. Les sorties ont été peu nombreuses et, comme les années précédentes, les navires de l’Eskadra sont demeurés la plupart du temps dans leurs mouillages habituels d’Hammamet, de Cythère et de Sollum, toujours, bien entendu, à la limite des eaux territoriales. Hammamet, assez bien protégé des vents dominants, est devenu le principal point de ravitaillement et de menu entretien des sous-marins ; un ou deux bâtiments-ateliers y sont mouillés en permanence. Sollum est le lieu de stationnement normal des grands navires de combat. À la fin de l’année, le porte-avions Kiev, venant de la flotte du Nord, a transité en Méditerranée pour gagner la mer Noire. Durant son séjour dans le théâtre, il a effectué divers exercices d’aviation avant de franchir, le 7 février 1978 les détroits à destination de Sébastopol (le Kiev est à nouveau dans la flotte de l’Arctique). Lire la suite

  p. 167-172

Comme dans plusieurs autres domaines, la politique des États-Unis à l’égard du continent africain et plus particulièrement de l’Afrique australe manque de netteté. C’est peut-être la raison pour laquelle elle ne rencontre pas grand succès : les pays dits « modérés » n’oublient pas que l’attitude américaine lors de la crise angolaise les a contraints à abandonner le gouvernement de Luanda à un parti qui ne peut se maintenir au pouvoir sans le concours d’une aide étrangère ; quant aux « progressistes », les tâtonnements de Washington les servent dans la mesure où ils paralysent leurs adversaires mais ils restent convaincus que la puissance américaine ne cherche qu’à les désunir : ils demeurent donc dans l’expectative en espérant que leur réserve provoquera de nouvelles concessions. Lire les premières lignes

  p. 173-179

* Aucun pays ne peut désarmer tout seul sans s’exposer à la domination des autres. C’est pourquoi nous sommes partisans d’une politique globale de désarmement. L’originalité, c’est que la France était absente du débat sur le désarmement et qu’elle va y jouer un rôle actif. Je crois pouvoir dire que c’est sans doute le pays qui y jouera tout compte fait le rôle le plus actif et qui présentera les propositions les plus précises et les plus organisées en vue de la limitation ou de la réduction des armements. Lire la suite

  p. 180-181

Bibliographie

SIPRI : World Armaments and Disarmament  ; Taylor and Francis Ltd, 1978 ; 518 pages - P. I.

Placé sous la direction du Dr Frank Barnaby (Royaume-Uni), le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) est un organisme indépendant qui se consacre à la recherche sur les problèmes du désarmement. L’Institut est financièrement soutenu par le Parlement suédois. Son état-major, son bureau directeur et son conseil scientifique font appel à la collaboration de chercheurs de nationalités diverses : son bureau directeur compte deux Suédois, un Britannique, un Norvégien, un Tchécoslovaque, un Hollandais. Lire la suite

  p. 182-183

Association allemande de politique étrangère : Sicherheispolitik vor neuen Aufgaben  ; Éditions Karl Kaiser et Karl Markus Kreis, 1977 ; 447 pages - W. S.

Ce recueil de textes de dix auteurs, de formations très diverses, fait de nouveau regretter la relative pauvreté des moyens de la recherche universitaire française dans le domaine de la défense. Ainsi, ce véritable manuel est le troisième de la série publiée par l’Institut de recherches de l’Association de politique étrangère ouest-allemande en l’espace de trois ans. Le présent ouvrage, fruit d’un travail interdisciplinaire auquel ont participé des militaires (d’active et en retraite), des juristes, des pédagogues, des journalistes et des économistes, se propose d’examiner les changements intervenus, depuis le début des années 70, dans le domaine de la « politique de sécurité ». Lire la suite

  p. 183-184

Charles Ardant du Picq : Études sur le combat. Combat antique et combat moderne  ; Éditions du Champ Libre, 1978 ; 248 pages - Georges Vincent

Il faut dénoncer avec vigueur les abus commis au nom de la notion de dissuasion : beaucoup emploient ce terme comme si la finalité qu’il indique avait déjà rempli son objet. En prononçant le mot magique « dissuasion » ils s’imaginent avoir exorcisé la guerre. De là à dire que la défense aujourd’hui n’a plus rien à faire du courage et des vertus morales qu’exigeait le combat de jadis, puisqu’on tient pour certain qu’on n’aura plus à le livrer, il n’y a qu’un pas trop souvent franchi – sans même parfois qu’on s’en rende compte. Lire la suite

  p. 184-185

Jacques Baguenard : L’univers politique  ; Puf, 1978 ; 208 pages - André Nolde

Ce petit ouvrage, paru à la veille des élections de mars 1978, pouvait être interprété à l’époque, comme une sorte de mise en garde des électeurs quant aux buts réels poursuivis par les hommes et les partis qui sollicitaient leurs suffrages. Il dépassait cependant de beaucoup ce simple propos conjoncturel. Lire la suite

  p. 185-185

Alfred Groser et Henri Menudier : La vie politique en Allemagne fédérale  ; Éditions Armand Colin, 1977 ; 304 pages - P. I.

En raison d’un certain passé encore proche et du potentiel économique et militaire qu’elle représente au sein de l’Europe, la République fédérale d’Allemagne (RFA) ne peut laisser indifférent. Lire la suite

  p. 186-186

Raymond Muelle : Le 1er Bataillon de Choc  ; Éditions des Presses de la Cité, 1977 ; 240 pages - J.-P. G.

Dans ce livre au style alerte, l’auteur, lycéen en 1940, aspirant en 1943, qui rallia en fraude le Bataillon de Choc, relate la création et l’utilisation de cette célèbre unité dans les combats de la deuxième guerre mondiale. Lire la suite

  p. 186-187

Paul Mus : L’Angle de l’Asie  ; Éditions Hermann, 1977 ; 269 pages - J. M.

Paul Mus, bien préparé par sa formation de philosophe, de sociologue et d’orientaliste, fut un témoin et un « érudit engagé » dans les événements indochinois pendant et après la deuxième guerre mondiale. L’ouvrage qui nous est proposé aujourd’hui est un recueil de textes qu’on ne peut éviter de rapprocher de son œuvre politique Vietnam, sociologie d’une guerre (Seuil). Lire la suite

  p. 187-188

Andranik Melkonovitch Petrossiants : Problème actuels des sciences et techniques nucléaires en URSS  ; La Documentation française, 1978 ; 586 pages - P. I.

Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) vient de publier Problèmes actuels des sciences et techniques nucléaires en URSS, traduction de la 3e édition en russe de l’ouvrage de M. A.-M. Petrossiants, président du Comité d’État de l’URSS pour l’utilisation de l’énergie atomique. Cet ouvrage est diffusé par la Documentation Française. Lire la suite

  p. 188-188

Ouvrages reçus

Henri Lepage : Autogestion et capitalisme. Réponses à l'anti-économie ; Éditions Masson, 1978 ; 360 pages Lire la suite

  p. 188-188

Revue Défense Nationale - Juin 1978 - n° 378

Revue Défense Nationale - Juin 1978 - n° 378

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Juin 1978 - n° 378

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