Mars 1980 - n° 397

Les nouvelles armes économiques

Le 12 décembre dernier, le Comité d’études de défense nationale (CEDN), dont la revue « Défense Nationale » est le principal moyen d’expression, a tenu une réunion-débat sur le sujet : « Les nouvelles armes économiques » Lire la suite

  p. 7-8

J’ai peur et je ne vois pas comment le monde évitera des affrontements décisifs dans les trois ou quatre ans qui viennent. Non pas que, comme en 14-18 ou en 39-40, il y ait des pays qui veuillent expressément la guerre, mais parce que les occasions d’affrontements locaux sont multiples, le monde ayant perdu ses systèmes de régulation. Je ne ferai que les énumérer : système monétaire (il ne fonctionne plus comme il a fonctionné) ; l’équilibre de la terreur (un jour nous pleurerons sans doute le temps pendant lequel nous en avons bénéficié) ; la croissance elle-même qui apparaissait bénéfique à tous par sa dynamique, par l’entraînement qu’elle provoquait, par le fait que les uns s’enrichissaient sans doute plus lentement que les autres, mais s’enrichissaient tout de même ; elle est aujourd’hui compromise. Lire les premières lignes

  p. 9-14
  p. 15-22
  p. 23-36

• Les problèmes de l’énergie et de l’alimentation ne sont pas totalement indépendants. Une relation serait à établir. Il n’est pas sûr, en particulier, qu’il n’y aurait pas de problème d’approvisionnement s’il n’y avait pas de difficulté de transport. De toute façon, pour ravitailler ceux qui ont encore faim, il faut augmenter considérablement la production, ce qui nécessite plus de terres, plus de main-d’œuvre, plus d’équipement. S’il existe des possibilités aux États-Unis, les capacités européennes sont très largement utilisées. Les capacités mondiales ne sont donc peut-être pas à la mesure du défi de la faim dans le monde. Actuellement, les animaux consomment énormément de céréales, et c’est là qu’est le problème. Lire la suite

  p. 37-50

Depuis notre débat qui – rappelons-le – s’est déroulé le 12 décembre, l’affaire des otages américains de Téhéran et l’invasion de l’Afghanistan par les armées soviétiques ont entraîné la mise en place, et même un début d’emploi effectif, des trois « armes économiques » que nous avions examinées au cours de cette réunion. Lire la suite

  p. 51-53

Repères - Opinions - Débats

La chose la plus impardonnable à la guerre est de se laisser surprendre. Transposant à l'étude de la stratégie mondiale les leçons du combat et son expérience de soldat, l'auteur nous demande instamment d'éviter d'être surpris dans ce domaine en retournant aux sources de l'Histoire et en retenant les constantes de la Géographie. C'est ce que fait l'Union soviétique qui mène patiemment son action à travers le monde pour réaliser ses ambitions telles que ses grands oracles les ont toujours annoncées. Mais elle utilisera aussi les enseignements que l'on peut tirer des événements les plus récents, car elle sait s'adapter constamment à la réalité. On peut donc prévoir ce qu'elle va faire et agir en conséquence pour ne pas, une fois de plus, être surpris.

  p. 55-61

Il est encore trop tôt pour se risquer à une analyse approfondie de la situation nouvelle créée en Asie centrale par l'intervention militaire soviétique en Afghanistan. La diversité des commentaires faits, ici ou là, pour interpréter cette décision du Kremlin, témoigne de la difficulté d'apprécier exactement les motifs et la portée de cet engagement massif de l'Armée rouge au-delà des frontières de l'Union soviétique. Mais pour mieux comprendre les implications locales et régionales d'un tel coup de force, il n'est pas inutile d'être éclairé sur l'Afghanistan d'aujourd'hui, qui sert de toile de fond à ce que d'aucuns considèrent comme le signal d'une reprise de l'affrontement entre l'Est et l'Ouest. Lire les premières lignes

  p. 63-76

L'activité manifestée par le nouveau gouvernement conservateur en matière de politique étrangère, autant que l'héritage d'espoirs ou de rêves voyant dans l'entente entre la France et la Grande-Bretagne le pivot d'une future défense autonome de l'Europe, incitent à faire le point sur les conceptions officielles et les termes du débat politique britannique concernant les questions de défense. Une équipe composée de Jean-François Bureau, Dominique David et Jean Paucot, présente ici le premier volet d'une étude réalisée dans le cadre du Centre d’études politiques de défense (Cépode) dirigé par Pierre Dabezies. Cette première partie analyse les conceptions fondamentales et les principales décisions prises au cours des premiers mois du nouveau gouvernement. Un deuxième article s'attachera aux termes du débat politique britannique.

  p. 77-90
  p. 91-96

L'auteur vient de quitter les fonctions de directeur et conseiller des Affaires économiques au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN). Pendant un certain nombre d'années il a vécu au cœur des problèmes économiques dans la mesure où ils sont liés à la politique française de défense. C'est donc beaucoup plus en praticien qu'il nous parle qu'en théoricien. Il démonte ainsi un certain nombre de mécanismes qui existent. Il en vient à se poser la question de savoir si l'expression de « défense économique » est correcte et justifiée. Mais par delà les institutions dont il fait la critique, il fait apparaître les menaces et les défis qui amènent à rechercher une « moindre dépendance », pour que le gouvernement puisse préserver sa liberté politique de décision. C'est bien l'un des objectifs de la Défense, entendue au sens le plus large.

  p. 97-110

La filière des réacteurs à neutrons rapides est celle qui en France a donné successivement le jour aux surgénérateurs Rapsodie, Phénix et maintenant Super Phénix en cours de construction à Creys-Malleville. On sait quelles passions cette centrale a soulevées. L'auteur nous décrit ce qui se cache derrière cette terminologie scientifique et les noms conventionnels qui ont marqué les étapes du programme. Cet article prépare ainsi un texte qui sera publié ultérieurement sur les problèmes de prolifération des armes nucléaires que ce genre de réacteur peut entraîner.

  p. 111-123

Chroniques

L’intervention de l’Union soviétique en Afghanistan a eu des conséquences qui ont remis en cause l’équilibre établi depuis qu’au lendemain de la crise de Cuba de l’autonome 1962 la coexistence pacifique avait succédé à la guerre froide. Depuis plusieurs mois on s’inquiétait, en Occident, devant la supériorité des forces du Pacte de Varsovie par rapport à celles de l’Otan, comme du fait que le potentiel de l’armée soviétique (offensif à 70 %) dépassait très largement les besoins défensifs de l’URSS. On s’inquiétait aussi devant des opérations qui, soit directement, soit par Cubains interposés (et encadrés par des officiers de l’armée est-allemande) visaient à la déstabilisation de l’Afrique. Lire les premières lignes

  p. 125-129

Le 9 octobre 1978, peu après la levée de l’embargo américain sur les fournitures de matériels de guerre à destination de la Turquie, Américains et Turcs signaient un accord intérimaire et partiel ayant pour objet la réouverture de quatre importantes bases américaines en territoire turc : Sinop, Pirinclik, Belbasi et Kargaburun. Ces bases observent et enregistrent les activités des forces soviétiques dans cette partie du monde. Elles sont notamment à l’écoute du Centre spatial de Leninsk, du polygone d’essais nucléaires de Semipalatinsk et du site de lancement de missiles de Kaputsin Yar (cf. numéro de novembre 1978). Lire les premières lignes

  p. 130-134

Venant après l’humiliation subie par les États-Unis en Iran, l’intervention soviétique en Afghanistan a particulièrement irrité l’Amérique. La Maison-Blanche n’a pas tardé à prendre des mesures de rétorsion, souhaitant qu’elles soient adoptées aussi par les pays européens : le temps n’était plus où Henry Kissinger ne concédait à l’Europe que des responsabilités régionales ! Devant l’ampleur des réactions ainsi suscitées, l’Union soviétique (URSS) ne paraissait pas effarouchée outre mesure mais d’aucuns en Occident affirmaient bien haut qu’elle avait commis une erreur car elle avait réveillé l’opinion américaine. Lire les premières lignes

  p. 135-138

• Le journal du Royal United Services Institute for Defence Studies, le RUSI, publie dans son numéro de décembre, sous le titre « Limits upon Soviet Military Power », un article du docteur Keith A. Dunn, du Strategic Studies Institute de l’US Army War College qui, pour une fois, met en valeur non la supériorité soviétique dans le domaine des armements conventionnels, mais les faiblesses et les vulnérabilités des forces armées de l’URSS. Lire les premières lignes

  p. 139-143

Il faut de cinq à dix ans pour concevoir et développer un système d’armes et la durée de vie moyenne d’un tel système est d’au moins vingt ans, c’est dire que les armes qui seront inscrites à la loi de programmation appelée à succéder en 1983 à celle actuellement en vigueur seront celles de l’an 2000. Lire les premières lignes

  p. 144-148

L’AMX-10 RC (Roues-Canon) va progressivement remplacer l’Engin blindé de reconnaissance (EBR) de Panhard qui équipait depuis de nombreuses années les régiments de reconnaissance de l’arme blindée cavalerie. Le premier a été remis officiellement, le 20 décembre 1979, au 2e Régiment de Hussards de Sourdun, près de Provins, au cours d’une cérémonie présidée par le ministre de la Défense qui était accompagné du Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat). Lire les premières lignes

  p. 149-152

Avec le lancement réussi du lanceur Ariane, l’année 1979 s’est terminée en beauté pour l’aéronautique française, une année que tous les éditorialistes spécialisés s’accordent à reconnaître comme exceptionnelle. Rarement autant de succès n’ont été, en effet, enregistrés en aussi peu de temps par notre industrie aérospatiale, que ce soit sur le plan technique ou sur le plan commercial. Pour moins noble qu’il paraisse à certains, ce dernier aspect n’en est pas moins capital, puisque sans débouché économique, les plus belles prouesses techniques ne serviraient à rien. Lire les premières lignes

  p. 153-156

La frégate Willem van der Zaan, douzième et dernière frégate ASM (anti-sous-marine) type Kortenaer de la Marine royale néerlandaise, a été mise en chantier le 15 janvier dernier aux chantiers De Schelde à Flessingue. Son admission au service actif interviendra en 1984 (essais en 1983). Sur ces 12 frégates, 2, le Kortenaer et le Callenburgh, sont en service, une en essais et les 9 autres à divers stades de construction. Ces bâtiments de 3 750 tpc (tonnes pleine charge) et 30 nœuds sont propulsés par turbines à gaz de vitesse et de croisière. Leur armement comprend 8 missiles anti-surface américains du type Harpoon, 1 système surface-air à courte portée RIM-7 Sea Sparrow, 1/76 CA, 4 catapultes pour le lancement de torpilles ASM et 2 hélicoptères ASM Westland WG-13 Lynx. 6 frégates très voisines (elles en diffèrent par le système de propulsion) sont en construction en RFA (République fédérale d’Allemagne) pour le compte de la Bundesmarine. La première, baptisée Bremen, a été mise à l’eau en été 1979. Lire les premières lignes

  p. 157-162

Pour la première fois depuis l’indépendance de ses États, l’Afrique est appelée à prendre position sur une affaire qui ne la concerne pas directement, dans une crise dont elle n’est pas l’enjeu mais qui atteint de plein fouet l’équilibre diplomatique existant. Certes, elle a souvent été invitée à se prononcer au sein d’organismes internationaux comme l’Assemblée générale de l’ONU ou la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), mais en la circonstance elle était partie prenante et agissait le plus souvent en tant que membre du mouvement des pays non-alignés ou en qualité de continent en voie de développement. Elle n’avait donc pas à prendre des dispositions qui lui soient propres. Avec des nuances plus ou moins accentuées, elle conformait son attitude à celle de l’ensemble des pays se trouvant dans la même situation qu’elle. On va d’ailleurs retrouver dans l’affaire afghane de pareils gestes de solidarité lorsque la situation sera examinée sous un angle très particulier à la conférence d’Islamabad : les pays africains musulmans réagiront en fonction de leur appartenance à l’Islam. Lire les premières lignes

  p. 163-170

* La France doit conduire une action pour la paix. Cela n’exclut pas la loyauté envers les alliances, ni la fermeté dans nos positions. C’est ce que nous avons prouvé par nos interventions en Afrique lorsque certains pays de ce continent étaient menacés de déstabilisation. Nous devons rechercher patiemment, avec réalisme, sans illusions, ce qui peut être fait pour atténuer la tension internationale. Lire la suite

  p. 171-172

Bibliographie

Tsien Tche-Hao : L’Empire du Milieu retrouvé  ; Éditions Flammarion, 1979 ; 454 pages - André Nolde

De tous les livres qui, au cours des dernières années, chacun à sa manière, ont voulu « raconter » la République populaire de Chine (RPC) aux Occidentaux, aucun se révélera sans doute plus utile au grand public comme aux spécialistes, que celui de Tsien Tche-Hao. Son enquête porte en effet sur tous les aspects de la réalité chinoise, sans en négliger ni en privilégier, aucun. Il ne se contente pas d’observer cette réalité et de la décrire, mais il en explique le pourquoi et le comment par référence aux événements et aux idées qui l’ont façonnée. Il analyse enfin les textes constitutionnels, législatifs ou réglementaires qui lui servent d’assises. En bref, il dresse un bilan complet de ce qu’est devenu l’empire du milieu, 30 ans après la mutation « maoïenne ». Lire la suite

  p. 173-173

François Bedarida : La stratégie secrète de la drôle de guerre  ; Éditions du CNRS, 1979 ; 570 pages - André Nolde

Jamais la célèbre antiphrase de Roland Dorgelès, si vite intégrée dans le langage populaire, n’aura été plus dramatiquement illustrée qu’à travers le récit, que nous livre aujourd’hui M. Bedarida, des 9 réunions du Conseil suprême interallié tenues de septembre 1939 à avril 1940. Lire la suite

  p. 174-174

SIPRI : Postures for Non-Proliferation  ; Taylor et Francis Ltd, 1979 ; 165 pages - Armand Boussarie

Officiellement anonyme, comme l’ensemble des publications de l’Institut de recherche pour la paix internationale de Stockholm (le SIPRI), celle-ci a cependant une rédactrice unique : le Dr Schoettle, visiting scholar au SIPRI, puis attachée à des organisations réputées pour se consacrer sérieusement aux problèmes internationaux. Un tel background garantit à l’ouvrage crédibilité dans le choix des références et objectivité dans l’exposé des doctrines. Mais ce dernier se révèle aussi comme un habile plaidoyer, sous forme de démonstration analytique, en faveur de l’une des thèses retenues. Cette prise de parti au nom de l’idéal de paix qui inspire l’action de l’Institut en rend la lecture moins sereine que s’il eût été rigoureusement neutre. Lire la suite

  p. 175-176

Gilles Ghouraqui :   La mer confisquée. Un nouvel ordre océanique favorable aux riches ?  ; Éditions du Seuil, 1979 ; 263 pages - Armand Boussarie

Après avoir rapidement posé les problèmes politiques et économiques internationaux engendrés par les possibilités actuelles et celles attendues ou prévisibles d’exploitation des ressources de la mer, fait l’historique des conférences, accords ou traités internationaux qui leur ont été consacrés depuis le début du siècle, évoqué les conflits susceptibles d’être provoqués à moyen comme à long terme par leur non-résolution. La mer confisquée propose à l’usage des pays industrialisés de moyenne puissance la substance d’une politique de la mer conciliant leurs intérêts nationaux et ceux des pays du Tiers-Monde, seule capable de rapprocher le Nord et le Sud. Lire la suite

  p. 176-177

Le premier ouvrage est l’adaptation d’une édition en langue anglaise publiée à Londres sous le titre The Illustrated Encyclopedia of the World’s Rockets and Missiles (Salamanda Books). Le sujet est d’une actualité brûlante après les accords SALT II entre États-Unis et Union soviétique, et le problème de leur ratification par le Congrès américain. Le mérite de l’auteur est d’essayer de faire le point dans un domaine où il est extrêmement difficile d’être renseigné avec précision, en raison du secret militaire, surtout du côté soviétique. Lire la suite

  p. 177-178

Walter Laqueur : Le Terrorisme  ; Puf, 1979 ; 294 pages - Georges Bouteiller (de)

L’existence des armes nucléaires a mis la partie la plus développée de la planète à l’abri de la guerre – du moins le croit-on – mais pas du terrorisme. Un sujet d’actualité. L’une des questions les plus controversées de notre temps. Peut-on en faire une étude systématique ? Y a-t-il une doctrine du terrorisme ? Quelle est son efficacité ? Lire la suite

  p. 178-178

Revue Défense Nationale - Mars 1980 - n° 397

Revue Défense Nationale - Mars 1980 - n° 397

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mars 1980 - n° 397

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