Octobre 1983 - n° 436

Le Fil de l'Epée

Le 19 mai 1983 à l’École militaire, une journée a été consacrée au Fil de l’Épée. Il s’agissait d’examiner au cours de ce colloque, organisé à l’initiative de M. Charles Hernu, ministre de la Défense, de quelle manière sont ressenties dans le temps présent les idées exprimées il y a une cinquantaine d’années par le commandant Charles de Gaulle. Lire la suite

  p. 9-12

L’homme blanchi par l’âge, l’officier qui entrait à St-Cyr dans l’année même que paraissait Le Fil de l’Épée ne peut porter sur l’actualité de cet ouvrage, sur sa nécessité, sur l’air du temps où baigna sa naissance, le même regard que celui des jeunes hommes d’aujourd’hui dont on leur dit qu’il aurait dû être le livre de référence de leur père. Il demeure que c’est la lecture contemporaine qui prime, celle que sous-tend une page de l’histoire de France encore frémissante d’ambiguïtés. Lire les premières lignes

  p. 13-20

Comme le précédent, le chapitre « Du Caractère » prend sa source dans la réflexion de Charles de Gaulle pendant la Première Guerre mondiale et les quelques années qui suivirent. Dans les oflags d’où de 1916 à 1918, il tentera cinq fois de s’évader, il lit beaucoup. Il y prononce une conférence sur la « direction supérieure de la guerre » où il dit déjà : « inspirer confiance en soi-même développe le caractère et par suite l’esprit de décision ». Il n’est alors que capitaine… Lire les premières lignes

  p. 21-26

Les membres de la commission que j’ai eu l’honneur de présider ont été unanimes à voir dans « Du prestige », comme d’ailleurs dans le livre entier, non seulement un autoportrait de de Gaulle, mais l’aboutissement d’une longue réflexion sur la dynamique de son destin. Cette réflexion l’est aussi sur le chef, qu’il soit politique ou militaire : très exactement d’un homme dont la vocation singulière est l’autorité au service de la grandeur. « Car, en dernier ressort, c’est là qu’on doit en venir », écrit de Gaulle à la dernière page du Fil de l’Épée ; on ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu ». Nous aurons à revenir sur cette phrase. Lire les premières lignes

  p. 27-31

Le quatrième chapitre du Fil de l’Épée est consacré à la doctrine d’emploi des moyens militaires. Avant même de convier son lecteur au survol des grands champs de bataille de l’histoire, l’auteur récuse toute « doctrine a priori » et exalte la « doctrine des circonstances » : à l’esprit français qui « s’efforce sans cesse de construire une doctrine qui lui permette a priori d’orienter l’action et d’en concevoir la forme sans tenir compte des circonstances », il oppose le chef qui s’applique à « apprécier les circonstances dans chaque cas particulier », car, « les principes qui régissent l’emploi des moyens… n’ont de valeur… que par la façon dont ils sont adaptés aux circonstances ». Charles de Gaulle conclut en exprimant le souhait que la pensée militaire française « résiste à l’attrait séculaire de l’a priori, de l’absolu et du dogmatisme » et se laisse inspirer par « le goût du concret, le don de la mesure et le sens des réalités ». Lire les premières lignes

  p. 33-37

Le 19 mai 1983 à l'École militaire, une journée a été consacrée au Fil de l'Épée. Il s'agissait d'examiner au cours de ce colloque, organisé à l'initiative de M. Charles Hernu, ministre de la Défense, à travers l'analyse de cinq chapitres de l'ouvrage, de quelle manière sont ressenties dans le temps présent les idées exprimées il y a une cinquantaine d'années par le commandant Charles de Gaulle. Le professeur Maurice Duverger avait la charge du chapitre « Le politique et le soldat ». Lire les premières lignes

  p. 39-46

Professeur Martel (Président de l’université Paul Valéry de Montpellier) : Je m’excuse de poser des questions très terre à terre dans ce débat d’une élévation de pensée à laquelle je rends hommage, mais c’est délibérément que je me situe dans une perspective historique, en m’adressant plus particulièrement au général Buis. Lire la suite

  p. 47-62

Je suis très sensible à l’honneur qu’on m’a fait en me chargeant de présenter les conclusions des cinq commissions qui ont étudié chacune un des chapitres du Fil de l’Épée. Je ne m’en sens pas digne, et je pense qu’une seule raison l’explique : parmi les présidents de commission et les personnalités qui leur étaient adjointes, je suis le seul qui n’ait appartenu ni à l’institution militaire ni à une organisation gaulliste et qui se trouve donc dans une situation d’indépendance qui lui laisse toute liberté de jugement. J’ajoute – il convient aussi de le rappeler – que je me suis trouvé un opposant politique au général de Gaulle dans son second gouvernement, encore que j’ai soutenu – et même prévenu – sa décision d’établir l’élection du président au suffrage universel, et approuvé sa politique extérieure et militaire. Lire la suite

  p. 63-70

J’ai le grand honneur de clore le colloque sur le Fil de l’Épée M. Charles Hernu qui avait eu le plaisir d’inaugurer l’exposition Charles de Gaulle – 1932 – Le Fil de l’Épée m’a demandé de le remplacer en ces lieux, alors qu’il est retenu à l’Assemblée nationale par le débat sur la loi de programmation militaire. Lire la suite

  p. 71-75

Repères - Opinions - Débats

Spécialiste de l'islam contemporain, l'auteur nous montre ici un phénomène d'ordre culturel, qui est l'arabisation d'un monde musulman, très varié dans ses origines et qui n'est pas sans incidences politiques.

  p. 77-91

Remis en forme pour sa publication, cet article était à l'origine une conférence faite à Los Angeles. L'auteur montre les différences considérables dans la manière dont opinions publiques et responsables politiques perçoivent le monde soviétique selon l'endroit où l'on se trouve. Ces différences sont explicables et légitimes. Elles font partie d'un pluralisme qui est la marque essentielle de la civilisation occidentale, mais on ne doit pas non plus être dupe de l'utilisation que peut en faire l'autre camp. Lire les premières lignes

  p. 93-104

Depuis 1945, nous avons l'impression que les Balkans sont une région tranquille, après avoir été une des poudrières du monde. L'auteur, qui en est originaire, nous rappelle son importance non seulement pour les peuples et les nations qui la composent mais aussi pour ses voisins, en particulier ceux qui constituent le flanc sud de l'Alliance atlantique, Italie, Grèce, Turquie. Lire les premières lignes

  p. 105-120

Cet article est le premier d'une série que nous espérons fort longue et que nous annoncions dans notre compte rendu des journées nationales « Science et défense » des 26 et 27 avril 1983. Après une courte introduction sur la recherche en matière de défense, l'auteur, de la Direction des recherches, études et techniques (DRET), dresse un tableau général de la recherche et du développement au sein des armées dont la première partie est consacrée à la recherche amont.

  p. 121-135
  p. 137-144
  p. 145-152

Chroniques

L’automne ne s’annonce pas calme. Plus approche la date prévue pour l’installation des euromissiles, plus se précisent les menaces de manifestations qui, au nom du « pacifisme », pourraient déboucher sur des violences. Au Liban, le président Aminé Gemayel se heurte à des oppositions qui, nées de vieux antagonismes ethniques, exacerbées par des rivalités politiques, trouvent un argument dans le retrait des forces israéliennes des montagnes du Chouf. Lire les premières lignes

  p. 153-156

Le n° 3 (juillet 1983) de la revue Géopolitique publiée par l’Institut international de géopolitique contient un article du général Gallois intitulé : « Armes intelligentes et intelligence de la guerre ». Lire les premières lignes

  p. 157-162

L’été qui vient de s’achever n’a pas manqué de sujets de réflexion sur les problèmes de sécurité : il y a eu la reprise de la guerre au Tchad mais les commentaires, et on peut le comprendre, ont généralement été passionnels ; il y a eu aussi la dégradation de la situation à Beyrouth et là encore l’analyse a souvent cédé le pas aux prises de position partisanes ; il y a eu l’anniversaire de la bombe d’Hiroshima qui a fourni l’occasion de rassemblements pacifistes et de réquisitoires contre l’armement nucléaire, les plus modérés exigeant le gel. Lire les premières lignes

  p. 163-166

Créé le 4 février 1981 à Riyad à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, du Koweit, de Bahreïn, du Qatar, des Émirats arabes unis et d’Oman, le Conseil de coopération des États du Golfe (CCEAG) s’étaient donné pour but « d’établir entre les participants une étroite coordination dans divers domaines, particulièrement en matière économique et sociale ». Lire la suite

  p. 167-169

La Loi de programmation militaire esquisse la structure et le format de nos forces en même temps qu’elle définit pour les 5 années à venir les ressources nécessaires à leurs équipements et à leur fonctionnement. Il est cependant un élément qui échappe à cette loi et dont l’importance est pourtant primordiale : c’est l’esprit qui anime les cadres et la masse des soldats, notamment la conviction de la jeunesse d’appartenir à une communauté dans laquelle elle a un rôle à jouer. Lire les premières lignes

  p. 170-173

Avec la création d’une grande unité aéromobile au sein de la Force d’action rapide (FAR), l’aéromobilité prend une nouvelle dimension dans l’Armée de terre française. Lire les premières lignes

  p. 174-177

Le mois dernier, nous avons tenté de dessiner les coques du futur. Nous avons vu qu’elles seraient plus dépouillées, laissant de l’espace pour les manœuvres d’hélicoptères, et que l’évolution la plus profonde, peu apparente, se situera dans la recherche d’une moindre vulnérabilité. Nous n’avons parlé du tonnage que pour le lier au mode de propulsion. Nous nous attacherons désormais à remplir des coques avec des armes et des équipements qui fixeront la véritable physionomie des bâtiments et, en fonction de leur plus ou moins grande spécialisation, leur corpulence et leur rôle au sein de la Marine. Lire les premières lignes

  p. 178-181

(suite de la chronique de juin 1983). Lire la suite

  p. 182-184

L’événement attendu est arrivé. Après un voyage en Arabie saoudite, suivi par une visite au roi du Maroc, ces deux démarches de bonne volonté étant destinées à montrer au monde que la Nation arabe pouvait rester unie en dépit de la diversité des régimes qui la gouvernent et des idéologies qui l’animent, le colonel Kadhafi a voulu relever l’affront infligé par l’Organisation de l’unité africaine (OUA). L’opération visant à restaurer le pouvoir du Gouvernement d’union nationale (Gunt) et de son chef, Goukouni Oueddei, à N’Djamena devait, semble-t-il, se dérouler avant ou, à la rigueur, pendant le « Sommet » de l’OUA, tenu à Addis Abeba en juin 1983 ; elle aurait permis au président libyen de disposer d’une monnaie d’échange pour faire admettre la République arabe Sahraouie démocratique (RASD) comme membre à part entière de l’organisation africaine. Pour une raison difficile à déterminer, elle ne fut déclenchée qu’après la réunion des chefs d’État, après le mois de jeûne et, comme nous l’avons dit, après que le chef de la Jamahirya libyenne, propagandiste d’une nouvelle idéologie démocratique, eut voulu rassurer les autorités arabes plus traditionnelles sur le sort qu’il entendait réserver aux affaires du Maghreb et du Proche-Orient, du moins dans un avenir immédiat. L’opération, en quelque sorte « rédemptrice », a donc eu lieu mais à une date qui ne paraît pas avoir été vraiment celle choisie par le colonel Kadhafi : son déclenchement en plein été a surpris mais sa nature n’a pas étonné. Le retard lui enlève cependant le caractère qu’on voulait initialement lui donner : permettre à la Libye de négocier l’admission de la RASD à l’OUA. Il oblige les observateurs à rechercher quels peuvent bien être les nouveaux objectifs poursuivis par le colonel Kadhafi lui-même sinon par tout son gouvernement. Lire les premières lignes

  p. 185-193

* Ceux qui s’écartent de cette idée que la France puisse disposer des moyens d’empêcher la guerre, de dissuader la guerre, je crois qu’ils se trompent de route… C’est notre seul moyen de défense, il faut donc le préserver, l’améliorer et le moderniser. Lire la suite

  p. 194-195

Bibliographie

Pierre Rocolle : Un prisonnier de guerre nommé Jeanne d’Arc  ; Éditions SOS, 1982 ; 200 pages - C. L.

Le colonel Rocolle, officier et historien, professeur à l’Institut catholique de Paris, aborde dans son dernier ouvrage un aspect imparfaitement connu de la courte vie de Jeanne d’Arc : Jeanne prisonnière, du 23 mai 1430, jour de sa capture à Compiègne, au 30 mai 1431, jour sinistre du bûcher de la place du Vieux-Marché. Lire la suite

  p. 196-196

Françoise Lemoine : Le COMECON  ; Puf, 1982 ; 128 pages - Eugène Berg

Synthèse utile des objectifs, du fonctionnement et du poids économique représenté par ce marché commun communiste fondé dès 1949, comme réplique au plan Marshall et à la création de l’OCDE, auquel se sont joints la Mongolie (1962), Cuba (1972) et le Vietnam (1978). Marqué par la prépondérance de l’URSS (60 % du commerce intrazonal), le COMECON est victime d’un bitéralisme trop rigide et d’une convertibilité limitée de ses monnaies. ♦

  p. 196-196

Jean Lefèvre et Jean Georges : Trente-cinq années de notre Monde. Les temps contemporains 1945-1980  ; Éditions Casterman, 1982 ; 313 pages - Eugène Berg

Le foisonnement des faits, des idées ou des concepts, requiert parfois des opérations de classement qui n’apparaissent pas trop mutilantes. Telle a été certainement le dessein de nos deux auteurs qui ont cherché à rendre aisément accessible à un assez large public, une somme d’informations d’ordre politique, économique, social, technique et culturel sur l’évolution des sociétés contemporaines. Lire la suite

  p. 196-196

Pascal Krop : Les socialistes et l’armée  ; Puf, 1983 ; 180 pages - Claude Le Borgne

Pascal Krop sait de quoi il parle. Spécialiste des problèmes de défense, il est journaliste au Matin. Au moment où les socialistes au pouvoir sont contraints aux décisions militaires, dont les premières sont concrétisées dans la loi de programmation 1984-1988, cet ouvrage de référence vient à point. Il est le fait d’un de leurs amis : on soulignera son objectivité. C’est ainsi que, dès l’introduction, l’auteur donne le ton, caractérisant à merveille « les difficultés du mouvement socialiste, héritier de multiples traditions, à se frayer un chemin entre le mystique et le politique » (1)Lire la suite

  p. 196-198

Jean-Paul Brunet : Histoire du PCF  ; Puf, 1982 ; 128 pages - Eugène Berg

Survol dense, clair et précis des 60 années d’existence du Parti communiste français, né en quelque sorte du choc de la Grande guerre et enfant de la révolution bolchevique, jusqu’à son recul historique de 1981 qui le ramène presque à son niveau de 1936. On ne trouvera pas ici d’analyse en profondeur de la composition sociologique du parti, de son impact sur la vie politique et économique française ni de son fonctionnement interne mais, selon l’objectif de l’ouvrage, un récit fidèle et objectif de ses phases d’ascension et de recul. En ce sens, c’est un utile regard sur lui-même et son avenir. ♦

  p. 198-198

Gérard Chaliand et Jean Rageau : Atlas stratégique, géopolitique des rapports de forces dans le monde  ; Éditions Fayard ; 225 pages - Olivier Sevaistre

Ce petit livre très curieux, remarquablement illustré par des cartes très simples et très parlantes, illustre la citation de Napoléon mise en exergue : « La politique d’un État est dans sa géographie ». Son premier mérite est de rompre avec la sempiternelle projection de Mercator ou avec les planisphères de nos atlas. Lire la suite

  p. 199-199

Gilbert Toulouse : Le mercenaire  ; Éditions Belfond, 1982 ; 271 pages - Claude Le Borgne

Le Sahara apprivoisé par nos anciens se prêtait au roman. Les officiers français s’étaient intégrés au paysage, allant jusqu’à l’enrichir de quelques créations vestimentaires, architecturales, ou sentimentales et y inscrivant une page d’histoire rien moins que vulgaire. Des doctrinaires ennuyeux y remplacent nos camarades disparus et entraînent les mêmes Réguibat dans des combats différents : le désert d’aujourd’hui n’offre plus au romancier les charmantes facilités de jadis. Gilbert Toulouse, après Lartéguy (Le commandant du Nord, cf. revue Défense Nationale, novembre 1982) dans un tout autre genre mais avec un égal insuccès, y a pourtant placé son Mercenaire, dans les rangs du Front Polisario. Lire la suite

  p. 199-200

Revue Défense Nationale - Octobre 1983 - n° 436

Revue Défense Nationale - Octobre 1983 - n° 436

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Octobre 1983 - n° 436

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