Juin 1993 - n° 543

Depuis quelque temps, le dilemme armée de conscription ou armée de professionnels est à nouveau à l'ordre du jour, pour différentes raisons que de nombreux auteurs ne manquent pas de présenter dans notre revue. Toutefois, aucun de ceux-ci ne s'était encore prononcé pour l'armée entièrement professionnalisée, c'est-à-dire en fait la suppression de la conscription. L'auteur expose ses arguments en faveur de cette dernière option ; mais le débat est loin d'être clos. Lire les premières lignes

  p. 9-15

Colloque - L'Amérique de Clinton

Vous aurez rectifié de vous-même l’erreur portée sur les cartons d’invitation me qualifiant de président de la Fondation pour les études de défense nationale… Il n’y a plus de FEDN, plus de président, encore qu’on ne sache pas très bien quel est de l’un à l’autre de ces termes le lien de cause à effet ! Bref, il était trop tard pour changer cet intitulé et par les temps qui courent il n’apparaissait pas que ce soit indispensable ! J’officierai donc, si vous le voulez bien, au titre de professeur à l’université de Paris I, cette université, à ma connaissance, n’étant pas en voie d’être supprimée. Lire la suite

  p. 17-19

Lorsqu’on affirme, comme on vient de le faire, que désormais le monde sera américain, il conviendrait d’ajouter : ou ne sera pas, car la perspective d’un chaos général ne peut être totalement exclue. Il ne faut pas oublier non plus que Clinton a été élu parce qu’il se démarquait fondamentalement de son prédécesseur sur la priorité que celui-ci accordait à la politique étrangère. Son slogan était : « America first » ; et il avait dans son quartier général un grand calicot sur lequel était écrit : « The economy stupid! », ce qui visait évidemment George Bush. Ce dernier avait en effet donné au maximum dans ce que le colonel House, qui avait été un peu le Kissinger du président Wilson, appelait le passe-temps favori des monarques fatigués, à savoir la politique étrangère. Pour le moment, les Américains pensent que celle-ci doit passer après leurs propres intérêts et l’un des candidats oubliés à la Maison-Blanche, Pat Buchanan, avait eu cette phrase assez forte : « M. Bush devrait s’occuper des femmes qui se font tabasser à mort en promenant leur chien dans Central Park avant de se soucier des Kurdes ». Cet état d’esprit est assez représentatif de l’opinion américaine, et mutatis mutandis, on pourrait d’ailleurs en dire à peu près autant des Français. Lire les premières lignes

  p. 21-26

La fin de la guerre froide a représenté un choc immense pour les États-Unis. Dans un récent article de Foreign Affairs, le général Powell décrit un des entretiens qu’il eut en 1987-1988 avec le président Reagan dont il était alors le conseiller pour la sécurité nationale, et avec M. Gorbatchev (1). Ce dernier leur décrivait son entreprise de réinsertion de l’URSS dans la communauté mondiale sur la base de rapports normalisés. Le général se tourne vers M. Reagan et, écrit-il, nous nous sommes dit silencieusement : « Mais Bon Dieu, ce type est vraiment sincère… ». Il est normal qu’ils aient mis du temps à apprécier l’ampleur des conséquences, il est normal aussi qu’ils aient mis un certain temps à redéfinir leurs buts politiques et la stratégie nouvelle qui doit les servir. Toutefois, depuis peu, la nouvelle Administration, suite à une réflexion dont on méconnaît encore la profondeur et la progressivité dans le temps, a entrepris de redéfinir les buts de la politique extérieure et la stratégie des États-Unis. Lire les premières lignes

  p. 27-36
  p. 37-46

Repères - Opinions - Débats

Les mutations brutales en Europe de l’Est qui ont transformé l’équilibre géostratégique de la planète ont surpris la plupart des observateurs politiques et militaires. Le manque d’informations dans certains domaines sensibles est également apparu à l’occasion de la guerre du Golfe, où la dépendance de la France vis-à-vis de son allié américain dans ce secteur primordial a été importante. La modification de l’échiquier géopolitique international et les grandes incertitudes à venir nécessitent plus que jamais une évolution des mentalités pour se lancer dans la nouvelle bataille du renseignement qui s’annonce. Lire les premières lignes

  p. 47-58

Il est exact, ainsi que le dit l'auteur, capitaine de vaisseau et professeur à l’École supérieure de guerre navale, que la tactique n’a pas fait l’objet de débats opiniâtres comme la stratégie, domaine de prédilection de nombreux spécialistes sérieux, mais aussi malheureusement de « stratèges en chambre » (voir notre chronique « Revue des revues », mars 1993). C’est pourquoi, dans un texte brillant, il analyse l’évolution des procédés tactiques et leur intégration dans une conception plus générale des opérations aéronavales. Lire les premières lignes

  p. 59-72

Le 3 juillet 1984, une circulaire ministérielle organisait le transfert des missions de base de la Défense opérationnelle du territoire (DOT) à la gendarmerie, qui voyait ainsi ses missions augmenter. En octobre 1986, nous avions déjà publié un article sur cette réforme plus ou moins controversée, puis ce fut quelque peu l’oubli, tout au moins en ce qui concerne les écrits. C’est pourquoi nous sommes heureux d’accueillir l’opinion de l'auteur, attaché temporaire d’enseignement et de recherche en science politique à l’université de Toulouse I, chercheur au Centre d’études et de recherches sur la police. Lire les premières lignes

  p. 73-84

À la veille du XXIe siècle, la Grande-Bretagne rappelle la permanence d’une interrogation quelque peu oubliée en Europe, mais toujours actuelle : que sont le déclin et la décadence ? Lire les premières lignes

  p. 85-91

L’auteur, historien et attaché de recherche à l’Institut européen de recherche et d’information sur la paix et la sécurité à Bruxelles, nous présente les différents plans qui ont conduit à une réduction importante des forces armées belges. Cette étude est fort intéressante, même si l’on n’est pas toujours en harmonie avec les opinions de l’auteur, en particulier sur l’évaluation des menaces futures. Lire les premières lignes

  p. 93-105

Dans la première partie, l'auteur a décrit successivement les zones d'application définies dans l'Acte final (1975), le mandat de Madrid (1983) et le mandat pour les négociations FCE (1989). Dix-huit mois plus tard, les premières modifications territoriales de I'après-communisme allaient changer les données du problème.

  p. 107-117

Cet article est le texte d'une communication présentée par l'auteur, diplomate, lors du colloque organisé en octobre 1992 à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) par Mme Andrée Martin-Pannetier, docteur en droit et membre de notre comité d'administration. Voici des informations précieuses sur les politiques pétrolières américaines.

  p. 119-125

L'auteur, ancien diplomate spécialiste de l'Afrique, s'efforce de définir les causes des malheurs qui assaillent les Africains après 30 ans d'indépendance : tous les « modèles » proposés ont échoué parce qu'ils ne tiennent absolument pas compte des us et coutumes locaux, et c'est à l'Afrique à trouver par elle-même la voie de son salut.

  p. 127-132

Dans notre chronique « Défense dans le monde » de mai, nous avons évoqué l'armée taïanaise. L'article ci-dessous vient maintenant nous apporter des informations sur les relations entre les deux Chines qui, paradoxalement, augmentent à la fois leurs systèmes de défense et leurs échanges économiques.

  p. 133-143
  p. 145-154

Chroniques

  p. 155-160
  p. 161-168

En moins d’une décennie, l’Europe vient de connaître des bouleversements qui, pour prévisibles qu’ils pouvaient être dans le cadre du scénario de la réunification allemande, ont modifié les relations entre les États ainsi que leur politique de défense. La recherche d’une sécurité indispensable à l’établissement de nouveaux rapports interétatiques passe par l’application de mesures de confiance. Lire la suite

  p. 169-171
  p. 172-175

Janus, acquis par la France en 1990, est un outil d’étude et de formation qui est installé à l’École supérieure de guerre (qui se transformera le 1er septembre prochain en Cours supérieur d’état-major) et à l’École d’application de l’infanterie. Ainsi, la Section de recherche opérationnelle de l’Armée de terre (Sroat) dispose dès maintenant de deux plateformes, dont une entièrement consacrée aux études opérationnelles. Lire la suite

  p. 176-177

Héritiers des premiers parachutistes des armées françaises ayant donné naissance aux troupes aéroportées de l’Armée de terre, le Groupement des fusiliers commandos de l’air (GFCA) rassemble sous son autorité : les fusiliers commandos de l’air chargés de la défense des bases et points sensibles de l’Armée de l’air, les fusiliers commandos ayant vocation d’intervention ou d’actions spécifiques avec utilisation optimale de la troisième dimension. Lire la suite

  p. 178-180
  p. 181-184
  p. 185-189

Bibliographie

Pascal Boniface (dir.) : L’année stratégique 1993  ; Éditions Dunod, Iris, 1993 ; 522 pages - François Cailleteau

Pour la quatrième fois, l’équipe de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) de l’université de Paris Nord, sous la direction de Pascal Boniface, publie chez Dunod son Année stratégique. Lire la suite

  p. 190-190

Marie Lavigne : L’Europe de l’Est. Du plan au marché  ; Éditions Liris, 1992 ; 191 pages - Pierre Morisot

La vérité, plus que la galanterie, pousse à rappeler que Marie Lavigne écrit depuis 30 ans sur l’économie soviétique. C’est dire sa compétence à laquelle elle joint clarté d’expression et sens pédagogique. Elle n’a pas été surprise de l’effondrement mais, comme tous ses collègues soviétologues, elle se défend comme un beau diable devant l’accusation de n’en avoir pas prédit la date exacte ; son seul étonnement est le retard subi par ce phénomène inéluctable. Lire la suite

  p. 191-192

Christian Harbulot : La machine de guerre économique  ; Économica, 1992 ; 163 pages - Pierre Morisot

Le message est clair et vigoureusement exprimé : la France est mal armée pour la guerre économique, en raison essentiellement de deux erreurs d’appréciation. D’abord, une approche influencée par une « lecture militaire » des faits ; raisonnant sur la dichotomie traditionnelle guerre-paix, nous n’avons pas encore tout à fait compris que cette guerre devenait permanente, au rythme de la mondialisation du marché, et se livrait même entre alliés. Ensuite, une fascination vis-à-vis du modèle anglo-saxon, plus culturel encore qu’économique, fondé sur l’esprit d’entreprise et l’effort personnel, et qui conserve le prestige d’une réussite éclatante bien que largement périmé. Lire la suite

  p. 192-193

Thierry Garcin :  La France dans le nouveau désordre international  ; Éditions Bruylant (Bruxelles) et LGDJ (Paris), 1992 ; 163 pages - Claude Le Borgne

Thierry Garcin, commentateur quotidien, à France-Culture, des « Enjeux internationaux », conviant à cette émission des personnalités diverses, dispose d’un observatoire sans égal. Il a restitué, pour notre profit, les informations ainsi accumulées, dans plusieurs synthèses (1). Voici la quatrième, qui traite de ce qu’il appelle le désordre international et de la place qu’y tient, ou n’y tient pas, la France. Lire la suite

  p. 193-194

Nadine Picaudou : La décennie qui ébranla le Moyen-Orient, 1914-1923  ; Éditions Complexe, 1992 ; 236 pages - Claude Le Borgne

Voici un « grand petit livre ». Chacun doit désormais l’avoir en sa bibliothèque, ce que son prix modique permettra aux plus démunis. Le titre est explicite et pertinent. S’il pèche, c’est par modestie. La décennie dont il s’agit a fait plus qu’ébranler le Moyen-Orient ; elle en a façonné le visage, grimaces comprises. Lire la suite

  p. 194-195

Éric Bachelier : L’Afghanistan en guerre-La fin du grand jeu soviétique  ; Presses universitaires de Lyon, 1992 ; 130 pages - Charles-Henry Clermont-Tonnerre (de)

Pourquoi donc, dans son jeu politico-stratégique, d’avoir un jour poussé le pion « Afghanistan », l’empire soviétique ne s’en est jamais remis ? Pourquoi ce pion isolé, en ébullition permanente, marginal, ayant choisi le camp russe d’abord puis socialiste par haine de l’Angleterre, dirigé à l’instigation de l’URSS par la fraction modérée du Parti communiste local, pourquoi est-il envahi un jour de Noël 1979 par l’armée soviétique ? Était-ce pour s’ouvrir une voie vers les mers chaudes et le pétrole du Proche-Orient ou pour profiter du reflux américain en Asie, Vietnam et Iran ? N’était-ce pas plutôt pour endiguer la poussée islamiste que l’URSS prenait très au sérieux ? Les craintes soviétiques n’étaient peut-être pas vaines, car l’islam a bien constitué le lien entre les diverses factions de la résistance afghane. Lire la suite

  p. 195-196

Thomas C.Reeves : Le scandale Kennedy. La fin d’un mythe  ; (traduit de l’anglais) Éditions Plon, 1992 ; 519 pages - Michel Klen

Depuis sa mort tragique en novembre 1963 à Dallas, la vie et la carrière politique de John Kennedy ont fait l’objet de nombreux documents qui ont contribué à renforcer le mythe de ce président américain hors du commun. Or cet homme sur lequel beaucoup de spécialistes ont bâti une véritable légende, continue de susciter des interrogations. Fascinés par le personnage, certains analystes ont effectué des recherches poussées sur l’étonnante carrière de ce jeune chef d’État d’un style particulier. Avec le recul du temps, des données essentielles ont ainsi apporté un nouvel éclairage sur une période capitale de l’histoire des États-Unis. Lire la suite

  p. 196-198

Alexandre King et Bertrands Schneider : Question de survie. La révolution mondiale a commencé  ; Éditions Calmann-Lévy, 1994 ; 234 pages - Eugène Berg

Depuis son premier rapport, paru en 1972, qui l’a rendu célèbre, Halte à la croissance, le Club de Rome en a publié dix-sept autres. Celui-ci reprend la problématique initiale qui, estime son président Ricardo Diez-Hachleiter, est restée la même. Il s’agit d’intégrer, on le sait, diverses variables liées au développement économique, à la sécurité alimentaire mondiale, à la croissance démographique, à l’environnement, aux données relatives aux structures de gouvernement, aux aptitudes à gouverner et aux religions et valeurs. Lire la suite

  p. 198-198

Revue Défense Nationale - Juin 1993 - n° 543

Revue Défense Nationale - Juin 1993 - n° 543

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Juin 1993 - n° 543

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