Novembre 1993 - n° 547

Discours de Monsieur François Léotard, ministre d'État et ministre de la Défense, le 8 septembre 1993, devant les auditeurs du Centre des hautes études de l'armement. Lire la suite

  p. 9-19

À la suite de l'allocution du ministre de la Défense sur l'industrie de défense française, nous avons estimé judicieux de publier un article donnant les voies et moyens permettant de réaliser les réformes évoquées. Lire les premières lignes

  p. 21-26

« Je n’ai jamais refusé la publication d’un article ou d’un livre et je n’ai pas l’intention de le faire, mais il y a des règles sur le devoir de réserve qui existent et que je me suis borné à rappeler, regrettant même que sur les questions stratégiques, on ne sente pas un jaillissement d’idées. Je souhaite que par le biais des fondations, les officiers puissent s’exprimer ». Ainsi parlait à l’occasion de la cérémonie des vœux le ministre de la Défense en janvier 1992, illustrant une nouvelle fois l’épineuse question de l’expression des militaires. Cette limitation qui relève de ce qu’il est convenu d’appeler le cantonnement juridique des militaires, comme l’avait ainsi nommé le doyen Hauriou au XIXsiècle, s’inscrit dans une longue tradition de « grande muette ». Même si on trouve sous l’Ancien Régime, notamment à l’occasion des démêlés de Vauban avec Louis XIV au sujet de la révocation de l’édit de Nantes, une illustration des difficultés à concilier la liberté d’expression avec l’exercice du métier militaire, c’est surtout à partir de la Révolution que les restrictions à l’expression des militaires vont être instituées. « Le loyalisme des militaires entraîne obligatoirement leur passivité politique », est un principe qui naît à cette époque et que l’on retrouve dans l’article 12 du titre IV de la Constitution de 1791, repris successivement par les Constitutions de l’An I, de l’An II, de l’An VIII et de 1848, à savoir que « la force publique est essentiellement obéissante ; nul corps armé ne peut délibérer ». Lire les premières lignes

  p. 27-43

En février 1993, l'auteur avait écrit un article particulièrement intéressant sur la gestion des crises et la démocratie. Poursuivant ses réflexions, il décrit les nouvelles structures possibles de notre « monde éclaté » et le rôle que la France devrait y jouer.

  p. 45-55
  p. 57-71

L’analyse que nous livre aujourd’hui l'auteur prolonge et amplifie celles qu’il nous avait données précédemment sur ce même thème (1988 : « Trois voies pour la France » et « La mesure de l’Europe » ; 1989 : « Le génie de la France, demain » ; 1990 : « Les quatre coins de la défense ») : sur quels principes asseoir notre politique de défense, vers quelles structures faire porter nos efforts ? Les éléments de doctrine qu’il avance illustrent cette nouvelle évidence : garder la France en sécurité requiert un comportement plus actif, plus entreprenant que la défendre contre un ennemi désigné. Cette exigence est sans doute à l’origine du Livre blanc, comme du projet de « conférence sur la stabilité en Europe ». Lire les premières lignes

  p. 73-81

Depuis plusieurs années, l'auteur s’occupe de la préparation linguistique d’examens militaires et civils. Il nous livre ici une étude approfondie sur l’importance croissante de la connaissance des langues étrangères, en particulier de l’anglais en raison de l’universalité de sa diffusion. Une politique a été mise en place dans l’Armée de terre pour rattraper le retard que nous avions pris dans ce secteur qui conditionne la bonne marche des échanges mondiaux. Cette nouvelle dynamique doit cependant agir à une plus grande échelle et concerner le maximum de cadres, d’active et de réserve, si l’on veut que notre pays soit mieux intégré dans les systèmes d’alliances internationaux. Lire les premières lignes

  p. 83-92

Il y a quatre ans, le mur de Berlin et, au-delà, l’ensemble des régimes communistes d’Europe orientale s’effondrent en trois mois. Ce qui apparaît comme une formidable forteresse, tenue par la puissance politique et militaire soviétique, se disloque de l’intérieur sous le poids de ses propres rigidités. L’Alliance atlantique proclame bientôt haut et fort qu’elle est la meilleure de toute l’histoire des hommes, puisqu’elle a triomphé sans avoir eu à faire la guerre. Lire les premières lignes

  p. 93-101

En décembre 1991, dans un dossier sur les changements à l'Est, l'auteur avait fait une étude approfondie des nouvelles menaces susceptibles d'apparaître après l'effondrement de l'URSS et la dislocation du Pacte de Varsovie. Deux ans après, notre auteur évoque l'attrait que suscite l'Otan auprès des États d'Europe centrale et orientale ; elle nous explique leurs motivations, mais nous montre les difficultés d'une intégration de ces pays dans l'Organisation.

  p. 103-112

La Conférence mondiale sur les droits de l'homme s'est tenue à Vienne en juin 1993. L'auteur, maître de conférences à la faculté de droit de Besançon, ne pouvait manquer cette occasion de faire le bilan des discussions qui ont eu lieu sur un sujet particulièrement délicat : tous les peuples de la Terre, en effet, n'ont pas les mêmes « références », c'est-à-dire la même conception des droits de l'homme. D'ailleurs notre auteur, malgré son optimisme habituel, n'estime pas que cette conférence a été en plein succès.

  p. 113-126

Voici bien longtemps que l’auteur ne s’était exprimé dans notre revue, et au cours de nos entretiens nous lui avions demandé d’étudier le problème kurde et de nous faire connaître son sentiment sur l’avenir de ce peuple. Voici le fruit du travail approfondi auquel il s’est livré. Comme à l’accoutumée, cet article est riche, passionnant, et se termine par une note d’optimisme que certains peut-être ne partageront pas. Lire les premières lignes

  p. 127-143

L'auteur, docteur en sciences politiques, est spécialiste des questions proche-orientales et africaines. Il analyse les raisons qui ont incité les chefs d'État et de gouvernement africains présents au Caire en juin 1993 à adopter une déclaration créant un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits sur le continent ; il nous fait part de ses espoirs quant à l'efficacité de cette institution, mais ne peut s'empêcher d'émettre quelques réserves.

  p. 145-156

Chroniques

Une petite « révolution culturelle » est en marche à New York. Un état-major militaire y est en cours de constitution au secrétariat général de l’ONU et devrait être opérationnel au début de l’année 1994. Avant de présenter le projet de restructuration de l’équipe du conseiller militaire, rappelons quelle est la composition actuelle de celle-ci. Lire la suite

  p. 157-159
  p. 160-167

La France et les États-Unis comptent beaucoup sur le rôle que la Turquie paraît capable de jouer en faveur de la stabilité du Proche-Orient, du Caucase, de l’Asie centrale et des Balkans, mais, pour tenir ce rôle, il ne faut pas que son attention et ses forces soient détournées par une crise déclarée, soit contre un adversaire intérieur, soit contre un de ses voisins. Or, à l’heure actuelle, la Turquie se trouve toujours confrontée au séparatisme kurde et des différends demeurent avec plusieurs des États qui l’environnent. Sa situation au centre d’un triangle instable formé par le Proche-Orient, l’ex-URSS et les Balkans illustre bien son exposition aux crises. En fait, ne voir que les risques qui pèsent sur la sécurité de la Turquie, c’est oublier les liens de dépendance et les intérêts communs qui existent sur diverses questions entre elle et ses voisins ; c’est aussi ignorer l’habileté de la politique régionale d’Ankara à jouer de ces facteurs pour modérer les risques d’atteinte à sa sécurité. Lire les premières lignes

  p. 168-171

Avec le transfert complet de la Section d’études de documentation et d’images (Sédi) sur le site de Creil fin septembre 1993, l’Armée de terre met ses moyens stratégiques d’exploitation d’images d’origine spatiale à la disposition de la Direction du renseignement militaire (DRM). La Sédi y précède de peu l’unité de Renseignement d’origine spatiale de la Marine (Ros/Marine) et le Centre d’exploitation des images de l’Armée de l’air (CEIAA). La fusion de ces trois organismes constituera le Centre de formation interarmées et d’interprétation de l’imagerie (CF3I). Lire la suite

  p. 172-173
  p. 174-181
  p. 178-181
  p. 182-186

Bibliographie

Hubert Morelle et Daniel Pineye (dir.) : Après l’URSS, inventaire pour un drame  ; Éditions du Félin, 1993 ; 163 pages - Pierre Morisot

« Et maintenant, que vont-ils faire… ? » comme on dit dans la chanson. La patiente étant dans un tel état qu’on ne sait si on en est au stade des derniers sacrements ou de l’autopsie, huit spécialistes se sont autoconvoqués à son chevet. Bien qu’ils soient tous forts savants, on aimerait que les titres et références de ces praticiens soient rappelés, comme cela se fait d’ordinaire pour les ouvrages collectifs de ce genre. Ils ne peuvent du reste que se faire du souci pour leur propre avenir : que va devenir l’honorable corporation des soviétologues ? Persévérer dans le cadre d’une fantomatique Communauté des États indépendants (CEI) imposerait de trouver une dénomination convenable qui n’a pas encore été découverte ; réduire son champ d’action, qui à la Moldavie, qui à l’Estonie, qui au Tadjikistan ferait tomber de haut. Cruel dilemme… Lire la suite

  p. 187-188

Laurent Carroué : Les industries européennes d’armements  ; Éditions Masson, 1992 ; 237 pages - Pierre Morisot

Il est possible de distinguer deux aspects dans l’ouvrage de M. Carroué, dominé bien entendu par la situation inquiétante de tout un pan d’activité industrielle. Le premier est une étude objective extrêmement documentée (notamment en troisième partie) sur les industries d’armements des principaux États d’Europe de l’Ouest. Le spécialiste y trouvera des descriptions précises et des données chiffrées détaillées. Le profane en retiendra essentiellement trois éléments : la mise en évidence, appuyée sur une série de cartes fort explicites, de la concentration géographique autour des capitales et de certaines grandes villes ; la vulnérabilité des industries française et britannique qui ont pratiqué le « tout militaire » et rendu des agglomérations entières totalement dépendantes du secteur, risquant ainsi de transformer « des îlots de prospérité en un océan de désindustrialisation » face à des firmes allemandes plus diversifiées en particulier grâce à la structure fédérale du pays : enfin, les difficultés de ceux qui, comme l’Italie, l’Espagne et la Belgique, ont espéré venir jouer dans la « cour des grands », mais qui, malgré de bons résultats dans certains créneaux, ne sont pas parvenus au niveau qualitatif et surtout quantitatif voulu. Lire la suite

  p. 188-189

Marc Edmon Morgaut : L’homme et la création  ; Éditions Masson, 1991 ; 125 pages - Pierre Morisot

Au prix de quelques acrobaties et amalgames, et se croyant sans doute sur le pont du Beagle, un chroniqueur de cette revue a réussi (dans le numéro de juillet) à trouver dans les réorganisations de l’état-major de la Marine les motifs d’un éloge du darwinisme. Alors que nous méditions sur des questions fondamentales du genre « Oui suis-je ? D’où viens-je ? », voilà que nous sommes tombés sur un tenant de la thèse inverse en dénichant ce petit livre paru il y a déjà deux ans. Lire la suite

  p. 189-190

Maurice Vaïsse (dir.) : L’Europe et la crise de Cuba  ; Éditions Armand Colin avec le concours du Nuclear History Program, 1993 ; 255 pages - Claude Le Borgne

Ce livre, qu’on pourrait trouver hors saison, a trois justifications : il aborde la crise de Cuba de l’œil des Européens ; il bénéficie, avec le recul du temps, de l’ouverture de quelques sources américaines (dont les procès-verbaux des réunions des dirigeants américains le 16 octobre et de celles de l’Executive Committee of the National Security Council le 27 octobre, deux journées capitales) ; il réunit les points de vue de treize témoins ou spécialistes éminents et divers (un Allemand, trois Américains, un Anglais, cinq Français, deux Italiens et un Turc). Certes, on déplore que l’équipe ne compte pas de Russe et que les archives soviétiques de 1962 restent fermées… comme celles de Turquie et d’Italie, mais la contribution de l’amiral Duval, familier de la gestion des crises, montre avec talent tout le parti qu’on peut tirer des « archives orales », et du memory jogging (expression dont l’amiral souligne la saveur) regroupant à Harvard, en 1987, témoins et chercheurs. Quand enfin on saura que l’ouvrage est le fruit d’un colloque organisé en octobre 1992 par le Grefhan (Groupe d’études français sur l’histoire de l’armement nucléaire), auquel nous devons déjà L’arme nucléaire française, pourquoi et comment ? (1), on sera assuré de son sérieux. Lire la suite

  p. 190-192

Jean Baechler : La grande parenthèse (1914-1991)  ; Éditions Calman-Lévy, 1993 ; 218 pages

Jean Baechler est un maître en sociologie historique, qu’il enseigne à la Sorbonne et à laquelle il a consacré une dizaine d’ouvrages. Sa grande parenthèse se situe exactement dans le courant de pensée qui, renouant avec les grands classiques des XVIIIe et XIXe siècles, voit dans le libéralisme et la démocratie l’aboutissement inéluctable de l’histoire. À cette théorie aujourd’hui revigorée on connaît l’objection : les deux guerres mondiales et les horreurs, fascistes ou communistes, du XXe siècle ridiculisent les optimistes anciens comme leurs actuels successeurs. C’est à cette objection que répond le livre de Jean Baechler, c’est cette affreuse période (1914-1991) qu’il regarde en face et qu’il définit comme une parenthèse, maintenant refermée, dans la marche du monde. Lire la suite

  p. 192-193

Jim Moore et Rick Ihde : Bill Clinton une ascension irrésistible  ; (traduit de l’anglais par Catherine Jourda) Éditions Zélie, 1992 ; 285 pages - Michel Klen

Les deux journalistes américains nous tracent un portrait complet de l’homme qui est devenu président des États-Unis en 1993. Après des études brillantes dans les plus prestigieuses universités (Georgetown à Washington, Oxford en Angleterre, Yale dans le Connecticut) et une courte carrière d’avocat, Bill Clinton se lance très tôt dans la politique, en Arkansas où il est élu cinq fois gouverneur (ce qui constitue un record). Sa réussite est certainement due à son dynamisme légendaire, une étonnante capacité de travail, des talents incontestables de communication et de conviction, et le soutien de sa femme Hillary qui a joué un rôle majeur dans l’ascension de son mari grâce à son charisme, son intelligence, son esprit de compétition et ses conseils appropriés. Lire la suite

  p. 193-194

Nadine Marie-Schwartzenberg : Le KGB  ; Puf, 1993 ; 126 pages - Michel Klen

L’ouvrage de Nadine Marie-Schwartzenberg présente avec une étonnante précision l’historique des services de renseignement de l’ex-URSS. L’évolution du système est bien décrite grâce à une analyse complète de la Tcheka (commission extraordinaire pour faire face à la contre-révolution et au sabotage de 1917 à 1922), de la Guépéou (direction politique de l’État de 1922 à 1934), du NKVD (commissariat du peuple à l’intérieur de 1934 à 1943), du NKGB (commissariat du peuple à la sécurité d’État de 1943 à 1946), du MGB (ministère de l’Intérieur de 1953 à 1954) et des agences qui ont succédé à la fameuse centrale : AFB (agence de sécurité fédérale de la Russie), MBVD (ministère de la Sécurité de la fédération de Russie) et SVR (services des renseignements extérieurs). Lire la suite

  p. 194-194

François Thual : Mémento géopolitique  ; Éditions Dunod, 1993 ; 157 pages - Pascal Boniface

François Thual, qui avait publié l’an dernier Géopolitiques au quotidien, s’est intéressé à la morphogenèse des États (c’est-à-dire le processus de formation d’un territoire dans le cadre d’un État) dans son dernier livre Mémento géopolitiqueLire la suite

  p. 194-195

Il convient de saluer la naissance de cette nouvelle collection qui cherche à établir des ponts entre connaissance et action, culture générale et pratique, pédagogie et information. Par leur forme moderne et agréable, leur style direct, la richesse de leur documentation qui prend la forme de cartes, tableaux et schémas, les volumes de cette nouvelle série répondent d’emblée à bien des attentes. Lire la suite

  p. 195-196

Revue Défense Nationale - Novembre 1993 - n° 547

Revue Défense Nationale - Novembre 1993 - n° 547

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Novembre 1993 - n° 547

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