France-Allemagne

Le 23 janvier 2003 marque le 40e anniversaire du Traité de l’Élysée, signé par le général de Gaulle et le chancelier Adenauer. Cet anniversaire est l’occasion pour la France et l’Allemagne de conclure, selon les propos du président de la République : « Un nouveau pacte fondateur… Il ne s’agira pas d’un nouveau traité mais d’une déclaration politique forte, assortie de mesures de coopération concrètes dans tous les domaines, témoignant du rôle moteur de nos deux pays dans la construction de l’Europe » (Jacques Chirac : « La politique étrangère de la France », Défense Nationale, octobre 2002). Lire la suite

  p. 5-6

Article commun de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense de la République française, et de M. Peter Struck, ministre de la Défense de la République fédérale d'Allemagne à l'occasion du 40e anniversaire du traité de l'Élysée et du 15e anniversaire de la création du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité, le 22 janvier 2003.

  p. 7-11

Extraits d'un article publié en mars 1963 par la Revue de Défense Nationale dans la rubrique « Politique et diplomatie ». Compte tenu des délais de parution, c'est donc immédiatement après la signature du traité que Jacques Vernant a rédigé sa pertinente analyse. Lire la suite

  p. 12-14

L'auteur suit le cheminement des relations franco-allemandes depuis les premiers efforts de rapprochement entre les deux peuples jusqu'à l'état actuel des rapports, en ne négligeant point les périodes de crise, mais en soulignant, en même temps, l'efficacité des mécanismes créés par le traité franco-allemand de 1963. Il essaie aussi de démontrer qu'en amplitude et profondeur les liens franco-allemands sont devenus exceptionnels sur l'échiquier international. Il n'y a dans le monde aucun autre exemple d'une semblable interpénétration, qui pourra se développer encore en une Europe élargie.

  p. 15-24

Dressant le bilan de quarante années de coopération entre la France et l'Allemagne, le professeur Daniel Colard distingue deux périodes : celle de la coopération franco-allemande pendant la guerre froide, puis celle du partenariat franco-allemand après la «crise» du couple résultant de la réunification allemande. Lire la suite

  p. 25-37

Il y a quarante ans l'Allemagne et la France donnaient une impulsion décisive au renforcement de leurs liens en signant le traité de l'Élysée. Parmi les nombreux axes de coopération ainsi lancés l'industrie de l'aéronautique devait jouer un rôle essentiel. C'est dans ce cadre que le rapprochement des compétences et des capacités des deux pays dans la construction des hélicoptères s'est structuré année après année, pour parvenir à la constitution d'Eurocopter, société totalement intégrée et qui s'impose aujourd'hui sur la scène internationale dans les marchés militaires et civils.

  p. 39-48

La France et l'Allemagne ont pris conscience de leurs responsabilités historiques pour la réussite de l'élargissement de l'Union européenne. Dans le domaine de la défense leur coopération constitue pour l'Europe une nécessité cohérente avec son intégration économique et politique. Le concept stratégique commun élaboré lors du sommet franco-allemand de Nuremberg a apporté une base solide de réflexion et d'action pour relancer la coopération militaire et marquer ainsi l'anniversaire du traité de l'Élysée.

  p. 49-57

L'Occar (Organisation conjointe de coopération en matière d'armement) a été créée par une convention signée le 9 septembre 1998 entre l'Allemagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni, ratifiée au cours de l'année 2000 et entrée en vigueur le 26 janvier 2001. Son objectif est d'améliorer la gestion des programmes d'armement en coopération européenne. Six programmes sont gérés actuellement : hélicoptère de combat Tigre (D-F), famille de systèmes sol-air futurs Fsaf (F-I), radar de contre-batterie Cobra (D-F-GB), véhicule blindé MRAV-GTK (D-GB-NL), système sol-air Roland (D-F), systèmes antichars Hot-Milan (D-F). Son effectif est de 180 personnes. Son siège est à Bonn et ses divisions de programme à Bonn ou en région parisienne.

  p. 59-65

Français et Allemands devraient utiliser la révision du traité de l'Élysée en 2003 pour relancer de manière spectaculaire la coopération franco-allemande en établissant une confédération entre nos deux pays. Paris et Berlin pourraient ainsi inspirer la politique étrangère de l'Union et surtout associer la Russie au destin de l'Europe car nous partageons avec elle des intérêts économiques, culturels, et stratégiques communs.

  p. 67-77

Repères - Opinions - Débats

Dès sa création en 1992, le Conseil des États de la mer Baltique (CEB) a joué un rôle important pour gérer les conséquences de la transformation politique en zone balte. Premièrement, le CEB fait preuve d'une politique hautement symbolique qui vise au maintien de la paix dans la région. Deuxièmement, le CEB développe de plus en plus des politiques actives afin de combattre les risques de sécurité non-militaires parmi ses membres. Troisièmement, le CEB a pour tâche de répandre les normes européennes au-delà de sa périphérie dans le Nord-Est de l'UE.

  p. 78-88

Les Balkans

Plus de trois ans après son entrée au Kosovo, la Kfor participe pleinement au retour vers la normalité et à la marche vers la démocratie, dont l'élection d'institutions provisoires et la formation d'un gouvernement ont constitué le point de départ. L'absence de menaces extérieures, le désarmement des anciens combattants et l'amélioration de la sécurité conduisent la Kfor à reconsidérer ses modes d'action, sa structure et ses capacités afin de s'adapter au contexte actuel. Lire les premières lignes

  p. 89-97

Cet article a été écrit au cours d'un détachement militaire au bureau des actions civilo-militaires de la représentation militaire de la France, à Prichtina. Lire la suite

  p. 99-109

L'auteur, ayant fait plusieurs séjours dans les Balkans, décrit ici la situation de l'ex-Yougoslavie à travers le cas de l'enclave serbe de Foca, et se demande comment comprendre ce qui s'est passé, et comment juger les hommes d'un pays qui a besoin d'un sage.

  p. 110-114

Repères - Opinions - Débats

À l'heure où la France relance sa politique africaine, sa capacité à gérer la crise ivoirienne apparaît clairement comme le test de sa crédibilité. Depuis le 19 septembre, se jouent à la fois l'unité d'un pays et la stabilité d'une région, l'Afrique de l'Ouest. En l'absence de solution militaire, la sortie de crise ne pourra être que politique... même si chacun est bien conscient du caractère durable des séquelles de l'insurrection.

  p. 115-122

Au cours de ces dernières décennies, la simulation a pris une importance grandissante dans les armées. Des progrès considérables, autorisés par la mise en oeuvre de nouvelles technologies, permettent d'ores et déjà de simuler les forces en opérations dans un théâtre et de générer les comptes rendus de situation correspondants pour entraîner un état-major de niveau opératif à la prise de décision. L'exercice interarmées « Opéra » de juin 2002 a démontré la volonté française de se hisser dans le peloton de têtes des nations maîtrisant ces techniques. La simulation pour l'entraînement est une première étape vers les aides à la décision en conduite des opérations.

  p. 123-134

Loi de programmation militaire 2003-2008

Note de synthèse accompagnant le rapport de M. Serge Vinçon du 8 janvier 2003, au nom de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat sur le projet de loi de programmation militaire (LPM) pour les années 2003 à 2008. Votée par le Sénat dans les mêmes termes que l'Assemblée nationale, la LPM a été adoptée le 15 janvier 2003.

  p. 135-144

Le projet de loi de programmation militaire (LPM) 2003-2008 présenté en septembre 2002 par le gouvernement est intéressant à bien des égards : il affiche, en particulier, une augmentation certaine des crédits militaires et il prend en compte le besoin des armées à une plus grande disponibilité opérationnelle. Toutefois, il souffle « le chaud et le froid ». Il traduit des ambiguïtés tant à l'égard du budget de la défense que de la construction européenne en matière de défense. Cela devrait inciter la représentation nationale à une certaine vigilance dans la surveillance de l'exécution des engagements affichés.

  p. 145-154

Chroniques

  p. 155-160

Le 14 février 2000, le ministre de la Défense décidait la constitution d’un groupe de projet, placé sous la responsabilité de la Direction des affaires financières (DAF) du ministère, chargé de conduire et de coordonner le développement des actions de comptabilité analytique des armées et des grands services du ministère de la Défense. Lire la suite

  p. 161-163
  p. 164-167

Après l’annonce officieuse de l’achat par la Pologne de 48 avions de combat F-16 à l’entreprise américaine Lockheed Martin, pour remplacer ses chasseurs MIG-21 et MIG-29, le sénateur Ladislas Poniatowski déplore une décision inopportune, rendue publique au moment même où la Pologne rejoint l’Union européenne. Lire la suite

  p. 168-168
  p. 169-172
  p. 173-174
  p. 175-186

Bibliographie

Emmanuelle Prévot-Forni : L'identité militaire à l'épreuve des opérations extérieures à finalité pacificatrice  ; Les documents du C2SD, 2001 ; 159 pages - Jérôme Pellistrandi

À l’heure où la professionnalisation est devenue une réalité quotidienne pour l’ensemble des armées françaises, les travaux de recherche du Centre d’études en sciences sociales de la défense (C2SD) apportent un éclairage intéressant et indispensable pour suivre de près l’évolution de la société militaire plus complexe qu’il n’y paraît ; pour analyser le comportement de ses membres en n’oubliant pas d’y inclure – nouveau paradoxe – le personnel civil ; et pour comprendre en partie les difficultés que peuvent connaître les armées dans l’affirmation de leur légitimité dans une société française peu au fait des enjeux de défense. Lire la suite

  p. 187-188

Déodat du Puy-Montbrun : L'honneur de la guerre  ; (préface de Pierre Messmer) Albin Michel, 2002 ; 350 pages - Claude Le Borgne

« Je n’étais pas un tendre ». L’aveu eût pu servir de titre à ces Mémoires, encore que les soldats de cette trempe, s’ils sont durs au combat, sont souvent les plus aimables compagnons. Déodat du Puy-Montbrun (1) a préféré placer son ouvrage sous le signe de l’honneur. C’est qu’il a de qui tenir. Issu d’une grande famille du Languedoc qui a beaucoup donné, élevé dans le souvenir de la Grande Guerre, sa vocation militaire est née « au milieu des morts, des veuves et des orphelins ». En 39, la guerre, à nouveau, est là. Renonçant à préparer Saint-Cyr, Puy-Montbrun s’engage, combat dans les corps francs durant la « drôle de guerre », passe à Saumur, revient au combat. Le 10 mai, il est en Belgique, éclaireur fonçant à moto d’une unité à l’autre et parfois chez l’ennemi, tombe, grièvement blessé, aux mains des Allemands, s’évade enfin. Premières réflexions sur ce premier et rude contact avec la guerre (« le soldat doit se battre, s’il pense, il est fichu ») et la débâcle (« plus d’êtres humains, des bêtes féroces »). Lire la suite

  p. 188-189

C’est un livre modeste, annonce l’auteur. Le titre ne l’est pas. La géopolitique, discipline définie tant bien que mal par les précurseurs à la fin du XIXe siècle, est devenue l’un de ces concepts boulimiques pour lesquels tout fait ventre. On lui offre ici un aliment nouveau : l’apocalypse, promise par les nouveaux terroristes. Géopolitique ou pas, l’objet est clair. Au départ est le 11 septembre, et la colère suscitée par l’horreur de l’attentat sans doute, mais aussi par l’ignoble commentaire, « les Américains l’ont bien cherché ». Frédéric Encel et Oriana Fallaci, même combat ! La colère s’ordonne en trois parties : ce que ne fut pas le 11 septembre, la guerre des États-Unis contre Al Quaïda, celle que devrait mener la France. Lire la suite

  p. 190-190

Roland Bareilles : Le crépuscule ottoman  ; Privat, 2002 ; 366 pages - Pierre Morisot

Cet hommage d’un petit-fils à son grand-père présente à la fois le parcours hautement pittoresque d’un « personnage étonnant » et un reportage vivant sur la Constantinople d’avant la Grande Guerre. Bertrand Bareilles est un jeune pyrénéen, ouvert et sans façon, engagé dans les années 1880 par le sultan Abdul Hamid comme professeur de ses fils, auxquels vont se joindre au cours des années princes et princesses, enfants des dignitaires de la Cour. Peu soucieux du protocole, à la fois curieux, brouillon et distrait, mettant volontiers les pieds dans le plat, un tantinet cavaleur, se faisant à l’occasion journaliste, échotier, historien ou archéologue, ce Bareilles réussit le tour de force d’évoluer avec aisance auprès d’un souverain méfiant, qui lui réserve toute son indulgence, alors même que notre héros pèche par imprudence et n’est pas trop regardant quant à ses relations multiples et variées. Lire la suite

  p. 190-191

Revue Défense Nationale - Février 2003 - n° 650

Revue Défense Nationale - Février 2003 - n° 650

Le 23 janvier 2003 marque le 40e anniversaire du Traité de l’Élysée, signé par le général de Gaulle et le chancelier Adenauer. Cet anniversaire est l’occasion pour la France et l’Allemagne de conclure, selon les propos du président de la République : « Un nouveau pacte fondateur… Il ne s’agira pas d’un nouveau traité mais d’une déclaration politique forte, assortie de mesures de coopération concrètes dans tous les domaines, témoignant du rôle moteur de nos deux pays dans la construction de l’Europe » (Jacques Chirac : « La politique étrangère de la France », Défense Nationale, octobre 2002).

Nous commémorons cet anniversaire par ce dossier « France-Allemagne » qui permet de dresser le bilan de quarante ans de coopération. Dans la perspective des élargissements (UE et Otan), nous l’avons complété d’articles plus orientés vers l’Est.

Le contexte historique de ce traité de l’Élysée est bien connu de nos lecteurs, mais il nous semble opportun de le resituer dans son environnement de janvier 1963.

Quelques jours avant la signature du traité, le général de Gaulle tenait, le 14 janvier 1963, la fameuse conférence de presse des deux « non » :

– non à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun,
– non à la « force nucléaire multilatérale », acte de naissance de notre force nucléaire, nationale et indépendante de dissuasion et qui aura pour conséquence le retrait français de l’organisation militaire intégrée (1966). Si l'on poursuit notre retour en arrière, l'automne 1962 avait été marqué à l'intérieur par le vote du référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République ; et à l'extérieur, par l'ouverture du concile Vatican II, la crise de Cuba et le refroidissement des relations entre la Chine et l'URSS.

Rappelons enfin que le 3 juillet 1962 la France avait reconnu l’indépendance de l’Algérie, dernière étape du processus de décolonisation. Autre anniversaire, salué par l’année de l’Algérie et la visite officielle du président de la République, qui devrait être pour nous l’occasion de publier ultérieurement un dossier sur ce pays.

Quant à l’Allemagne, Konrad Adenauer en était le chancelier depuis la création de la République fédérale (loi fondamentale de la RFA, 1949), avec Bonn comme capitale. La RFA était membre de l’Otan depuis 1955. En juin 1961 le « mur de la honte » s’érigeait à Berlin, toujours occupé, sans réaction américaine ni otanienne, mais il est vrai que John F. Kennedy n’était pas encore devenu « ein Berliner » (juin 1963).

Que de chemin parcouru en quarante ans !

En cette période de l’année, il n’est pas trop tard pour émettre le vœu que l’Europe retrouve des dirigeants, à la fois hommes de culture et visionnaires, habités d’une ambition digne d’elle et dotés de la volonté implacable de mobiliser leurs citoyens sur un projet politique, économique et social qui donne à l’Europe élargie toute sa place dans un monde qui doit redevenir multipolaire, et enrichie de la coexistence pacifique et tolérante de civilisations différentes.

Vaste programme aurait dit le général de Gaulle ! ♦

Christian Quesnot

Revue Défense Nationale - Février 2003 - n° 650

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