Avec cette mise en perspective générale de la question militaire européenne, l’auteur rappelle la valeur du temps long de l’histoire pour décoder les tensions du présent. Il démontre aussi que la panne observée de l’Europe dite de la défense n’est pas d’essence militaire mais d’ordre politique, c’est le flottement actuel du projet européen qui l’explique. Mais il annonce aussi qu’elle n’est pas définitive et que la relève se profile. Lire les premières lignes

  p. 7-11

C’est d’un électrochoc qu’a besoin la bien mal nommée Europe de la défense pour clarifier ses concepts, redonner confiance en la PSDC et enclencher un processus vertueux et pragmatique, et pour la sortir de l’ornière où la confusion et le manque d’ambition l’ont confinée.  Lire les premières lignes

  p. 12-24

L’Europe militaire dans la RDN

La guerre froide en prenant le relais de la Seconde Guerre mondiale pose la question de l’Allemagne occupée à cheval sur le Centre­Europe. La CED est avancée pour permettre le réarmement de la RFA dans une inté­gration poussée. Cela pose pourtant de multiples questions à la France confrontée à la décolonisation et à sa relance économique. Dès cette période, le processus de décision militaire collectif est sur la sellette. C’est le premier volet de l’analyse des contenus européens de la RDN. Lire les premières lignes

  p. 27-32

L’Europe des « Six » cherche d’abord son équilibre militaire à l’abri de l’arsenal nucléaire anglo-­américain de l’Otan. Mais la crise de Cuba modifie la donne en relativisant l’engagement américain et en affectant la pertinence de l’Otan. La France prend alors ses distances pour se doter d’une force de frappe et les Européens, bien que divisés entre souverainistes et fédéralistes, renforcent leur coopération économique alors que les Américains commencent leur dialogue de limitation d’armement avec les Soviétiques. La stagnation concep­tuelle et militaire européenne caractérise cette deuxième période d’analyse.  Lire les premières lignes

  p. 33-40

Cette période est celle du passage des conditions tranchées de la guerre froide au monde postsoviétique effervescent qui prévaut à la fin de celle­ci. Pour surmonter les crises, la « détente » offre un cadre d’intérêts communs paneuropéens et libère des forces et des ambitions purement européennes dont l’UEO est le vecteur principal. Si la dynamique franco-­allemande prévaut dans la relance européenne et la création de l’Union politique, la priorité allemande va à la réunification et la question de la défense européenne bute sur de nombreux obstacles. Lire les premières lignes

  p. 41-48

C’est après la guerre froide que l’ambition de l’Europe de la défense va progressivement se concrétiser et conduire à un objectif global énoncé en 1999 qui sera partiellement mis en œuvre entre 2000 et 2004. Des structures, des procédures et des opérations, principalement civilo-­militaires, sont alors établies et testées au cours de cette dernière période d’analyse des abondants contenus européens de la RDN. Lire les premières lignes

  p. 49-56

Perspective stratégique

Beaucoup évoquent les difficultés voire la panne de l’Europe de la défense. Ils en prônent la relance. Or, contrairement à l’idée admise, l’Europe de la défense n’est pas une réalité clairement définie au service d’une vision stratégique commune mais un ensemble d’initiatives multilatérales ad hoc. Sa concrétisation nécessite une approche politique plus ambitieuse, à même de lui donner une vraie légitimité. Lire les premières lignes

  p. 59-63

Dans ce propos sans concession, l’auteur démonte l’idée d’une Europe géopolitique à laquelle conduirait une Europe de la défense portée à bout de bras par la France et qui n’a pas convaincu ses voisins. Lire les premières lignes

  p. 64-68

Le paradoxe militaire de l’Europe est qu’on s’y contente d’accommoder les restes militaires de la guerre froide. En la double absence d’une menace militaire mobilisatrice et d’une politique extérieure commune engageante, les armées européennes exécutent des actions expéditionnaires auxquelles elles rechignent et conduisent des pro­grammes hors de leur portée financière. L’Europe de la défense ne peut émerger dans ces conditions. Pour une vraie ambition, il faut à la fois une nouvelle structure et un nouveau cadre. Tel est le paradoxe militaire européen. Lire les premières lignes

  p. 69-77

L’inventaire méthodique des aptitudes opérationnelles collectives des États européens révèle une expérience militaire limitée, des superstructures complexes et une absence de volonté commune d’engager des actions militaires. Mais l’avenir incertain pourrait les mettre rapidement au pied du mur.  Lire les premières lignes

  p. 78-82

Une Europe militaire peut émerger des circonstances et des besoins collectivement ressentis plus sûrement qu’une Europe de la défense au concept inadéquat. Elle devra repartir des intérêts nationaux et utiliser toutes les occasions favorables pour s’établir pragmatiquement.  Lire les premières lignes

  p. 83-87

C’est de réponse d’urgence, de risque consenti et de solidarité que l’auteur traite comme ingrédients d’un patriotisme européen dont il cherche la trace dans les récentes opérations et sollicite la stimulation lors du prochain conseil européen consacré à la défense. Lire les premières lignes

  p. 88-93

C’est dans une ère caractérisée de transition stratégique et forte du bagage institutionnel des entreprises pas­sées que l’UE doit redéfinir son projet stratégique, reconsidérer sa sécurité pour tirer bénéfice de toutes les occasions offertes par l’incertitude actuelle. Elle a des atouts pour constituer un vrai pôle du XXIe siècle. Lire les premières lignes

  p. 94-100

C’est sur la base d’intérêts identifiés et de responsabilités assumées que les Européens peuvent imaginer leur action militaire collective pour sécuriser leur voisinage, protéger leurs intérêts, notamment maritimes, et participer à la stabilité mondiale. Mais il leur faudra relever leur niveau d’ambition militaire.   Lire les premières lignes

  p. 101-106

La situation complexe dans laquelle se trouve l’Union européenne ne saurait occulter la réalité d’une convergence d’intérêts des Européens et des Américains dans la reconfiguration stratégique en cours qu’illustre le pivotement relatif des États-­Unis vers l’Asie. L’Occident transatlantique conserve sa pertinence. Lire les premières lignes

  p. 107-111

La défense européenne n’a pas tenu ses promesses, on le sait. C’est aussi qu’elle a hésité entre trois approches qui reproduisaient ses clivages stratégiques profonds. L’auteur discerne des facteurs actuels propices à une nouvelle dynamique, surtout si l’on sait revenir sur des fondements contestables, ceux­là même qui paralysent son établissement. Mais ici l’ambition doit être partagée et pragmatique. Lire les premières lignes

  p. 112-116

Le regard souvent perplexe porté par les États-­Unis sur la politique de sécurité et de défense de l’UE s’accompagne d’un fort pragmatisme et de la volonté de tirer le meilleur parti des complémentarités potentielles que celle-­ci présente avec l’Otan. Des voies de progrès sont dégagées par l’auteur dans cette direction. Lire les premières lignes

  p. 117-126

C’est à une manœuvre franco-­allemande coordonnée qu’invite l’auteur pour gérer une rivalité renaissante en rééquilibrant vers la Russie l’espace stratégique européen. On pourrait ainsi enclencher une coopération mili­taire fondée sur une vision commune de la conflictualité d’une planète mondialisée et turbulente. C’est une nouvelle ambition européenne qu’il expose.  Lire les premières lignes

  p. 127-134

Pour permettre un rebond stratégique de l’Europe, les travaux qu’a conduits l’Institut européen des relations internationales (IERI) en prévision d’un Livre blanc européen ont inventorié les contraintes qu’imposent à ses projets de sécurité et de défense l’agenda institutionnel de l’UE, la conjoncture internationale, la cohésion politique entre États-­membres et la perspective stratégique à moyen et long terme. Une triade stratégique pourrait dès lors organiser la posture de l’UE.  Lire les premières lignes

  p. 135-139

Pour la Suède, qui a réduit la composante navale de ses forces armées et limité sa dépendance aux approvisionnements énergétiques extérieurs, seule une stratégie maritime collective des pays européens, englobant une forte dimension de sécurité et de défense lui permettra de maintenir une capacité d’action maritime.  Lire les premières lignes

  p. 140-144

Un point est fait sur l’initiative européenne pour les échanges de jeunes officiers qui a pris son essor depuis 2008 et contribue à créer les conditions d’une culture européenne de sécurité et de défense dans l’esprit du processus de Bologne de l’enseignement supérieur européen. C’est un nouvel horizon offert aux cadets européens. Lire les premières lignes

  p. 145-150

Mémoire stratégique

La création du « Comité militaire permanent » de Fontainebleau en septembre 1948, quelques mois après la signature du Pacte de Bruxelles, traduisit la volonté des contractants d’instituer le commandement unique de leurs forces armées, tant d’ensemble que sur terre, sur mer et dans les airs, de mettre ce commandement en mesure de se préparer à sa mission de guerre et d’entraîner les armées, dès le temps de paix, à opérer de concert en se conformant à des principes et procédés identiques, sans que l’on envisageât pour autant de porter atteinte à l’individualité de ces armées par un mélange de leurs unités. Lire les premières lignes

  p. 153-161

Conférence donnée à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le 1er décembre 1969. Lire la suite

  p. 163-174

Exposé du ministre d’État chargé de la Défense nationale devant les auditeurs et les cadres de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le 25 juin 1970 à l’occasion de la clôture de la 22e session. Lire la suite

  p. 175-186

L’épithète « européenne » jouit de nos jours d’une fortune singulière. Accolée à un substantif, elle lui confère instantanément une réalité, une modernité et comme une noblesse indiscutables. Ainsi, de la défense : il suffit de la qualifier d’européenne pour la soustraire à toute mise en question. À la rigueur, vous pouvez vous interroger sur le « quand ? » (mais la réponse est connue : « tout de suite »), sur le « comment ? » (bien sûr, par n’importe quel moyen) ou sur le « combien ? » (« toujours plus »), mais jamais sur le « si ? » et le « pourquoi ? ». La nécessité d’une défense européenne n’a pas besoin d’être démontrée ; il ne faut que l’affirmer. La cause est entendue avant d’être instruite. Il n’est plus temps d’ergoter sur son principe ; la seule urgence est de passer à l’exécution. Lire les premières lignes

  p. 187-192

Mémoire stratégique - Supplément numérique

Revue Défense Nationale - Été 2013 - n° 762

In this general overview of the whole question of European military forces, the author reminds us of the value of looking to the past in order to understand current tensions. Furthermore, he shows that the apparent breakdown of the European defence project does not arise from fundamentally military problems, but political ones, as highlighted by the current wavering over the entire European project. That said, the author also points out that these current problems do not sound its death knell—indeed, hope is on the horizon for its renewal.

The inaptly-named European Defence project is in need of a sharp shock in order to clarify its concepts, to breathe new life into the CSDP and hence to start a new, virtuous and pragmatic process that will bring it out of the slough of despond to which long-term confusion and lack of ambition have condemned it.

As the Cold War took over from the Second World War, questions arose over the position of occupied Germany, straddling the Central European border between East and West. Creation of a European Defence Community was proposed to allow Germany to rearm in the context of strengthened European integration. The proposal (a French one) nevertheless came up against numerous barriers in France, which at the time was confronted by the issues of decolonisation and economic renewal. Since that time, the collective military decision-making process has been in the hot seat. This is the subject of the first part of RDN’s European analysis.

Europe at six initially tried to find its military balance under the Anglo-American nuclear umbrella of NATO. With the Cuban missile crisis, the scene changed markedly when the American commitment was seen to be less than entire, which in turn affected the relevance of NATO. As a result, France stepped back somewhat in order to provide its own nuclear strike force, and the Europeans, though divided between those who insisted upon national sovereignty and those who were federalists, strengthened their economic cooperation. In parallel, the Americans began talks with the Soviets on arms limitation. Analysis of this second period highlights European conceptual and military stagnation.

This period cover the transition from the entrenched positions of the Cold War to the febrile post-Soviet world that followed it. Détente gave rise to a framework of pan-European common interests for overcoming crises, and became the driving force for purely European ambitions, of which the Western European Union was the key. Whilst the Franco-German relationship was a leading factor in the re-launch of Europe and the creation of the political Union, Germany’s priority was the reunification of the country and thus the issue of European defence hit numerous obstacles.

In the years following the Cold War, the project of European defence started to take shape and led in 1999 to the declaration of an overall objective, which was partially put in place between 2000 and 2004. Certain largely civil-military structures, procedures and operations were then set up and tested during the period under analysis in the numerous articles of RDN dedicated to Europe.

Much is spoken of the difficulties involved in constructing European defence, and even of its complete breakdown, and many would wish to see its re-launch. Contrary to what some believe, however, the European defence project has never been clearly defined insofar as it might have any relation to a common strategic vision, and is just a collection of ad hoc, multilateral initiatives. Putting it into practice will require a far more ambitious political approach in order to give it any real legitimacy.

In his hard-hitting article, the author demolishes the idea of the geopolitical Europe that some think could be established through a European defence project, which is in any case held at arm’s length by France and has failed to convince her neighbours.

The military paradox in Europe arises from a willingness to put up with leftovers from the Cold War. In the absence of a military threat to get things moving, and also of a common foreign policy that would lead to all-round commitment, European forces reluctantly conduct expeditionary missions and pursue programmes way beyond their financial reach. Overall European defence simply cannot be constructed under these conditions, and is currently little more than an ill-assorted collection of military odds and ends. To rekindle the fire, a new structure and a new framework are needed: therein lies the European military paradox.

An inventory of the collective military capabilities of European countries reveals limited military experience, complex, often excessive, infrastructure and a lack of will to commit to military action. An uncertain future risks putting them rapidly on the spot.

If based upon the right circumstances and collectively agreed needs, a European military structure could emerge far more surely than any European defence built around an inadequate concept. The starting point would have to be national interests, and it would need to draw upon every favourable occasion in order to become established in a pragmatic manner.

In analysing a number of recent operations, the author sees the response to emergency, accepted risk and broad solidarity as the common ingredients of European patriotism, and calls for their stimulation during the next European Council meeting dedicated to defence.

In this era of strategic transition, heavy with the institutional baggage of the past, the European Union has to redefine its strategy for the future and reconsider its security if it is to benefit from all the opportunities that are opened up by the current state of uncertainty. It has what is needed to be a centre of force for the twenty-first century.

Through identifying their interests and facing up to their responsibilities, Europeans will be able to focus upon collective military action in order to secure their borders, protect those interests—maritime ones, in particular—and participate in global stability. Yet to do this, they have to increase their commitment to military matters.

The European Union’s current complex situation should not be allowed to overshadow an increasing convergence of European and American interests with regard to the strategic realignment that is taking place, as illustrated by the United States’ turn towards Asia. The transatlantic ‘West’ is as relevant as ever.

One thing is certain: European defence has not lived up to its promises. Moreover, it has wavered between three approaches, which reflect deep strategic divisions within the Union. In this article, the author identifies some of the current issues which bode well for giving new dynamism to the project as long as Europeans can look again at the disputed fundamentals which are paralysing it. It is clear that any ambition has to be shared by all nations and, above all, pragmatic.

Whilst the United States is often left baffled by the European Union’s security and defence policy, it nevertheless maintains a strongly pragmatic approach towards the policy and a willingness to get the best from the potential it offers in terms of complementing NATO’s capabilities. The author looks at some possible ways ahead on these issues.

The author calls for a coordinated Franco-German manoeuvre to manage a growing and destabilising rivalry by a re-balancing of European strategic space more in favour of Russia. In this way, military cooperation might be established upon a common vision of the sources of conflict in a globalised and unstable planet. He presents a new ambition for Europe.

In advance of a possible European white paper on defence, the European Institute for International relations has made an inventory of the constraints that the institutional agenda of the European Union impose upon its security and defence projects. The three principal ones are the international situation, political cohesion between member states and the medium and long-term strategic perspective. This strategic triad could now be the basis for establishing the European Union’s posture.

Sweden has reduced her naval forces and limited her dependence on external energy supplies. Henceforth, only a collective European maritime strategy that has within it a strong security and defence element will allow the country to maintain any capability for maritime action.

The author offers an update on the European initiative on exchanges of young officers, which has grown significantly since 2008 and is contributing to creating the conditions for a pan-European culture of security and defence in the spirit of the Bologna Process towards higher European education. A new horizon is opening up for European cadets.

Revue Défense Nationale - Été 2013 - n° 762

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Revue Défense Nationale - Été 2013 - n° 762

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