Novembre 2015 - n° 784

Cyberdéfense et cyberguerre

En 1941, le calculateur Z3, première machine programmable, était mis en service à Berlin pour conduire des analyses statistiques sur l’aérodynamisme. Aux États-Unis, ENIAC, démarré en 1946 et considéré comme le premier ordinateur, avait une masse d’environ 30 tonnes et pouvait calculer des trajectoires de tir en trois secondes. Le cyberespace était né. Lire la suite

  p. 1-1

Le combat numérique est désormais au cœur de tous les enjeux de défense et de sécurité *. En France, les attentats de janvier, qui ont ensanglanté notre pays en son cœur, ont aussi donné lieu à de nouveaux développements de la menace cyber. Il suffit de citer la multiplication des cyberattaques dont la France a fait l’objet depuis ces six derniers mois. Lire les premières lignes

  p. 5-9

Cyberdéfense et cyberguerre

Le combat numérique est déjà une réalité dans la conduite de nos opérations. Nos forces sont engagées depuis plusieurs années dans un processus de montée en puissance de la cyberdéfense en couvrant tous ses aspects avec la volonté de préparer et d’anticiper les cyber-défis de demain. Lire les premières lignes

  p. 11-14

L’espace électromagnétique obéit à des lois physiques bien connues qui sont largement utilisées pour le combat électromagnétique. Le cyberespace en partage de nombreux aspects sans pour autant être similaire. Les évolutions futures verront une liaison encore plus étroite entre ces deux espaces. Lire les premières lignes

  p. 15-21

Le combat numérique devient une réalité opérationnelle pour nos forces avec l’utilisation accrue de systèmes construits autour de technologies civiles. Déterminer des règles d’engagement crédibles pour ces armes numériques est essentiel pour les intégrer dans la manœuvre. Lire les premières lignes

  p. 22-26

Le big data devient aujourd’hui incontournable, y compris dans le domaine de la défense. Les données et leur gestion constituent un nouveau champ d’activités permettant d’accroître et d’améliorer le fonctionnement des armées, ainsi que pour la conduite des opérations. Lire les premières lignes

  p. 27-31

Le djihad a su s’adapter aux évolutions récentes des techniques de communication avec des produits de plus en plus sophistiqués. L’arrivée de nouvelles générations de djihadistes imprégnés de culture Internet pourrait ouvrir la voie à un cyberdjihadisme aux conséquences dramatiques. Lire les premières lignes

  p. 32-38

Les entreprises représentent un enjeu de souveraineté pour les États alors même qu’elles sont désormais une cible privilégiée dans le cyberespace. Assurer la cyberdéfense des entreprises devient vital dans un contexte de guerre économique exacerbée. Lire les premières lignes

  p. 39-44

Les cyberattaques gagnent en complexité à travers l’hacktivisme, où des hackers utilisent des outils de plus en plus puissants pour des finalités diverses, avec une agressivité croissante. La défense des systèmes d’information doit donc s’adapter sans cesse à ces menaces majeures. Lire les premières lignes

  p. 45-48

Les réseaux sociaux ont désormais un impact majeur sur les opinions publiques, au risque d’une information peu fiable, voire manipulée. Mais cette réalité virtuelle est désormais imparable et joue un rôle non négligeable dans les nouvelles formes de conflictualité. Lire les premières lignes

  p. 49-52

L’emploi des réseaux sociaux est une réalité quotidienne des guerres actuelles avec une utilisation par tous les acteurs y compris les plus barbares comme Daesh au Levant. Les contrer dans le champ du cyber est donc essentiel en ayant une vraie capacité offensive. Lire les premières lignes

  p. 53-57

Israël est l’exemple type de la cyber-nation consciente depuis des décennies du besoin de dominer ses adversaires dans le cyberespace. Les efforts consacrés, renforcés par la dualité des approches civilo-militaires confèrent à Israël des capacités sans précédent, même si les cyberattaques ne cessent de croître contre l’État hébreu. Lire les premières lignes

  p. 58-62

Approches régionales - Les frontières

Les frontières actuelles du Moyen-Orient étaient censées permettre le développement d’États reposant sur le principe occidental de l’État-Nation. Or, l’échec, en particulier du nationalisme arabe, est patent tant le modèle importé était peu compatible avec les structures locales fondées essentiellement sur l’Islam. Lire les premières lignes

  p. 65-70

Contrepoint - COP21 : enjeux de défense

La voie maritime est le principal vecteur de mondialisation des échanges. Les armateurs français ont depuis longtemps pris conscience des enjeux énergétiques du transport pour bateau et se sont engagés résolument sur la voie de la transition énergétique, au risque d’une concurrence déloyale par d’autres puissances maritimes. Lire les premières lignes

  p. 71-76

L’océan joue un rôle majeur pour notre planète. Son exploitation – quelle qu’en soit la forme – peut être une opportunité vertueuse en raison des progrès faits dans l’ensemble des techniques liées à la mer. La France possède des atouts qu’il convient de valoriser à l’occasion de la COP21. Lire les premières lignes

  p. 77-83

Voilà dix ans que nous ne sommes pas fichus de conclure la guerre contre des branquignols enturbannés roulant dans des pick-up dégingandés, armés d’AK-47 de fabrication serbo-pachtoune rafistolées au chatterton. Cela ne nous dissuade pas de multiplier les ouvrages et les colloques, à l’image de celui de septembre 2015 sur la « CyberDefense, le combat des guerres de demain » ; comme si celle du Levant comptait pour du beurre et n’était qu’une invention de journalistes en quête de marronnier. Et ce n’est pas du fait d’un titre réducteur puisqu’on a pu y dire que « la Réserve opérationnelle est censée pouvoir puiser dans un pool d’experts en prévention d’une crise future, et évaluer les potentiels de demain ». Lire les premières lignes

  p. 84-84

Repères - Opinions

Les affrontements hybrides semblent être devenus la règle avec une utilisation de la désinformation comme instrument de puissance à part entière. L’exemple de la Russie en Ukraine illustre cette nouvelle forme de guerre où l’ambiguïté des stratégies est systématique. Lire les premières lignes

  p. 87-93

La BITD est un enjeu majeur pour maintenir une véritable souveraineté et une capacité industrielle nationale, tout en s’inscrivant dans une approche européenne répondant aux exigences de la globalisation et ayant une vision dynamique et non autarcique. Lire les premières lignes

  p. 95-100

Les dépenses de recherche et développement (R&D) constituent un élément important du budget de la défense en préparant le long terme. Une étude fine de leur place au sein de la structure budgétaire, étalée sur plusieurs années, permet de distinguer une certaine cohérence entre les ambitions et les décisions. Lire les premières lignes

  p. 101-106

La quête d’alliance a été une constante de la politique étrangère de la France, de l’Ancien régime à nos jours. Avec des alliances profitables et d’autres contre-productives. À l’heure où les équilibres mondiaux changent, il n’est pas inutile de réfléchir à notre situation et à revoir notre positionnement en étant plus ambitieux tout en proposant un projet national. Lire les premières lignes

  p. 107-112

La Méditerranée n’est plus le Mare Nostrum de l’Antiquité mais constitue désormais un espace de fractures opposant Nord et Sud, malgré un destin commun. L’Europe ne peut pas se désintéresser de la rive Sud. Bien au contraire, il importe de reconstruire des passerelles de part et d’autre, ne serait-ce que pour éviter un naufrage hélas possible. Lire les premières lignes

  p. 113-116

Chroniques

Nos sociétés ultra-connectées sont aujourd’hui dépendantes d’un réseau de câbles sous-marins qui parcourt le globe, véritable colonne vertébrale du trafic de communications internationales. Contrairement aux idées reçues – notamment sur la place des satellites – les câbles sous-marins représentent en effet 99 % des flux intercontinentaux. Les câbles de cuivre ont servi le télégraphe et le téléphone, la fibre optique garantit désormais le transport continu et massif des données Internet. Les individus – dans leurs usages privés – comme les entreprises et les administrations – à des fins de gestion – y recourent de plus en plus massivement sous l’effet, notamment, du Cloud Computing (1)Lire les premières lignes

  p. 117-120

Depuis le Traité de Maastricht en 1991 jusqu’à celui de Lisbonne en 2008, les dirigeants européens s’échinent, souvent en vain, à définir l’objectif, le contenu ainsi que le périmètre de ce qu’il est convenu d’appeler l’« Europe de la défense ». En fait, cette notion souffre d’un « péché originel » qui a failli lui être fatal et dont elle peine à se relever, l’échec en son temps, au début des années 1950, de la Communauté européenne de défense, la CED. Lire les premières lignes

  p. 121-123

L’autre jour, je lisais un spécialiste expliquer doctement que Poutine n’était pas un grand stratège. Il aurait perdu l’Ukraine et n’aurait rien gagné en Syrie. Dès lors, pourquoi le qualifier de grand stratège et de remarquable joueur d’échec, qualificatifs souvent lus sous la plume de médias candides et de partisans russophiles ? Lire la suite

  p. 124-124

Recensions

Jean-François Daguzan : La fin de l’État-Nation ? De Barcelone à Bagdad  ; CNRS Éditions, 2015 ; 64 pages - Jérôme Pellistrandi

L’État-Nation, dont la France se veut un modèle à vocation universelle, semble aujourd’hui largement remis en cause, voire rejeté comme base d’organisation d’une société dans son espace géographique. Jean-François Daguzan, directeur-adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), nous propose ici dans un court essai, une réflexion passionnante et pertinente sur la crise de l’État-Nation. Ainsi, en simplifiant à l’extrême, au Sud, dans des espaces structurés par la colonisation, il y a clairement une interrogation sur certaines frontières et pour certains, un refus désormais clairement affiché du modèle d’État importé de l’Occident. Lire la suite

  p. 125-126

Emmanuel Hecht et Pierre Servent (dir.) : Le siècle de sang - Les vingt guerres qui ont changé le monde  ; Éditions Pocket, L’Express, 2015 ; 370 pages - Jérôme Pellistrandi

Le phénomène « guerre » est récurrent de l’histoire de l’Humanité et le progrès technologique n’a fait qu’accroître les périls. Il est désormais loin le temps où l’opinion publique croyait en les « dividendes de la paix », à la suite de la chute du Mur. Et aujourd’hui, la guerre est le quotidien, y compris pour la France engagée sur plusieurs fronts, tant sur le territoire national face à la menace du terrorisme islamiste que dans des théâtres d’outre-mer. Lire la suite

  p. 126-127

Giorgio Agamben : La Guerre civile. Pour une théorie politique de la stasis  ; Points, 2015 ; 79 pages - Audrey Hérisson

Le titre original de ce livre est : Stasis. La guerra civile come paradigma politico. Paru cette année, il a immédiatement été traduit de l’italien par Joël Gayraud. Reprenant deux conférences prononcées à l’université de Princeton en octobre 2001 – quelques jours donc après les attentats du 11 septembre –, l’auteur pose un défi aux lecteurs et par là même justifie la publication, aujourd’hui, de ces textes. Lire la suite

  p. 127-129

Pierre Verborg : Envoyez les hélicos !  ; Éditions du Rocher, 2015 ; 228 pages - Adrien Bourges

Le préambule des Carnets de guerre (Côte d’Ivoire, Libye, Mali) du colonel Verborg plonge, sans détour, le lecteur au sein d’un univers haletant, duquel ce dernier ne pourra réellement se détacher qu’une fois l’ouvrage refermé. Lire la suite

  p. 129-130

Patrick de Pompignan : Colonel Romain-Desfossés, itinéraire d’un rebelle par amour de son pays  ; autoédition, 2014 ; 330 pages - Claude Le Borgne

Romain-Desfossés (1908-1999) est un vieux para colonial quelque peu oublié. On nous le rappelle en titre, c’est un rebelle, engagé dans le putsch d’Alger d’avril 1961 : fin de carrière d’un bagarreur. Son neveu se fait le biographe du tonton – appellation familière qui ne lui aurait pas plu. Romain-Desfossés commence par l’Afrique, trois ans à Nguigmi, suivis d’un bref séjour en Mauritanie. Lire la suite

  p. 130-131

Bernard Costagliola : Darlan, la collaboration à tout prix  ; CNRS Éditions, 2015 ; 405 pages - Claude Le Borgne

La biographie de l’amiral Darlan publiée chez Fayard en 1989 par Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan était le livre de référence. Il faut désormais la mettre en regard de celle-ci, beaucoup plus sévère que la première pour le héros. On relèvera d’emblée que Georges-Henri Soutou, préfacier, apporte sa caution prestigieuse à l’auteur, tout en relevant que celui-ci pose plus de questions qu’il n’en résout. Lire la suite

  p. 131-131

Nos lecteurs connaissent bien Pierre Pascallon. Infatigable promoteur de la défense française, il organise, avec une pertinence jamais démentie, nombre de colloques sur les problèmes que celle-ci soulève. On en compte, depuis 1995, quelque quarante, chacun d’eux ayant fait l’objet d’actes publiés par L’Harmattan. Lire la suite

  p. 132-132

Revue Défense Nationale - Novembre 2015 - n° 784

Cyberdéfense et cyberguerre

Cyber Defense and Cyber War

Digital combat is already a reality in the management of our operations. Our forces have been engaged for several years in a process of development of the cyber defense’s power covering all of its aspects with the will to prepare for and anticipate the cyber challenges of tomorrow.

Electromagnetics obeys the well-known laws of physics that are largely utilized for electromagnetic combat. Cyberspace shares numerous aspects with electromagnetics, yet is not too similar to it. Future evolutions will witness an even tighter liaison between these two spaces.

Digital combat becomes an operational reality for our forces with the growing use of systems constructed around civil technologies. Determining plausible rules of engagement for these digital weapons is essential to integrate them into military maneuvers.

Today, Big Data has become unavoidable, including in the domain of the defense. Data and its management comprises a new field of activity allowing an increase and improvement of the functioning of the armed forces, as well as for the direction of operations.

Jihad knew how to adapt itself to recent evolutions of communication techniques with more and more sophisticated products. The arrival of new generations of jihadists permeating internet culture could open the path to a cyber-jihadism with dramatic consequences.

Businesses represent an issue of sovereignty for the state even though they are currently a favored target in cyberspace. Insuring the cyber defense of businesses becomes vital in a context of exacerbated economic war.

Cyber attacks gain complexity through “hacktivism,” in which hackers use more and more powerful tools for diverse ends, with a waxing aggressiveness. The defense of information systems must therefore adapt unceasingly to these serious threats.

Social networks have a major impact on public opinions, with the risk of unreliable, even manipulated, information. But this virtual reality is inevitable and plays a non-negligible role in new forms of conflict.

The use of social networks is an everyday reality of current wars, used by all parties including the most barbaric such as Daesh in Levant. Countering them on the cyber field is therefore essential, possessing a real offensive capacity.

Israel has been the epitome of the conscious cyber-nation for decades, due to the need to dominate its adversaries in cyberspace. Efforts consecrated and reinforced by the duality of civil-military approaches give Israel unprecedented capacities, even if cyber attacks ceaselessly increase against the Hebrew state.

Regional Approaches–Borders

The Middle East’s current borders were meant to permit the development of states resting on the western principle of the nation-state. Yet, failure—particularly that of Arab nationalism—is evident, as the imported model’s compatibility with local structures based essentially on Islam was limited.

Counterpoint–COP21: stakes of defense

Maritime routes are the principal vector of the globalization of trade. French ship-owners have been aware for a long time of the energetic stakes of shipping transport, and have embarked resolutely on a path of energetic transition, with the risk of dishonest competition from other maritime powers.

The ocean plays a major role for our planet. Its utilization—whatever the form—can be a virtuous opportunity on account of progress made in the ensemble of techniques linked to the sea. France possesses advantages which should be accentuated at the occasion of COP21.

Opinions and Viewpoints

Hybrid confrontations seem to have become the rule, with the use of misinformation as an instrument of fully-fledged power. The example of Russia in Ukraine illustrates this new form of war in which ambiguity of strategies is systematic.

The BITD is a major issue concerning the maintenance of a real sovereignty and a national industrial capacity, all while embarking on a European approach responding to the demands of globalization with a dynamic and non-autarkic vision.

Research and development (R&D) spending comprises an important element of the defense’s budget preparing for the long term. An insightful study of its place at the center of budgetary structure, spread out over several years, permits the identification of a certain coherence between ambitions and decisions.

The quest for alliances has been a constant of French foreign policy, from the bygone regime to our time, with profitable alliances and others that were counter-productive. At a time of changing global equilibrium, it is not useless to reflect on our situation and review our positioning, all while being more ambitious and proposing a national project.

The Mediterranean is not longer the Mare Nostrum of antiquity but constitutes a space of opposing north-south fractures, despite a shared fate. Europe cannot disinterest itself from the south bank. Much to the contrary, it is important to reconstruct links from one part to the other, even if only to avoid an unfortunately possible catastrophe.

Chronicles

Book reviews

Jean-François Daguzan : La fin de l’État-Nation ? De Barcelone à Bagdad  ; CNRS Éditions, 2015 ; 64 pages - Jérôme Pellistrandi

Emmanuel Hecht et Pierre Servent (dir.) : Le siècle de sang - Les vingt guerres qui ont changé le monde  ; Éditions Pocket, L’Express, 2015 ; 370 pages - Jérôme Pellistrandi

Giorgio Agamben : La Guerre civile. Pour une théorie politique de la stasis  ; Points, 2015 ; 79 pages - Audrey Hérisson

Pierre Verborg : Envoyez les hélicos !  ; Éditions du Rocher, 2015 ; 228 pages - Adrien Bourges

Patrick de Pompignan : Colonel Romain-Desfossés, itinéraire d’un rebelle par amour de son pays  ; autoédition, 2014 ; 330 pages - Claude Le Borgne

Bernard Costagliola : Darlan, la collaboration à tout prix  ; CNRS Éditions, 2015 ; 405 pages - Claude Le Borgne

Revue Défense Nationale - Novembre 2015 - n° 784

Cyberdéfense et cyberguerre

En 1941, le calculateur Z3, première machine programmable, était mis en service à Berlin pour conduire des analyses statistiques sur l’aérodynamisme. Aux États-Unis, ENIAC, démarré en 1946 et considéré comme le premier ordinateur, avait une masse d’environ 30 tonnes et pouvait calculer des trajectoires de tir en trois secondes. Le cyberespace était né.

Aujourd’hui, il n’y a pas un domaine de la vie de l’Homme sans une dimension cyber. Pour son bien, à travers de multiples usages, et hélas pour son malheur avec une imagination sans limite, avec des acteurs connus ou clandestins dont l’objectif n’est rien moins qu’a-moral. Certes, la littérature sur la cyberdéfense est désormais abondante et il n’est pas un jour sans de nouvelles publications sur ce thème. Pourtant, il était nécessaire que la RDN revienne sur ce sujet, notamment pour faire un point de situation sur la forte impulsion donnée à la cyberdéfense dans le cadre de la LPM 2014-2019.

La France s’est engagée avec une volonté forte et des moyens dédiés à renforcer ses capacités dans le domaine, y compris sur le plan offensif. En effet, il ne faut pas se leurrer, le cyberespace est devenu un champ de bataille au quotidien dans lequel la menace est permanente et venant de tous les horizons. L’ubiquité et la complexité des cyberattaques sont intrinsèques. De plus, l’accélération technologique et le développement permanent de logiciels et de systèmes de plus en plus performants rendent souvent le bouclier fragile par rapport à la cyber-épée. Les défis à relever exigeront donc un effort permanent s’appuyant sur une capacité à innover, bousculant les vieux principes hiérarchiques et de fonctionnement vertical de nos armées. Défi technique, conceptuel mais aussi humain, indispensable pour préparer la défense de demain. Le débat n’est pas prêt de s’arrêter tant le cyber est devenu prégnant de notre vie et donc des modes de relation conflictuelle auxquels nous sommes confrontés.

Le cyber ne doit cependant pas se substituer au réel et les articles proposés ce mois-ci poursuivent cette réflexion permanente sur notre environnement stratégique, notamment avec la dimension maritime de la COP21 souvent négligée. Après la conférence des ministres de la Défense organisée à Paris le 14 octobre, il s’agit de continuer à examiner tous les enjeux autour du réchauffement climatique dont les conséquences stratégiques se feront sentir demain.

À cet effet, il convient de ne pas oublier les leçons de l’histoire. Un échec politique, bien qu’imperceptible aux yeux d’opinions publiques désormais conditionnées par le zapping médiatique, peut avoir des conséquences plusieurs décennies après. La faillite du projet de la CED – arrivé sûrement trop tôt et trop novateur – se paye encore aujourd’hui… ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Novembre 2015 - n° 784

Cyberdéfense et cyberguerre

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