Février 2019 - n° 817

Formation et commandement

« Quant à moi, si j’ai fait quelque chose de bien, j’en ai été récompensé par le plus grand honneur qui m’ait été décerné dans une longue carrière, celui de commander des hommes tels que vous »

Joseph Joffre

À l’heure où les réseaux sociaux remettant en cause les différentes hiérarchies en proposant un ersatz de forum pseudo-démocratique, le paradoxe actuel – illustré par la crise des Gilets Jaunes – est à la fois la quête d’autorité et le refus de celle-ci. Comme si le gaulois réfractaire à l’ordre allait vaincre les légions romaines à coup de potion magique. Comme lorsque la furia des cuirassiers français allait renverser les bataillons prussiens capables de manœuvrer parce que commandés avec une redoutable efficacité tactique. Or, notre histoire a toujours démontré que la bravoure et le courage ne suffisaient pas pour gagner la bataille et qu’il fallait y rajouter l’intelligence et le charisme basé sur l’exemple du chef – des chefs, du Sommet de l’État au caporal. Lire la suite

  p. 1-1

Formation et commandement

Les différentes réorganisations et restructurations imposées aux armées ont eu une incidence négative sur l’exercice du commandement. Or, pour répondre aux besoins opérationnels, il faut explorer de nouvelles voies pour retrouver une efficacité renouvelée en s’appuyant sur des processus innovants. Lire les premières lignes

  p. 9-13

L’exercice du commandement dans l’Armée de l’air est la résultante d’une expérience acquise depuis un siècle. La technicité des systèmes à mettre en œuvre exige des compétences et une capacité à diriger des aviateurs. Le leadership et le management nécessitent un apprentissage et s’inscrivent tout au long de la carrière. Lire les premières lignes

  p. 14-18

La formation des officiers de l’Armée de terre vise à les rendre capables de remplir la mission reçue dans les conditions les plus exigeantes, en particulier au feu. Cette formation se doit donc d’être réaliste et utile en inculquant à la fois des savoir-faire notamment tactiques et un savoir-être permettant à l’officier d’être un chef. Lire les premières lignes

  p. 19-24

La formation des officiers de marine vise à la fois des marins, des militaires et des ingénieurs aptes à assumer des responsabilités opérationnelles dans un environnement complexe. L’École navale doit donc adapter sa pédagogie pour répondre aux besoins de demain tout en s’appuyant sur un socle solide avec le bon sens marin. Lire les premières lignes

  p. 25-31

La Gendarmerie attache une importance particulière à la formation de ses officiers en leur proposant une très large palette permettant de répondre aux besoins de l’institution et en valorisant l’ouverture et le partage d’expérience. La diversité des parcours ainsi proposés est un atout opérationnel majeur. Lire les premières lignes

  p. 32-36

L’École de l’air assure la formation initiale des officiers aviateurs. Cependant, pour remplir cette mission, elle a fait évoluer son statut pour accroître son dynamisme et devenir une académie « référente » au niveau européen. Cette transformation est la condition pour répondre aux besoins de demain pour l’Armée de l’air. Lire la suite

  p. 37-39

La création de l’École supérieure de Guerre en 1876 répond aux leçons tirées de la défaite contre la Prusse en 1871. L’École a eu pour mission de préparer les officiers à la tactique et a été ainsi un creuset de réflexion doctrinale majeur dont Foch en est un archétype. De fait, la formation dispensée par l’ESG a fortement influencé le commandement français durant la Grande Guerre. Lire les premières lignes

  p. 40-47

Un stratège aujourd’hui n’est pas qu’un technicien de la mise en cohérence de moyens militaires pour une mission donnée. Il n’est pas non plus qu’un individu courageux, capable d’entraîner ses hommes au combat décisif. Il doit aller bien au-delà et être capable de donner un sens à l’irrationnel. Lire les premières lignes

  p. 48-52

Contrepoint – Devoir de mémoire

La mémoire des guerres initiée après 1918 a profondément transformé le lien entre la Nation et ses armées. Les dimensions politiques ont créé des mythes parfois oublieux de la réalité des faits, entraînant des incompréhensions durables, voire des hostilités profondes. Il est nécessaire de retourner à l’histoire pour que ce devoir de mémoire ne soit pas une reconstruction idéologique. Lire les premières lignes

  p. 55-61

Le Centenaire de la Grande Guerre s’est décliné en région. Amiens, particulièrement affecté par le conflit, a profité de ces commémorations pour se réapproprier la mémoire de cette période. Avec de nombreuses manifestations de nature très différente, Amiens a constitué un des exemples de l’importance de ce Centenaire pour mieux préparer l’avenir. Lire la suite

  p. 62-64

Opinions

Les traités nucléaires (TNP – non-prolifération –, Tice – interdiction complète des essais – et Tian – interdiction des armes) n’ont pas les mêmes objectifs et les mêmes approches ni les mêmes vertus. Le Tian, en particulier, s’appuie sur une démarche idéologique, généreuse, mais faisant fi de la géopolitique et au final, il pourrait être beaucoup plus dangereux pour défendre les objectifs qu’il s’était fixés. Lire les premières lignes

  p. 72-79

En 1999, l’opération Trident liée au Kosovo a vu le groupe aéronaval (GAN) autour du porte-avions Foch prendre une nouvelle dimension. Trident a marqué un saut qualitatif majeur souligné par l’interopérabilité avec les Américains, notamment. Cette opération a ouvert la voie au GAN du XXIe siècle. Lire les premières lignes

  p. 80-88

Si les statuts juridiques de la paix ou de la guerre arrivent à être bien décrits, il n’en est pas de même pour les situations intermédiaires, en particulier avec les conflits dits hybrides. Il est important donc de développer ce statut juridique pour répondre aux nouvelles conflictualités. Lire les premières lignes

  p. 89-93

Approches régionales

La crise entre l’Ukraine et la Russie a profondément atteint les trois États baltes qui considèrent que la menace russe est une réalité stratégique mettant en cause leur indépendance. De ce fait, ils sont très attentifs à renforcer la présence de l’Otan comme garantie de sécurité, quitte à agiter le chiffon rouge de manière spectaculaire. Lire les premières lignes

  p. 94-100

Approches historiques

Bombarder une ville avec une super-artillerie ou des missiles balistiques constitue un mode d’action utilisé par des États ou des entités en situation d’infériorité tactique. Ce fut le cas de l’Allemagne nazie avec les V2. L’Irak de Saddam Hussein ou les rebelles houthistes au Yémen ont essayé de déstabiliser leurs adversaires, profitant de l’impact psychologique de ces armes. Lire les premières lignes

  p. 101-106

Cuba a joué un rôle majeur en Afrique à partir des années 1970 avec des objectifs idéologiques orientés vers l’anticolonialisme. L’engagement militaire en Angola a été un succès tactique renforçant le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) d’inspiration marxiste face notamment à l’Afrique du Sud encore sous le régime de l’ApartheidLire les premières lignes

  p. 107-118

Chronique

Alors que dans l’inconscient collectif militaire, le gouvernement de Front populaire est assimilé à un gouvernement au pacifisme exacerbé, et même pour certains, responsable, en tant que tel, de la défaite, c’est l’exact contraire qui se révèle conforme à la vérité historique (1)Lire la suite

  p. 119-121

Recensions

Jean-Pierre Cabestan : Demain la Chine : démocratie ou dictature ?  ; Le Débat, Gallimard, 2018 ; 285 pages - Jérôme Pellistrandi

La Chine a toujours exercé une fascination pour de multiples raisons. Il suffit de penser aux récits de Marco Polo ou aux chinoiseries du XVIIIe siècle. Son histoire millénaire, sa civilisation et ses dimensions hors normes lui confèrent une place à part sur l’échiquier mondial. L’Empire du Milieu a suscité à la fois admiration mais aussi interrogations. Son incapacité à se moderniser réellement au XIXe siècle, à la différence du Japon de l’ère Meiji, lui a coûté très cher en le mettant sous la coupe de puissances extérieures. Cette éclipse a pesé et pèse encore sur la mentalité chinoise, considérant cette période comme humiliante. Lire la suite

  p. 123-124

François-Régis Legrier : Si tu veux la Paix prépare la Guerre – Essai sur la Guerre juste  ; Via Romana, 2018 ; 221 pages - Thibault Lavernhe

La doctrine de la Guerre juste, pensée par les pères de l’Église il y a plusieurs siècles, a-t-elle encore une place et une pertinence dans la conflictualité contemporaine ? À cette question, le colonel François-Régis Legrier répond par l’affirmative et s’attelle dans cet essai à la fois érudit et accessible à montrer pourquoi « les principes de la Guerre juste et plus largement le message de l’Église au sujet de l’organisation sociale et politique peuvent contribuer à redonner au politique ses lettres de noblesse ». Lire la suite

  p. 124-125

Jean-Christophe Notin : Le Maître du secret, Alexandre de Marenches - Légende des services secrets français  ; Éditions Tallandier, 2018 ; 324 pages - Pierre Brière

8 juin 1995 : un cercueil recouvert du drapeau tricolore, d’un burnous et d’un képi de lieutenant du 2e Spahis, sort de la chapelle de l’École militaire, porté par de jeunes officiers du 11e Choc. Alexandre, comte de Marenches, rejoint sa dernière demeure, accompagné du sobre et impressionnant cérémonial militaire. Directeur des services secrets français pendant onze ans, de 1970 à 1981, longévité exceptionnelle pour un tel poste, il a fait du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, ancêtre de l’actuelle DGSE) un service efficace et performant, reconnu dans le monde entier. Lire la suite

  p. 125-127

Bernard Bajolet : Le Soleil ne se lève plus à l’Est  ; Plon, 2018 ; 460 pages - Thibault Lavernhe

C’est un passionnant voyage que nous propose Bernard Bajolet. Un voyage dans le temps, celui des décennies 1970 à 2010, durant lesquelles il consacra trente-huit années de sa vie à la diplomatie – en ambassade et au Quai d’Orsay – et sept années au renseignement – comme coordonnateur national du renseignement (CNR) et patron de la DGSE. Un voyage dans l’espace, celui de l’arc de crise, de l’Algérie à l’Afghanistan en passant par les Balkans, la Jordanie, la Syrie et l’Irak où il fut à plusieurs reprises le représentant de la France. Se désignant volontiers comme « indépendant », cet « ambassadeur peu diplomate » livre ici un récit de première main des événements qui ont secoué le Moyen-Orient depuis quarante ans, en mêlant anecdotes, réflexions personnelles et mise en perspective historique. Lire la suite

  p. 127-128

Michel Goya : Les Vainqueurs - Comment la France a gagné la Grande Guerre  ; Tallandier, 2018 ; 350 pages - Serge Gadal

Face à une historiographie anglo-saxonne dominante, qui fait la part belle à la contribution de l’armée britannique, puis de l’armée américaine, lesquelles se seraient substituées à une armée française épuisée par les épreuves, il était nécessaire de redonner aux événements de 1918 leur juste appréciation. L’intention du colonel Goya dans Les vainqueurs est ainsi de « décrire la contribution réelle de l’armée française dans la victoire », grâce à « une analyse des tactiques, un champ largement négligé en France jusque-là, une description de la manière dont les combats sont conjugués en opérations, un autre aspect si peu décrit en France, et les effets stratégiques enfin de ces opérations ». Lire la suite

  p. 129-131

Madeleine Kérisit : 1914-1918 - Les marins pêcheurs sous le feu ennemi  ; Éditions SPE Barthélémy, 2018 ; 320 pages - Emmanuel Desclèves

Des centaines, plus certainement des milliers de morts, mais qu’importe ? Des chiffres bien faibles comparés aux millions de victimes militaires et civiles de cette terrible guerre mondiale. Cependant, bien des marins pêcheurs français sont morts dans les tranchées, sous l’uniforme. Mais combien plus encore ont disparu en mer, dans leurs tenues de travail, alors qu’ils œuvraient au ravitaillement de leurs compatriotes. Ces modestes travailleurs de la mer ont été ignorés des grands recensements et des commémorations organisés après la victoire. Ce beau livre, très bien documenté et largement illustré, leur rend un juste hommage. Lire la suite

  p. 131-131

Revue Défense Nationale - Février 2019 - n° 817

Formation et commandement

Training and Command

The various policies of reorganisation and restructuring that have been imposed on the forces have had a negative impact on the exercise of command. Thus in order to respond to operational requirements there is now a need to explore new paths to achieve greater effectiveness by drawing on innovative processes.

The exercise of command in the Air Force is the result of a century of experience. The high-tech nature of the systems operated demands many skills, including the ability to direct airmen. Leadership and management have to be learned, then put into practice throughout a career.

The training of Army officers is focused on preparing them for achieving their missions in the most demanding conditions and, in particular, under fire. Such training has therefore to be realistic and appropriate, as it must instil both tactical skills and those needed for the officer to become a leader.

Naval officers’ training focuses on naval, military and engineering candidates who show the ability to take on operational responsibilities in a complex environment. The École navale (Naval College) must therefore adapt its teaching methods to prepare for tomorrow’s needs, building on a solid foundation of maritime common sense.

The Gendarmerie attaches particular importance to the training of its officers in offering them a wide range of competences that will allow them to fulfil the needs of the organisation and at the same time emphasising an openness of mind and exchange of experiences. The diversity of career paths thus opened up is a major operational advantage.

The École de l’air (Air Force College) conducts initial training for Air Force officers. To accomplish this task, it has enthusiastically developed its procedures in order to become an academy of repute within Europe. The ability to respond to future needs of the Air Force was conditional on such a transformation. Read more

The creation of the École supérieure de Guerre (Senior War College) in 1876 was the response to lessons learned from the defeat by Prussia in 1871. The College’s mission was to train officers in tactics: it became a melting pot of doctrinal thought, Foch being a prime example of its output. Training at the College strongly influenced French command during the Great War.

Strategy today is neither simply some mechanical method of matching military assets to a given mission, nor does it rely on some courageous individual who is able to carry his men into decisive combat. It has to go well beyond these concepts and be capable of giving sense to the otherwise irrational.

Counterpoint–The Duty to Remember

Remembrance of wars since 1918 has profoundly changed the link between the nation and its armed forces. Political overtones have created myths that sometimes suppress the reality of facts and which lead to long-lasting misunderstanding and even to deep hostility. We have to look back into history to ensure that the duty of remembrance does not become some ‘ideologically correct’ reconstruction.

The different regions of France have had different approaches to marking the centenary of the Great War. Amiens, a town particularly affected by the conflict, has taken advantage of the commemorations to rekindle remembrance of that period. Through a number of diverse events, the town has become a prime example of using the centenary to prepare better for the future. Read more

Opinions

Nuclear treaties, including the NPT (Non-Proliferation of Nuclear Weapons), CTBT (Comprehensive Test Ban) and TPNW (Prohibition of Nuclear Weapons), have widely differing objectives, approaches and virtues. For example, the TPNW is based on an ideological, somewhat liberal approach, but one which flouts geopolitical considerations to the extent that defending its objectives could turn out to be the more dangerous path.

During Operation Trident (relating to Kosovo) in 1999, the naval-air group based around the aircraft carrier Foch took on a new dimension. Trident was a major advance in many respects, not least of which was improved interoperability with American forces. The operation opened the way for the naval-air group to respond to twenty-first century needs.

Whilst the legal definitions of peace and war are well on the way to being agreed, it is not the same for intermediate situations, including those referred to as ‘hybrid’. It is therefore important to progress with clarifying such legal definitions and status in order to respond to new types of conflict.

Regional Approaches

The crisis between Ukraine and Russia has caused great concern in the three Baltic States, which consider Russia a genuine strategic threat to their independence. Because of that, they are very keen to strengthen the presence of NATO forces as a guarantee of security even if that means spectacular waving of a red rag to the Russian bull.

Historical Approaches

Bombing a city with super guns or ballistic missiles is generally the resort of a state or entity in an inferior tactical position—a case in point being the use of V2 rockets by Nazi Germany. Similarly, Saddam Hussein in Iraq and the Houthi rebels in Yemen each tried to destabilise their adversaries by using the psychological impact of such weapons.

Cuba played a major role in Africa from the 1970s, advancing ideological objectives directed at anti-colonialism. The military commitment in Angola was a tactical success that boosted the Marxist inspiration of the MPLA particularly in the face of the apartheid regime in South Africa.

Chronicle

Book reviews

Jean-Pierre Cabestan : Demain la Chine : démocratie ou dictature ?  ; Le Débat, Gallimard, 2018 ; 285 pages - Jérôme Pellistrandi

François-Régis Legrier : Si tu veux la Paix prépare la Guerre – Essai sur la Guerre juste  ; Via Romana, 2018 ; 221 pages - Thibault Lavernhe

Jean-Christophe Notin : Le Maître du secret, Alexandre de Marenches - Légende des services secrets français  ; Éditions Tallandier, 2018 ; 324 pages - Pierre Brière

Bernard Bajolet : Le Soleil ne se lève plus à l’Est  ; Plon, 2018 ; 460 pages - Thibault Lavernhe

Michel Goya : Les Vainqueurs - Comment la France a gagné la Grande Guerre  ; Tallandier, 2018 ; 350 pages - Serge Gadal

Madeleine Kérisit : 1914-1918 - Les marins pêcheurs sous le feu ennemi  ; Éditions SPE Barthélémy, 2018 ; 320 pages - Emmanuel Desclèves

Revue Défense Nationale - Février 2019 - n° 817

Formation et commandement

À l’heure où les réseaux sociaux remettant en cause les différentes hiérarchies en proposant un ersatz de forum pseudo-démocratique, le paradoxe actuel – illustré par la crise des Gilets Jaunes – est à la fois la quête d’autorité et le refus de celle-ci. Comme si le gaulois réfractaire à l’ordre allait vaincre les légions romaines à coup de potion magique. Comme lorsque la furia des cuirassiers français allait renverser les bataillons prussiens capables de manœuvrer parce que commandés avec une redoutable efficacité tactique. Or, notre histoire a toujours démontré que la bravoure et le courage ne suffisaient pas pour gagner la bataille et qu’il fallait y rajouter l’intelligence et le charisme basé sur l’exemple du chef – des chefs, du Sommet de l’État au caporal.

Plus que jamais, pour répondre aux défis de demain, la formation et le commandement sont l’ADN de notre système militaire et constituent un défi permanent avec une double tentation : reproduire un système maîtrisé et donc considéré comme fiable ou innover en estimant que le lien au passé est un frein à la modernité. De fait, la réponse se doit d’être plus subtile comme le montre le dossier de ce mois avec des approches d’ailleurs différentes et pouvant poser question, ouvrant ainsi le débat sur la finalité de la formation au commandement avec l’équilibre délicat entre militarité et civilianisation académique. Cela impose une réflexion permanente sur nos besoins opérationnels en n’oubliant jamais que notre environnement politique et stratégique est en pleine mutation. Ainsi, nos jeunes élèves-officiers qui viennent de rentrer en École sont nés en 2000. Ce seront les colonels de 2040 et les généraux de 2050. Il faut donc leur donner – à défaut de boule de cristal ou d’IA dévoyée – les capacités de comprendre ces mutations et d’être des chefs capables d’évoluer et de décider dans l’incertitude.

Cette incertitude se reflète ici dans les articles proposés en « Opinions » ou dans les « Approches régionales ». Aux équilibres classiques déclinés jusqu’à la fin de la guerre froide, aujourd’hui, l’hybridité des crises et des conflits remet en cause les principes traditionnels de la guerre si bien définis en son temps par Foch. Plus que jamais, c’est bien la perception de l’action par les différents protagonistes qui lui donne son sens ; au risque de construire une image déformée de la réalité. Ainsi, une victoire tactique peut se transformer en défaite stratégique. D’où l’impérieuse nécessité du dialogue entre les chefs militaires et l’autorité politique pour que la mission soit clairement définie dans la durée et que les moyens nécessaires soient consentis. C’est le prix à payer pour gagner la guerre. Cela passe aussi par la formation de nos élites politiques sur les questions de défense et là, le débat est ouvert. ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Février 2019 - n° 817

Formation et commandement

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