Ancien ambassadeur. Essayiste et enseignant. Auteur d’Ukraine – février 2023, Éditions Hémisphères, Maisonneuve et Larose, 2023, 465 pages.
Chaque jour l’actualité nous rappelle l’importance des océans dans notre vie quotidienne et notre sécurité. Qu’il s’agisse des Houthis, menaçant le transport maritime en mer Rouge, la mission du Charles-de-Gaulle dans un cadre otanien, la montée en puissance de la marine chinoise avec en visée d’atteindre le chiffre de six porte-avions en 2030 ou encore le corridor maritime sécurisé de la mer Noire permettant à l’Ukraine d’exporter de 33 à 40 millions de tonnes de céréales – dont les revenus sont essentiels à sa survie. Les citations sur le rôle des océans fourmillent : « L’homme intelligent aime l’eau l’homme raisonnable les montagnes » (Confucius), « L’activité des hommes se tournera de plus en plus vers la recherche de l’exploitation de la mer, et naturellement, les ambitions des États chercheront à dominer la mer pour en contrôler les ressources » (Charles de Gaulle). Lire la suite
Parmi les livres – Guerre économique et économie de guerre (T 1635)
- Eugène Berg - 8 pagesDans son nouveau Parmi les livres, Eugène Berg analyse, à la lumière de l'actualité, les notions de guerre économique et d'économie de guerre. Complémentaires, contemporains, ces phénomènes géopolitiques transforment complètement la manière d'envisager le monde, la géopolitique et les relations internationales.
Parmi les livres - Quelles leçons tirer de Diên Biên Phu ? (T 1601)
- Eugène Berg - 5 pagesÀ l'occasion des commémoration des 70 ans de la bataille de Dien Bien Phu, Eugène Berg analyse les ouvrages de Pierre Servent et de Pierre Pelissier qui offrent des grilles de lectures sur les leçons que nous devons tirer de la défaite de Diên Biên Phu, en mai 1954.
Deux mois après avoir été investi, le nouveau Président des États-Unis prend la décision d’envoyer des navires de guerre en Méditerranée. Il le fait sans l’accord explicite du Congrès, pourtant requis par la Constitution, car il juge la situation urgente et la guerre inévitable. Ce qu’il ignore, c’est que cette guerre lui a déjà été déclarée. Elle sera décisive pour l’avenir de son pays. Peu d’Américains et encore moins d’étrangers savent que cette opération – la première intervention armée des États-Unis, eut pour cadre l’Afrique du Nord, connue aux États-Unis comme la Barbarie (Barbary) et fut l’œuvre de Thomas Jefferson. Ni le pétrole, ni Jérusalem ne déchaînaient alors les passions outre-Atlantique. En fait, il faudra attendre que Franklin Delano Roosevelt ait une politique globale à l’égard de ce grand Moyen-Orient qui, pour Washington, s’étire du Maroc au Caucase. À ceci près qu’une esquisse a auparavant été ébauchée sous la présidence de Woodrow Wilson, le père de la SDN et de la diplomatie publique. Car déjà les États-Unis, juste entrés en guerre, eurent à se prononcer sur la déclaration Balfour prévoyant l’instauration d’un « foyer national » juif en Palestine. Si Wilson, un moment, hésita à apporter son soutien, ce fut sous l’influence de Louis Brandeis, le premier juif à intégrer la Cour suprême. Puis se posa la question de la fondation d’un État arménien, à propos de laquelle la Maison-Blanche entendit préserver sa neutralité afin d’éviter que l’opinion turque ne se tourne contre les États-Unis. Lire la suite
On a beaucoup parlé du régiment Azov qui, pendant près de trois mois, a résisté, au printemps 2022, dans les souterrains de l’usine Azovstal à Marioupol, avant d’être contraint à se rendre afin d’éviter un bain de sang inutile. Au nombre de 2 500 au début du siège, ses combattants ne seront plus que 900 qui acteront leur reddition aux côtés du millier de militaires survivants. À ce jour, les morts, principalement civils survenus à Marioupol, sont évalués entre 5 000 et 20 000. Adrien Nonjon, doctorant au centre de recherche Europe-Asie, qui observe depuis 2014, la question du rôle tenu par l’extrême droite radicale dans l’Ukraine ravagée par la guerre a cherché à en décrypter la véritable nature. Il n’est pas facile de réduire Azov à une simple épithète : « Nationalisme », « patriotisme », « bandérisme », « néonazisme » ? Au moins une vingtaine de définitions lui ont été collées. Lire la suite
Pour les lecteurs n’ayant pas eu l’opportunité d’aborder l’histoire croisée de l’Ukraine et de la Russie d’Andreas Kappeler, il leur en donnera l’occasion dans sa nouvelle édition actualisée (la première date de 2017). Il a ajouté une trentaine de pages relatives à l’agression russe du 24 février 2022 dont il décrit le cheminement et les grandes étapes. À ses yeux, la métaphore des frères inégaux, qu’il a employée tout au long de son ouvrage, se justifie pleinement : le macho Poutine, qui dirige d’une main de fer la famille patriarcale russe, ne peut tolérer la trahison du frère félon. Pourtant, bien que la Russie ait pris congé de l’Europe pour se tourner vers la Chine et l’Asie, le professeur émérite à l’Université de Vienne ne croit pas qu’il s’agisse d’une rupture définitive. Le futur reste ouvert, certes, mais John Maynard Keynes n’a-t-il pas écrit que, dans le long terme, nous serons tous morts.
On sera peut-être étonné du titre de ce bel ouvrage, qui cent ans après la création de l’Association française d’action artistique (AFAA), transformée en Institut français, dresse un panorama inédit d’un aspect parfois méconnu de notre diplomatie : la diplomatie culturelle. C’est que la diplomatie culturelle, le Soft Power ou pouvoir feutré comme l’a dénommé Gérard Chaliand, influence pour ne pas dire bénéficie d’un véritable prestige, autant de synonymes pour moderniser une expression qui était devenue un peu surannée. Depuis le règne de Louis XIV, la France a l’habitude de faire partie des puissances qui occupent le devant de la scène. Certes, l’époque où l’Europe vivait au rythme des manœuvres du Roi-Soleil est caduque, mais la France reste au rang des sept ou huit puissances d’influence mondiale. Aujourd’hui, à l’aube du deuxième quart du XXIe siècle, préserver la situation et élaborer, en fonction des impératifs géopolitiques, un système de diffusion mondial de la pensée française et son parler restent les mots d’ordre de notre politique extérieure. Ce système s’appuie sur divers leviers, que décrit avec force et conviction Guillaume Frantzwa, conservateur du patrimoine au Centre des Archives diplomatiques. Les opérations de prestige sont confiées à de grands établissements – comme la Villa Médicis de Rome. Les partenariats faisant cohabiter ou voyager les consommateurs de certains secteurs comme l’enseignement et le tourisme ; le travail de sensibilisation de terrain est délégué à plusieurs réseaux parallèles, souvent – mais non exclusivement – sous le contrôle de l’État, au plus près des populations. La notion de « diplomatie d’influence » s’impose désormais à la faveur des besoins de réforme. Lire la suite
Voici un très synthétique et solide ouvrage, d’un des grands experts de l’Asie et de la Chine, fondateur et président d’honneur de l’Institut HEC Eurasia. On y trouvera d’abord une réflexion sur le sujet d’une seule Chine qui, en passant de l’histoire à la situation actuelle, montre en quoi la question de Taïwan est devenue existentielle, tout en étant un objet diplomatique radioactif. En 2005, l’Assemblée nationale populaire de Pékin passa une loi, votée avec 2 896 voix favorables et 2 abstentions, consacrée exclusivement à Taïwan, qui condamnait par avance des menées sécessionnistes. Lire la suite
Parmi les livres – Ukraine, Russie, Occident : la tectonique des plaques (T 1535)
- Eugène Berg - 6 pagesL'ancien ambassadeur Eugène Berg nous livre son traditionnel « Parmi les livres » en analysant les sorties récentes sur la guerre en Ukraine.
Au moment où l’on déplore le manque de grands leaders, la lecture de ce dernier livre du centenaire de Henry Kissinger est utile, tout en laissant une trace de nostalgie. Au sein de toutes les institutions humaines, le leadership est indispensable pour aider les gens à se rendre de l’endroit où ils sont à un point où ils n’ont jamais été et, parfois, ils ont peine à imager qu’ils puissent y aller. Lire la suite
Au moment où l’on s’interroge sur la nature du pouvoir russe, s’agit-il d’une dictature, ou d’un pouvoir mafieux, cet ouvrage fort bien documenté tombe à pic. Il a fallu réunir le savoir de deux experts pour fournir une telle masse d’informations. Le premier, historien russo-américain, universitaire, expert internationalement reconnu de l’Union soviétique et de la Russie contemporaine, Yuri Felshtinsky, est l’auteur de divers ouvrages traduits dans plusieurs langues dont Blowing Up Russia, écrit avec l’ex-espion tué au polonium, Alexandre Litvinenko. Le second, ancien officier de l’Armée rouge en RDA et lieutenant-colonel du KGB, Vladimir Popov est un opposant en exil. Tous deux ont codirigé la somme The KGB Plays Chess: The Soviet Secret Police and the Fight for the World Chess Crown. Lire la suite
Membre associé du Laboratoire de recherche en management Larequoi de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines/Université de Paris-Saclay, Souleymane Doumbia défend l’idée que le Sahel n’est pas seulement le territoire des extrémistes, mais une digue qui stoppe la déferlante djihadiste à l’intérieur de l’Afrique. Si cette digue saute, nous entrerons dans le scénario du pire. À ses yeux cette hypothèse n’est pas assez mise en avant par les chefs d’État du Sahel qui font du terrorisme une affaire interne. Peut-on le démentir ? Lire la suite
Selon bien des projections, l’Allemagne, aujourd’hui 4e puissance économique du monde, demeurerait parmi les dix plus importantes qui auront émergé en 2050, en prenant en compte l’Inde, le Brésil, l’Indonésie et certains autres. La France, actuellement 7e économie mondiale, ne figurerait, en 2050, qu’entre la 10e et la 20e place. La convergence de continuelles prévisions rend très plausible un tel scénario. La France décroche dans de nombreux secteurs économiques et cet ouvrage a pour objet de le démontrer. L’Allemagne progresse dans le domaine économique. Elle attire la quasi-totalité des migrants arrivant en Europe. Lire la suite
Vincent Jauvert, grand reporter à L’Obs, enquête depuis trente ans sur les importants dossiers d’espionnage contemporains, et a eu le privilège de rencontrer, un peu partout dans le monde, maîtres espions, taupes et officiers traitants, ainsi que d’autres grands responsables comme Zbigniew Brezinski, le conseiller à la Sécurité nationale du président Jimmy Carter (1977-1981) ou Colin Powelll, le secrétaire d’État de George Bush, qui toute sa vie regrettera de s’être fait piéger par la CIA en « dévoilant » dans son discours du 5 février 2003 que l’Irak de Saddam Hussein était en possession d’armes de destruction massive. Plus que jamais, surtout depuis la guerre en Ukraine, avec les divulgations de la CIA, les affaires de contre-espionnage nous fascinent parce qu’elles conjuguent trahison, manipulation et secrets d’État – intime et politique. Lire la suite
La victoire du parti indépendantiste d’Oscar Temaru, lors des élections territoriales des 30 avril-1er mai 2023 en Polynésie française, met une fois de plus en valeur que revêt l’Indo-Pacifique pour la France, qui entend y demeurer une « puissance stabilisatrice », en dehors du conflit croissant entre les États-Unis et la République populaire de Chine. Cela démontre l’intérêt des différentes chroniques et articles qu’Hervé Couraye, résident au Japon depuis 2001, a réuni dans son ouvrage au sous-titre « Chroniques de Tokyo ». La France y est présente avec ses Départements ou Régions et Communautés d’outre-mer (DROM-COM), qui représentent une population totale de 1,65 million d’habitants. 93 % de la Zone économique exclusive (ZEE) française est située dans les océans Indien et Pacifique. Par ailleurs, on compte dans les pays de la zone environ 150 000 Français résidents, plus de 7 000 filiales d’entreprises implantées et 8 300 militaires en mission au sein de forces prépositionnées. Lire la suite
Parmi les livres – Guerre en Ukraine (T 1493)
- Eugène Berg - 4 pagesDans son traditionnel « Parmi les livres » l'ambassadeur Eugène Berg revient sur la littérature récente sur la guerre en Ukraine, réflexions sur un nouvel ordre international et sur les évolutions à venir du conflit, qui tend à durer.
Depuis des années, mais surtout depuis le 24 février 2022, on s’interroge sur les raisons de la longévité de l’équipe dirigeante russe, on scrute les peurs qu’elle suscite, on mesure les intérêts économiques qu’elle sécurise et aux soutiens sociaux dont elle bénéficie. En explorant dans cet ouvrage les ressorts de l’exercice du pouvoir en Russie, Gilles Favarel-Garrigues, directeur de recherche au CNRS (Sciences Po-CERI), examine les usages politiques et sociaux de la coercition, en analysant la mise au pas des responsables politiques et administratifs, l’usage de l’intimidation dans le monde des affaires et les initiatives citoyennes dans la lutte contre la délinquance et les incivilités. Lire la suite
Albert Pahimi Padacké a été Premier ministre du Tchad de février 2016 jusqu’à la suppression constitutionnelle de ce poste (mai 2018). À la mort du président Idriss Déby Itno (avril 2021), le Conseil militaire de transition l’a, à nouveau, nommé Premier ministre du gouvernement de transition, fonction qu’il a occupée jusqu’en octobre 2022. Il montre que le continent africain, plus que d’autres, vit dans une instabilité quasi chronique. Quelques chiffres à l’appui de cet amer constat : 16 des 54 États sont englués dans des conflits de longue durée ; 66 000 Casques bleus de l’Organisation des Nations unies, soit 70 % de leur effectif total, sont déployés en Afrique et 135 coups d’État (ou tentatives) sont survenus depuis 1960. Cette instabilité « clinique » ne manque pas d’inquiéter et, conjuguée aux problématiques de croissance démographique et de réchauffement climatique, hypothèque gravement le développement économique et social ainsi que l’avenir des générations africaines. Lire la suite
Alors qu’Henry Kissinger s’apprête à fêter ses 100 ans, plusieurs ouvrages mettent en lumière les relations complexes mais riches que le général de Gaulle entretenait tant avec les États-Unis qu’avec l’URSS, une URSS derrière laquelle il voyait d’abord la Russie impériale. En 1969, de Gaulle discutait des affaires du monde avec Nixon et son conseiller Kissinger. Du XIXe siècle au XXIe siècle… Lire les premières lignes
À l’heure où l’on se demande si les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés en Ukraine par l’armée russe, seront poursuivis, et leurs principaux responsables jugés, l’ouvrage de Roger K. Koudé professeur de droit international et titulaire de la Chaire UNESCO « Mémoire, Cultures et Interculturalité » à l’Université catholique de Lyon, expert auprès des organisations internationales, tombe à point nommé. Si l’importance de la justice pénale internationale dans l’évolution du monde n’est plus à démontrer, maigres ont été jusqu’à présent ses résultats, tant les obstacles se sont accumulés pour juger les dirigeants des manquements au droit de la guerre. Lire la suite
Aujourd’hui, on parle de plus en plus de troisième guerre mondiale. Les uns considèrent qu’elle a déjà commencé, les autres redoutent que nous y plongions si les alliés de l’Ukraine franchissent de nouvelles lignes rouges en lui livrant des avions de chasse en grand nombre, ainsi que des missiles à longue portée type ATAMC. On oublie que le pape François avait évoqué la « guerre mondiale en morceaux », dès 2019. Le Président Macron a évoqué, bien avant la pandémie – et il ne fut ni le premier ni le seul, dans les années 1930, avec la recrudescence des nationalismes –, la xénophobie, la montée des régimes autoritaires, les flambées populistes, le rejet des élites mondialisées. Lire la suite
« La Russie, c’est le Congo plus la bombe atomique », « La Russie est le 55e pays d’Afrique ». Au-delà de telles boutades, déjà bien anciennes, les lecteurs se demanderont pourquoi se lancer dans une telle comparaison, d’évidentes différences existant entre la Russie et l’Afrique. L’intérêt du sujet est pourtant réel, surtout au moment où, malgré la guerre en Ukraine, la Russie poursuit sa pénétration en Afrique, avec visiblement certains succès, comme l’a montré le récent exemple du Burkina Faso. Lire la suite
C’est sous ce titre que Thierry Coville, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) présente l’Iran d’aujourd’hui, alors que le mouvement de protestation politique, qui a déjà provoqué près d’un millier de victimes, n’avait pas encore commencé. Le pays des mollahs s’appuie de plus en plus sur les autres autocraties, Russie et Chine, qu’il a rejointes au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai, intégrée le 15 septembre 2022, lors du sommet de Samarkand. On sait que Téhéran aspire à devenir la principale puissance régionale au Moyen-Orient, mais pourra-t-il accomplir ce vœu, tant que son économie sera en crise. Il dépend toujours des exportations pétrolières – 3e réserve mondiale, 40 % des exportations et 33 % des revenus de l’État –, mais les sanctions restreignent sa production à 1,5 million de barils par jour, alors qu’il pourrait en réaliser trois fois plus. Depuis 2005, ses exportations ont été divisées par quatre. C’est surtout dans le gaz naturel que l’Iran pourrait jouer un rôle considérable, possédant les deuxièmes plus grandes réserves mondiales, alors qu’il n’en exporte que 6,6 milliards de dollars en 2019, soit 1 % des exportations mondiales, contre 14 % pour la Russie en 2021. Lire la suite
Parmi les livres – Géopolitique de la mer et Indo-Pacifique (T 1465)
- Eugène Berg - 3 pagesDans son tour d'horizon géopolitique, l'ancien ambassadeur Eugène Berg analyse trois ouvrages qui reviennent sur le thème important de l'Indo-Pacifique avec le prisme de l'enjeu maritime dans les questions géopolitiques du moment.
Colloques, manifestations, expositions...
Institutions, ministères, médias...