Capitaine de vaisseau, Officier de programme du Porte-avions de nouvelle génération (PANG).
En ces temps d’innovation et de renouvellement de pans entiers de notre panoplie capacitaire, il est toujours utile, pour une saine inspiration, de se plonger dans les success stories du passé. Incontestablement, l’aventure de l’AEGIS, ce système de combat naval révolutionnaire, en est une. Pensé à la fin des années 1960, conçu dans les années 1970 et mis en service au tout début des années 1980 avec l’admission au service actif du croiseur Ticonderoga (CG47), ce système de combat, articulé autour du triptyque anti-aérien « radar à balayage électronique et antennes plaques–missile SM-2MR (Standard Missile 2–Medium Range)– automatisation de l’engagement », est en effet emblématique d’un changement ambitieux et parfaitement réussi, dont l’US Navy recueille encore largement les fruits quatre décennies plus tard, et sans doute encore pour longtemps. Lire la suite
Parmi les livres – Asma Mhalla — Technopolitique : Comment la technologie fait de nous des soldats (T 1654)
- Eugène Berg, Thibault Lavernhe - 5 pagesThibault Lavernhe et Eugène Berg donnent leur analyse de l'ouvrage d'Asma Mhalla, Technopolitique. Si l'un voit en cet ouvrage un plaidoyer pour concilier démocratie et technologie, l'autre considère que nous sommes entrés dans une ère d'affrontement technologique.
Incontestablement accrocheurs, la couverture et le titre incitent à parcourir cet essai qui traite d’une question récurrente dans le débat d’idées sur le format de l’US Navy : quelle place pour les porte-avions et leurs groupes aériens embarqués au sein de la première flotte mondiale ? Question épineuse, objet de débats virulents à Washington, que cet ouvrage, écrit par un jeune officier supérieur issu du monde des sous-marins, traite avec un mélange de détermination et de candeur qui, à lui seul, illustre la liberté de ton en vigueur au sein de l’US Navy. Lire la suite
Mai 2028. Alors que Washington est confronté à une crise climatique précoce et que l’Administration en place est contrainte par la perspective des élections présidentielles qui approchent, les maîtres de Pékin décident de passer à l’offensive pour reprendre la province rebelle de Taïwan. Le moment est favorable : en 2028, la People’s Liberation Army (APL) recueille les fruits de deux décennies de réformes et de modernisation, la démographie chinoise n’est pas encore totalement défavorable, les États-Unis ont les yeux rivés ailleurs et n’ont pas encore totalement achevé leur renforcement militaire dans le Pacifique. Le successeur de Xi Jinping lance alors l’opération du siècle, qu’il espère courte. L’invasion de Taïwan est menée depuis la côte est chinoise, de manière fulgurante, dans tous les champs et dans tous les milieux. Frappes de décapitation, bombardements intensifs sur Taïwan et sur les forces américano-japonaises du Pacifique, verrouillage du détroit de Taïwan par des essaims de drones sous-marins, assauts amphibies, désinformation tous azimuts… toute la symphonie de la puissance est mise en œuvre par Pékin. La première grande guerre du XXIe siècle a commencé… et s’achève quelques mois plus tard par une déroute chinoise face à la réaction militaire du front allié mené par Washington. Lire la suite
Lorsque deux historiens militaires français de haut niveau publient, sous forme de dialogue, leurs échanges autour de l’art opératif, le résultat est à la hauteur des espérances : passionnant. Mobilisant leurs vastes connaissances de la conflictualité à l’époque contemporaine et leur expertise de la pensée militaire soviétique, les deux partenaires offrent un parcours intellectuel à la fois clair et concis autour de cette notion souvent invoquée mais généralement mal comprise qu’est l’art opératif. Ni stratégie, ni tactique, ni simple « niveau opérationnel de la guerre », ce concept est au cœur de la question clausewitzienne de savoir « comment employer les combats favorablement à la guerre ». Car si la stratégie poursuit des buts et si la tactique cherche à résoudre des problèmes dans les combats, l’art opératif, qui prend corps au début du XXe siècle avec les travaux de Sviétchine (1927), permet quant à lui à la violence d’être efficace. Derrière cette finalité en apparence simple, se cache en réalité une maïeutique intellectuelle qui n’a rien d’évident, et que Benoist Bihan et Jean Lopez se proposent justement de décortiquer. Lire la suite
Après plus d’une année de guerre en Ukraine, les essais d’analyse et de prospective fleurissent (1), leurs nombreux auteurs se penchant sur les causes, les conséquences et les leçons de ce conflit qui a brusquement fait irruption en Europe en février 2022. Avec Le Monde de demain, Pierre Servent, journaliste et spécialiste des questions de défense, apporte sa pierre à l’édifice, fort de sa connaissance de la chose militaire et de son suivi minutieux – notamment par les médias – de cette guerre coloniale d’un nouveau type. Lire la suite
« C’est une guerre des mondes qui se prépare, celle qui opposera, davantage que deux blocs militaro-économiques, deux familles élargies. » C’est de cette partition entre deux univers et de ses conséquences dont il est question dans le dernier essai du directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Car, au fond, à quoi assistons-nous dans notre XXIe siècle bien entamé ? À une dérive, progressive mais certaine, entre deux plaques tectoniques. Lire la suite
Longtemps, l’objectif militaire était de gagner la bataille décisive pour obliger l’adversaire à renoncer. Aujourd’hui, la dialectique a évolué avec le croisement et l’interpénétration des concepts d’usure et de décision comme le montre la guerre en Ukraine. Comment user l’adversaire pour obtenir la décision ? Comment accepter que la guerre s’inscrive désormais dans le temps long ? Lire les premières lignes
L’intelligence artificielle (IA) est un objet aux multiples facettes, dont le potentiel de déstabilisation est énorme. Plus qu’un simple développement technologique ou un nouveau champ scientifique, c’est un moteur de la compétition entre puissances, qui conditionne en grande partie les configurations du pouvoir dans le siècle qui s’ouvre. Tel est le propos de Paul Scharre, vice-président et directeur des études au Center for a New American Security, avec Four Battlegrounds : analyser les ressorts du combat pour la domination dans le « nouvel ordre digital » porté par l’IA, alors que la relance de la rivalité géopolitique entre Pékin et Washington à la fin des années 2010 a justement coïncidé avec l’accélération technologique dans le domaine de l’IA et plus particulièrement du Machine Learning. Dans ce contexte, pour l’auteur du déjà remarqué Army of None, le défi n’est pas tant de savoir comment l’IA va être utilisée, mais plutôt de savoir qui va en définir les règles et en fixer la finalité. Lire la suite
Ne sait-on pas déjà tout de la crise des missiles de Cuba ? Telle est la question que l’on peut se poser en jetant un regard sur la couverture de ce nouvel ouvrage de la collection « Mémoires de Guerre » aux Éditions Les Belles Lettres. Pourtant, malgré les livres et les films que l’on ne compte plus sur les fameux « treize jours » d’octobre 1962 qui ont bousculé le monde, ce recueil des enregistrements des réunions secrètes du comité exécutif réuni autour du président Kennedy vient combler un vide : en ouvrant au grand public les discussions d’un groupe de décideurs soumis à une pression énorme, Sheldon M. Stern, historien à la bibliothèque John F. Kennedy à Boston, donne un relief humain à un épisode souvent stéréotypé du récit national américain, et permet ainsi au lecteur de comprendre ce qui s’est vraiment passé. Ces bandes, qui couvrent la période du 16 octobre au 20 novembre 1962, ont été déclassifiées progressivement entre 1977 et 2001, mais c’est la première fois qu’une synthèse « lisible » et ordonnée est produite, dans une forme narrative qui permet de restituer l’atmosphère de ces assemblées secrètes. Lire la suite
En refermant L’Autre guerre froide ?, le lecteur pourra dire merci à Pierre Grosser d’avoir marié sa hauteur de vue et son expertise de l’histoire des relations internationales pour livrer une remarquable synthèse à la fois historique et géopolitique sur la question omniprésente de la rivalité entre Les États-Unis et la Chine. Car démêler les ressorts de cette compétition qui sature l’actualité depuis bientôt un quart de siècle n’est pas chose aisée, tant le poids des représentations, le manque de profondeur historique des observateurs et les craintes parfois irrationnelles brouillent les perceptions. Lire la suite
« Le leadership de Nimitz n’était pas une pure position d’autorité, mais une dynamique interactive et émergente qui créait en permanence de nouvelles possibilités ». Voilà résumé, en une phrase, ce dont il est question dans ce nouvel ouvrage de Trent Hone, publié quelques années après son remarquable Learning War (2019) (1). Mastering the Art of Command est bien plus qu’une fresque des événements du Pacifique entre 1941 et 1945 : c’est une relecture passionnante de toute la dynamique des opérations alliées face aux Japonais par le prisme du leadership de Chester W. Nimitz (1885-1966), dont Hone décortique pour nous les rouages. Lire la suite
Héritiers des câbles sous-marins télégraphiques apparus au XIXe siècle, les câbles sous-marins numériques modernes font régulièrement parler d’eux, soit comme condition de la connectivité indispensable au développement économique des nations, soit comme objet de compétition géopolitique entre États. La récente publication d’une Stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins a ainsi contribué à mettre en avant les enjeux des câbles sous-marins pour un pays comme la France. Pour autant, ces artères de la mondialisation qui jalonnent les grands fonds marins sont souvent l’objet de nombreuses approximations et de nombreux fantasmes : l’ouvrage de Camille Morel, juriste et chercheuse en relations internationales, vient donc opportunément clarifier les enjeux portés par ce réseau mondial de plus de 450 câbles qui est entré depuis la décennie 2010 dans une phase de forte croissance. Ainsi, en complément d’une description technique et physique de ce réseau planétaire, ce court précis offre au premier chef une mise en perspective historique et géographique qui permet de cerner comment les câbles sous-marins sont rapidement devenus, après leur apparition, le siège de rapport de forces entre nations, en temps de paix comme en temps de guerre : à l’ère du télégraphe comme à celle d’Internet, le contrôle de ces « autoroutes de l’information » qui véhiculent l’écrasante majorité du transit d’informations entre les hommes est un avantage décisif pour peser dans les équilibres mondiaux. Lire la suite
En ce début de siècle, nous vivons une profonde « crise du loisir » : alors que nous croulons sous le temps libre, nous sommes confrontés au redoutable défi de gérer cette liberté à l’âge numérique… sans y avoir été préparés. Le résultat ? D’abord, un asservissement sans précédent des loisirs à leur forme la plus pauvre, c’est-à-dire au divertissement, dont l’horizon principal est la satisfaction immédiate des désirs. Mais, surtout, le temps libre est devenu le nouveau creuset des inégalités sociales, tant il est vrai que nous sommes entrés dans une ère de la compétition cognitive, où la différence se crée précisément dans la manière d’utiliser son temps libre. Telle est la thèse de l’auteur, qu’il s’emploie à démontrer au fil de huit chapitres bien charpentés. Lire la suite
L’usage quasi universel des smartphones constitue désormais un enjeu pour la sécurité des opérations navales. La notion de sillage numérique devient une problématique au regard de la dépendance croissante aux réseaux sociaux et à la connexion numérique. Cela exige une nouvelle discipline pour les équipages. Lire les premières lignes
Encore un ouvrage sur la fin de la mondialisation, dont l’acte de décès a déjà été prononcé par de nombreux analystes ? Oui, mais pas seulement. Car l’ancien secrétaire général adjoint des Nations unies dresse d’abord, avec cet opus, la généalogie du vaste champ de ruines politiques dans lequel évolue l’Occident, où l’État protecteur est devenu l’horizon de toutes les attentes d’individus rongés par la peur. Tel est l’amer constat que dresse Jean-Marie Guéhenno en examinant les effets ravageurs de l’individualisme qui a été le moteur des sociétés occidentales depuis un demi-siècle, et singulièrement depuis la brutale accélération de 1989. Constat banal ? Non, car le penseur s’attache au fil des pages à en discerner les ressorts, les conséquences et, surtout, à proposer des voies raisonnables pour sortir de l’impasse en vertu de laquelle « l’individu est devenu la règle et le collectif l’exception ». Lire la suite
S’il est un sujet objet de fantasmes, dans la guerre navale comme ailleurs, c’est bien l’intelligence artificielle (IA). On la voit là où elle n’est pas, et on lui prête bien souvent des vertus qu’elle n’a pas, en particulier dans le domaine naval, siège d’une course technologique où les hommes – et leur intelligence – cèdent en apparence la place aux machines. Or, l’IA, cette mal nommée – car par définition l’IA, qui imite les comportements humains, n’est pas intelligente – mérite d’être remise en perspective au-delà des considérations superficielles et du « hype » dont elle fait l’objet dans des publications grand public. Lire la suite
La lecture d’un ouvrage de Régis Debray est toujours une cure salutaire. Outre le plaisir que l’on prend à lire cet esprit vif au style clair et lapidaire, s’y ajoute la satisfaction de mettre des mots sur des sentiments parfois diffus. Ce don de l’explication sans doute le propre de tout observateur avisé et cultivé, qui a beaucoup vu et beaucoup fait, tel Régis Debray à l’automne de sa vie. Que nous apporte donc D’un Siècle l’autre ? Lire la suite
L’action navale au XXIe siècle, ou le cinquième âge du combat en mer (1/3) Quelle place et quelle finalité pour l’action navale au XXIe siècle ? (T 1395)
- Thibault Lavernhe - 10 pagesDans ce triptyque, l'auteur fait un essai de prospective sur le futur du combat en mer, prévoyant un cinquième âge – après la voile, le canon, l'avion et le missile – avec les actuels progrès technologiques. Révolution ou évolution ?
L’action navale au XXIe siècle, ou le cinquième âge du combat en mer (2/3) Les modalités de l’action navale au 5e âge du combat naval (T 1396)
- Thibault Lavernhe - 10 pagesDans ce triptyque, l'auteur fait un essai de prospective sur le futur du combat en mer, prévoyant un cinquième âge – après la voile, le canon, l'avion et le missile – avec les actuels progrès technologiques. Révolution ou évolution ?
L’action navale au XXIe siècle, ou le cinquième âge du combat en mer (3/3) Au XXIe siècle, les principes de l’action navale ne changent pas (T 1397)
- Thibault Lavernhe - 9 pagesDans ce triptyque, l'auteur fait un essai de prospective sur le futur du combat en mer, prévoyant un cinquième âge – après la voile, le canon, l'avion et le missile – avec les actuels progrès technologiques. Révolution ou évolution ?
Le sujet de la fin de la Chrétienté en tant que civilisation n’est pas nouveau, et nous en avons déjà parlé dans ces colonnes (1). Cette disparition est une évidence sociologique dont les manifestations sont omniprésentes, en dépit des marques historiques de la Chrétienté qui jalonnent encore nos paysages. Mais, si le constat est partagé, il est intéressant de se pencher, avec Chantal Delsol, sur les causes et sur les conséquences concrètes de cet effacement survenu après seize siècles de régulation de l’Occident par la religion chrétienne. Et si Chantal Delsol s’adresse au premier chef, au fil de cet ouvrage, aux catholiques français, son analyse claire et concise revêt un grand intérêt pour qui veut comprendre et mettre des mots sur le phénomène d’inversion morale qui s’est brusquement accéléré au tournant du XXIe siècle. Non pour en tirer une forme de nostalgie – encore que la rupture décrite par Chantal Delsol ne laisse pas insensible, mais bien pour cerner quels sont les équilibres moraux et spirituels qui régentent désormais notre société : à l’heure où la cultivation des « forces morales » est érigée en priorité pour affronter le retour du tragique de l’Histoire, une telle réflexion n’est en effet pas inutile. Lire la suite
Avec cet essai au titre évocateur, le professeur Geoffrey F. Gresh nous plonge au cœur de la compétition géoéconomique qui fait rage sur les océans et mers du monde, et plus particulièrement dans les zones maritimes qui bordent la masse eurasienne. Pour le professeur de relations internationales à la National Defense University de Washington, le siècle qui s’ouvre sera en effet maritime et eurasien, et le sceptre de Neptune se disputera entre les membres du quartet formé par les États-Unis, la Chine, la Russie et l’Inde. Et le centre de gravité de cette compétition sera l’océan Indien. Le grand mérite de Gresh est de faire le lien entre géoéconomie et géostratégie. Toutes les composantes du Sea Power sont ainsi mises en relation pour offrir une analyse exhaustive des logiques qui sous-tendent la coopération, les rivalités et les dépendances entre les quatre grands acteurs maritimes du XXIe siècle. Lire la suite
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