Février 2019 - n° 817

Formation et commandement

« Quant à moi, si j’ai fait quelque chose de bien, j’en ai été récompensé par le plus grand honneur qui m’ait été décerné dans une longue carrière, celui de commander des hommes tels que vous »

Joseph Joffre
136 pages

Éditorial - Jérôme Pellistrandi

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Revue Défense Nationale - Février 2019 - n° 817

Formation et commandement

À l’heure où les réseaux sociaux remettant en cause les différentes hiérarchies en proposant un ersatz de forum pseudo-démocratique, le paradoxe actuel – illustré par la crise des Gilets Jaunes – est à la fois la quête d’autorité et le refus de celle-ci. Comme si le gaulois réfractaire à l’ordre allait vaincre les légions romaines à coup de potion magique. Comme lorsque la furia des cuirassiers français allait renverser les bataillons prussiens capables de manœuvrer parce que commandés avec une redoutable efficacité tactique. Or, notre histoire a toujours démontré que la bravoure et le courage ne suffisaient pas pour gagner la bataille et qu’il fallait y rajouter l’intelligence et le charisme basé sur l’exemple du chef – des chefs, du Sommet de l’État au caporal.

Plus que jamais, pour répondre aux défis de demain, la formation et le commandement sont l’ADN de notre système militaire et constituent un défi permanent avec une double tentation : reproduire un système maîtrisé et donc considéré comme fiable ou innover en estimant que le lien au passé est un frein à la modernité. De fait, la réponse se doit d’être plus subtile comme le montre le dossier de ce mois avec des approches d’ailleurs différentes et pouvant poser question, ouvrant ainsi le débat sur la finalité de la formation au commandement avec l’équilibre délicat entre militarité et civilianisation académique. Cela impose une réflexion permanente sur nos besoins opérationnels en n’oubliant jamais que notre environnement politique et stratégique est en pleine mutation. Ainsi, nos jeunes élèves-officiers qui viennent de rentrer en École sont nés en 2000. Ce seront les colonels de 2040 et les généraux de 2050. Il faut donc leur donner – à défaut de boule de cristal ou d’IA dévoyée – les capacités de comprendre ces mutations et d’être des chefs capables d’évoluer et de décider dans l’incertitude.

Cette incertitude se reflète ici dans les articles proposés en « Opinions » ou dans les « Approches régionales ». Aux équilibres classiques déclinés jusqu’à la fin de la guerre froide, aujourd’hui, l’hybridité des crises et des conflits remet en cause les principes traditionnels de la guerre si bien définis en son temps par Foch. Plus que jamais, c’est bien la perception de l’action par les différents protagonistes qui lui donne son sens ; au risque de construire une image déformée de la réalité. Ainsi, une victoire tactique peut se transformer en défaite stratégique. D’où l’impérieuse nécessité du dialogue entre les chefs militaires et l’autorité politique pour que la mission soit clairement définie dans la durée et que les moyens nécessaires soient consentis. C’est le prix à payer pour gagner la guerre. Cela passe aussi par la formation de nos élites politiques sur les questions de défense et là, le débat est ouvert. ♦

Jérôme Pellistrandi

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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Tribune

21 octobre 2025

Guerre en Ukraine : Prochaine rencontre en Hongrie à hauts risques ? (T 1761)

Hugues Pernet

La rencontre Trump-Zelensky à Washington, influencée par un échange préalable Trump-Poutine, révèle une stratégie américaine pragmatique et déséquilibrée. Trump, focalisé sur les réalités de terrain et les intérêts économiques, marginalise l’Ukraine et l’Europe, favorisant un cessez-le-feu qui risquerait de légitimer les conquêtes russes. Zelensky, affaibli par des tensions internes et des erreurs diplomatiques, peine à défendre une position fondée sur le droit international. La perspective d’une rencontre Trump-Poutine à Budapest, sous l’égide d’Orban, accentue les divisions transatlantiques et isole davantage l’Ukraine, tout en offrant à Moscou une opportunité de dicter les termes d’un accord.

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Article gratuit jusqu'au 21 novembre 2025

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Boutellis Arthur : Rivalités pour la paix, géopolitique de l’ONU  ; Armand Colin, 2025, 263 pages

La France a obtenu en janvier 1997 et a conservé depuis, la direction du Département, chargé des Opérations de maintien de la paix (OMP) au Secrétariat général de l’ONU à New York. Elle y envoie des officiers d’état-major dans nombre d’opérations ainsi qu’un contingent au sein de l’intervention onusienne au Sud-Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), établie en 1978. Les diplomates de la Représentation française sont la « plume » du tiers des résolutions concernant ces opérations qui sont du ressort du Conseil de sécurité (chapitres VI et VII de la Charte). Paris est le deuxième contributeur de Casques bleus après la Chine, mais que le sixième contributeur financier. Ce qui fait, surtout après le départ de la force Barkhane au Sahel, que le rôle de la France, dans ce domaine stratégique, se voit de plus en plus contesté. Pourtant, en dehors des quelques diplomates, militaires ou experts ayant à traiter de ces questions, celles-ci demeurent largement méconnues du public. De même, rares sont les publications sérieuses éditées en langue française, d’où l’intérêt qui s’attache à l’ouvrage fort documenté, précis et très actuel d’Arthur Boutellis, conseiller sénior à l’International Peace Institute (IPI) et enseignant à Columbia et à Sciences Po Paris. Lire la suite

Eugène Berg

Les cahiers de la RDN

Cahier numérique - octobre 2025 - 187 pages

Cahier numérique - Septembre 2025 - 408 pages

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