En cette veille du XXIe siècle, le multiculturalisme s’impose comme l’une des composantes de la mondialisation : à un premier niveau, les valeurs occidentales de liberté et d’égalité, parce qu’elles s’identifient à la modernité, deviennent planétaires ; qu’il s’agisse des individus, mais aussi de n’importe quelle collectivité — ethnique, religieuse, sexuelle… —, tous ont un droit égal au plein épanouissement. Cette revendication à la fois libertaire et égalitariste s’inscrit dans la vague de fond démocratique qui, mise en branle par la philosophie des Lumières, par les révolutions américaine et française, pénètre toute l’humanité : chacun doit pouvoir être lui-même, à la fois disposer des mêmes droits que les autres et être reconnu dans sa différence, dans sa spécificité. À un second niveau, la mondialisation, la démocratisation, bousculant toutes les structures établies (famille, école, armée, États, institutions, Églises, partis…), désacralisant les cadres d’autorité, dissolvent les repères de l’individu ; celui-ci, perdu dans une immensité confuse, celle d’agglomérations sans limites, « bricole » des solidarités, des identités, ce « bricolage » pouvant aussi bien engendrer des structures nouvelles (bandes, mafias, sectes…) que remodeler des réalités anciennes (ainsi les intégrismes, réactions identitaires typiques de cette fin de XXe siècle, préconisant la restauration d’un âge d’or parfaitement mythique). Lire les premières lignes
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