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Revue Défense Nationale - Janvier 2001 - n° 627

Dans son premier numéro daté de mai 1939, le Comité de direction de la revue Défense Nationale précise que « son but est d’attirer l’attention sur les grands problèmes qui, à des titres divers, intéressent la Défense nationale et qui sollicitent le concours de toutes les activités…La revue compte le faire en portant ses regards vers l’avenir, dans une atmosphère de large indépendance, de pensée renouvelée et de haute sérénité d’esprit ».

À l’aube du troisième millénaire ces propos restent d’une brûlante actualité, d’autant que ceux qui diagnostiquaient « la fin de l’Histoire » à l’issue de l’implosion de l’empire soviétique se sont lourdement trompés.

La présence d’une seule puissance dominante, dont la stratégie, largement diffusée, est étroitement subordonnée au progrès technologique et au concept de « révolution dans les affaires militaires », occulte, voire obscurcit, toute réflexion indépendante.

Il serait injuste de considérer les États-Unis seuls coupables de cet état de fait. L’Europe en général, et la France en particulier, en sont largement responsables. Depuis une quarantaine d’années toute véritable réflexion stratégique a disparu dans notre pays. On ne peut tenir pour telle les explications accompagnant les changements qui ont fait suite aux évolutions géopolitiques de la dernière décennie et qui résultent en fait de contraintes financières et de décisions politiques opportunistes et discrétionnaires. De gros efforts ont été faits pour présenter comme cohérent, ce qui s’apparente plus à une stratégie de « nains de jardin » et de petits moyens qu’à une réflexion générale à laquelle nous avaient habitués, entre autres, Raymond Aron ou le général Beaufre.

On peut voir à cela trois raisons :

L’avènement du nucléaire et du concept de dissuasion dans un monde bipolaire ont stérilisé la réflexion sur l’emploi des forces conventionnelles et ont limité les moyens qui leur étaient consacrés. Les séquelles des guerres de décolonisation dans lesquelles, à l’instigation du pouvoir politique, les forces armées françaises, engagées au-delà de leur emploi traditionnel, ont subi un traumatisme profond ; lequel a fait considérer comme sulfureux et inopportun tout écrit sur les actions psychologiques auprès des populations. Or, il faut bien reconnaître que les forces armées, impliquées depuis une dizaine d’années dans les missions de maintien et de rétablissement de la paix, sont presque totalement démunies dans le domaine de la stratégie d’influence et doivent redécouvrir laborieusement un corpus doctrinal dont la mémoire, non entretenue, a disparu. La prudence, voire la frilosité de la hiérarchie militaire, largement encouragée par les tutelles politiques successives, ont fait que tout officier développant publiquement une thèse non conforme à la ligne du moment a été sanctionné implicitement ou explicitement. Les plus brillants et les plus ambitieux ont rapidement compris qu’il était urgent de s’abstenir de participer à un tel débat.

Le champ de la réflexion a donc principalement mobilisé chercheurs, universitaires, hauts fonctionnaires civils dont les capacités intellectuelles, la puissance de travail, le sens de l’intérêt général ne sauraient être mis en cause ; mais aucune des publications correspondantes n’est véritablement imprégnée de l’expérience du terrain et du dernier regard du soldat, éventré par une balle explosive, un éclat d’obus de mortier ou de mine antipersonnel, interrogeant son capitaine : « toi, que j’ai suivi en toute confiance, l’enjeu de ce combat valait-il que je meure à vingt ans ? ». La diffusion d’idées nouvelles — et c’est là notre mission — est nécessaire au développement d’une réflexion qui pourra devenir pensée stratégique après avoir été critiquée et enrichie.

La revue Défense Nationale a pour ambition de devenir la structure d’accueil de cette pensée stratégique renouvelée, appliquée en priorité à l’Europe de la défense, voire à la défense de l’Europe le moment venu, tout en accueillant d’autres réflexions. Pour y parvenir elle procédera, par étapes, à une double ouverture : vers le monde de l’enseignement et de la recherche, vers l’Europe et vers l’Amérique.

Garante d’une ligne éditoriale indépendante elle souhaite que les militaires d’active de chacune des armées trouvent leur juste place dans ce vaste débat stratégique qui engagera notre avenir. ♦

Christian Quesnot

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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Tribune

21 octobre 2025

Guerre en Ukraine : Prochaine rencontre en Hongrie à hauts risques ? (T 1761)

Hugues Pernet

La rencontre Trump-Zelensky à Washington, influencée par un échange préalable Trump-Poutine, révèle une stratégie américaine pragmatique et déséquilibrée. Trump, focalisé sur les réalités de terrain et les intérêts économiques, marginalise l’Ukraine et l’Europe, favorisant un cessez-le-feu qui risquerait de légitimer les conquêtes russes. Zelensky, affaibli par des tensions internes et des erreurs diplomatiques, peine à défendre une position fondée sur le droit international. La perspective d’une rencontre Trump-Poutine à Budapest, sous l’égide d’Orban, accentue les divisions transatlantiques et isole davantage l’Ukraine, tout en offrant à Moscou une opportunité de dicter les termes d’un accord.

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Article gratuit jusqu'au 21 novembre 2025

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Boutellis Arthur : Rivalités pour la paix, géopolitique de l’ONU  ; Armand Colin, 2025, 263 pages

La France a obtenu en janvier 1997 et a conservé depuis, la direction du Département, chargé des Opérations de maintien de la paix (OMP) au Secrétariat général de l’ONU à New York. Elle y envoie des officiers d’état-major dans nombre d’opérations ainsi qu’un contingent au sein de l’intervention onusienne au Sud-Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), établie en 1978. Les diplomates de la Représentation française sont la « plume » du tiers des résolutions concernant ces opérations qui sont du ressort du Conseil de sécurité (chapitres VI et VII de la Charte). Paris est le deuxième contributeur de Casques bleus après la Chine, mais que le sixième contributeur financier. Ce qui fait, surtout après le départ de la force Barkhane au Sahel, que le rôle de la France, dans ce domaine stratégique, se voit de plus en plus contesté. Pourtant, en dehors des quelques diplomates, militaires ou experts ayant à traiter de ces questions, celles-ci demeurent largement méconnues du public. De même, rares sont les publications sérieuses éditées en langue française, d’où l’intérêt qui s’attache à l’ouvrage fort documenté, précis et très actuel d’Arthur Boutellis, conseiller sénior à l’International Peace Institute (IPI) et enseignant à Columbia et à Sciences Po Paris. Lire la suite

Eugène Berg

Les cahiers de la RDN

Cahier numérique - octobre 2025 - 187 pages

Cahier numérique - Septembre 2025 - 408 pages

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Octobre 2025
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L’avenir de la guerre : cyberattaques, nouveaux conflits et frontière humaine - Actes du colloque académique du PDSF 2025

 

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