Les événements, qui se sont déroulés dans le nord du continent africain et qui ont conduit à « figer » pour ainsi dire les crises, comme au Sahara occidental, au Tchad, dans la corne orientale de l’Afrique, voire au Soudan et en Ouganda, le jeu solitaire et déstabilisateur d’un État membre de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) retiennent l’attention de l’opinion ; ils la détournent de l’examen approfondi et critique d’une évolution qui s’est esquissée en Afrique du Sud. Aujourd’hui, cette évolution, qui cherchait à prendre forme depuis plusieurs années, est réelle : elle peut se diriger, selon la force ou la nature des pressions exercées sur Pretoria, soit vers une solution raisonnable du problème sud-africain, soit vers une aggravation de l’apartheid. Mais, la première option de l’alternative ne saurait être atteinte qu’à la condition que l’opinion, notamment en Afrique, ait pris conscience qu’une solution juste du problème sud-africain, c’est-à-dire une solution accordant les mêmes droits à toutes les communautés, ne pouvait être trouvée qu’après une évolution relativement lente du statut intérieur. Toute proposition, qui tendrait à amener rapidement l’élection du pouvoir par un suffrage universel étendu à toutes les communautés, manquerait de réalisme : elle entraînerait de toute évidence le raidissement de la communauté blanche, britishers compris, minorité qui dispose – pour longtemps encore – d’une nette supériorité dans le rapport des forces. Il n’est pas certain que, dans cette hypothèse qui est la moins favorable, une extension des activités terroristes permettrait de mieux équilibrer les chances. En revanche, il est vraisemblable que, si l’opinion oblige Pretoria à appliquer le « développement séparé » jusqu’aux plus extrêmes conséquences du système, en s’efforçant de sortir la situation politique des impasses dans lesquelles certains politiciens blancs chercheront a l’immobiliser, on parviendra, au terme de l’évolution, à l’égalité des droits puis à l’intégration progressive des communautés. Lire les premières lignes
208 pages