Octobre 1981 - n° 414

208 pages

Hommage à François Seydoux - Marcel Duval

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Revue Défense Nationale - Octobre 1981 - n° 414

François Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France, le grand Français, l’homme exceptionnel, l’ami si attachant qui vient de nous quitter brutalement, était l’un des animateurs les plus actifs du Comité d’études de Défense nationale qui édite cette Revue, puisqu’il fut le Vice-président de son conseil d’administration jusqu’en juin dernier. Il assurait cette charge, à côté de beaucoup d’autres, avec l’enthousiasme, la curiosité d’esprit, l’ouverture aux autres, l’élégance morale et la générosité toujours en éveil qu’il mettait dans toutes ses entreprises, auxquelles il apportait en outre son expérience incomparable du monde et des hommes.

Diplomate dans l’âme, tant par tradition familiale que par vocation personnelle profonde, il avait occupé les postes les plus éminents avant d’être nommé Conseiller d’État. Il avait notamment été Directeur des Affaires d’Europe, Ambassadeur en Autriche, Représentant de la France au Conseil de l’Otan. Mais c’est l’Allemagne qui fut sa résidence d’élection ; il y était né en 1905, alors que son père y était secrétaire de notre ambassade à Berlin, il y était retourné lui-même comme secrétaire de cette ambassade avant la guerre, il y était revenu ensuite dès la capitulation comme conseiller de notre Haut Commissaire, et il y fut enfin notre ambassadeur pendant neuf ans et à deux reprises, ce qui est tout à fait exceptionnel et témoigne de l’estime dans laquelle le tenait le général de Gaulle. Il avait tiré les enseignements de son incomparable connaissance de ce pays et de son peuple dans deux livres qui furent très remarqués et qui font maintenant autorité en la matière : Mémoires d’outre-Rhin et L’intimité franco-allemande.

Resté profondément attaché à la Carrière, qu’il avait ainsi servie avec tant d’éclat, il en avait résumé tout récemment l’expérience dans un livre savoureux : « Le métier de diplomate », qu’il considérait un peu comme son testament professionnel. C’est avec sa verve, sa fougue, sa chaleur humaine qu’il y avait décrit « le Quai », « le Département » et ses « Agents », en nous expliquant le pourquoi de leurs usages et le comment de leurs évolutions. S’il regrettait parfois ces dernières, ses jugements ne se départissaient jamais de la profonde sagesse et de la parfaite courtoisie qu’il possédait au plus haut point. Ses réserves sur les hommes, parfois teintées d’une légère ironie, étaient toujours exprimées sans la moindre méchanceté et même avec une sorte de tendresse indulgente, celle qui caractérise l’humour et l’humanisme les plus authentiques.

Dans ce livre il nous avait donné aussi, avec son talent d’écrivain qui égalait son exceptionnel talent d’orateur, de charmants tableaux de son enfance, dans le Gard et à Clausonne en particulier, dans cette propriété qui lui était si chère, et aussi de sa famille, cette grande famille protestante qui a si bien servi notre pays. Dans ces récits transparaît sa sensibilité qui était grande mais s’exprimait toujours avec beaucoup de pudeur.

Enthousiaste, chaleureux, fidèle et généreux, tel nous apparaît dans ce livre François Seydoux de Clausonne, et tel il était effectivement dans la vie. C’est le souvenir que garderont de lui avec respect et affection tous ceux qui ont eu le privilège de le connaître.

Jusqu’à ces derniers moments, qui furent lucides, courageux et empreints de sérénité, sans doute parce qu’il détenait deux certitudes : son patriotisme et sa foi, il s’est intéressé à notre Revue avec passion. Nos huit mille abonnés et nos lecteurs infiniment plus nombreux qui sont répandus à travers le monde doivent donc aussi à ce « Grand Monsieur » un souvenir d’admiration et de reconnaissance. ♦

Marcel Duval

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