Ce que nous devons défendre à l’heure présente, c’est le sol même de la France. « Elle est riche notre terre ; et c’est bien pour cela qu’ils veulent nous la prendre », me disait un paysan qui quittait son village, le jour de la mobilisation. Doux jardin de France, dont les Alpes et les Pyrénées sont la clôture, dont la Méditerranée et l’océan sont les eaux vives, dont nos grands fleuves sont les allées, comme tu es riche en effet ; et comme tu es beau ! Nulle part, le vin n’est plus savoureux, ou le blé plus dur ; nulle part, des productions plus variées ne se rassemblent dans un espace plus étroit. Les régions les plus diverses, de l’Alsace à la Bretagne, des Flandres à la Gascogne, se sont fondues dans ton harmonieuse unité. Quand on revient du « Nouveau Monde », quand on débarque dans l’un de tes ports pour gagner Paris, et qu’on retrouve ce parfait damier dont chaque case est une prairie, un champ, un bois, un village d’où s’élève un clocher, on est ému de voir inscrite, sur la face de la terre, la preuve de cette parfaite union de l’homme et du sol. Printemps, où êtes-vous plus tendres que sous le ciel léger de l’Île-de-France ? Où répandez-vous une plus pure lumière, étés, que dans notre Provence, toute bruissante du chant des cigales ? Ou êtes-vous plus mélancoliques et plus graves, automnes, que sous les chênes de Fontainebleau ? Lire la suite
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