Alors que le dualisme du système policier français s’explique par le développement séparé, par-delà l’unification politico-administrative opérée dès l’Ancien Régime, de la France rurale et de la France urbaine, chacune de ces deux composantes de la société française ayant sécrété et modelé, avec la gendarmerie et la police, sa propre institution policière, le domaine du maintien de l’ordre relève davantage, pour ce qui est de cette logique dualiste, des circonstances et, plus particulièrement, des conséquences directes du désastre de 1940. En effet, si la création, au début des années 20 (1), de la gendarmerie mobile s’inscrit dans un mouvement d’ensemble, la mise en place des CRS (2) revêt, quant à elle, un caractère pour ainsi dire accidentel, même si, il faut bien le dire, la logique de professionnalisation, qui transparaît dès les réformes commencées au début du siècle par le préfet Lépine, aurait probablement conduit à l’apparition, au sein des corps urbains de police, de forces spécialisées qui, à terme, se seraient scindées, à l’instar de la police judiciaire, du domaine généraliste de la sécurité publique, pour donner naissance à une composante propre et autonome de l’institution policière. Lire la suite
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