Été 2011 - n° 742

220 pages

Éditorial - Porte ouverte sur la Chine - Jean Dufourcq

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Revue Défense Nationale - Été 2011 - n° 742

S’intéresser aujourd’hui à l’incertitude stratégique qui caractérise ce début de XXIe siècle, à ces temps sans repères qui révèlent de nouveaux entrepreneurs, de nouveaux enjeux, de nouvelles perspectives, c’est bien notre mission. Dans le flot continu d’événements contradictoires de cette société de l’information globalisée qui tend à périmer nos certitudes et relativiser nos modèles uniformément occidentaux, il y a ce phénomène politique de l’émergence d’un cadre stratégique nouveau. Avec ses nouveaux venus, les acteurs gris, transversaux, masqués, infra-étatiques, et les acteurs bleus, multiples, polycentrés, souvent fédérés et supra-étatiques. Une nouvelle dynamique aussi, marquée par un glissement continu du centre de gravité de la planète qui s’opère d’Occident en Orient, d’Atlantique en Pacifique, d’Amérique en Asie.

Et au bout de la nouvelle route qui s’esquisse, dans la longue-vue de beaucoup, il y a désormais la Chine, vieille civilisation résurgente, masse hors normes, bien souvent vue comme une énigme, vaste espace illisible, porte ouverte sur l’inconnu, qui focalise les peurs d’un Occident qui assiste à sa relativisation et tente d’échapper au changement de paradigme stratégique d’un début de XXIe siècle assez bouleversé.

C’est qu’en Chine semblent se combiner trois des plus grands facteurs de changement d’une planète qui se mondialise rapidement : la révolution démographique, le défi écologique et le grand bazar des marchés de la consommation de masse. Et c’est aussi que la Chine semble se dérober, sinon au pouvoir au moins à la puissance, en tout cas à la puissance telle que l’Ouest l’a souvent pratiquée, une puissance articulée sur l’esprit d’entreprise et de conquête, sur la supériorité militaire et technologique, sur la domination territoriale et économique. Car la Chine parle volontiers d’harmonie et de développement pacifique ; elle semble vouloir privilégier la savante compétition au défi militaire et à la brutale confrontation ; elle préfère investir les terrains ouverts des espaces conflictuels non administrés, la monnaie, les océans, le cyberespace, l’espace exo-atmosphérique, que d’être force guerrière à terre… Elle semble même relativiser voire négliger la puissance militaire en se hâtant avec lenteur dans la modernisation de son arsenal au point d’afficher moins d’armes nucléaires que la France. Elle se montre pourtant très sourcilleuse de son autorité dans son environnement sibérien, centrasiatique et maritime ; elle est encombrante en Afrique et assidue en Amérique du Sud. Elle s’affiche volontiers aussi fragile et se dit inquiète de sa capacité politique à contrôler le grand bond en avant socio-économique de sa classe moyenne vers la prospérité.

En se montrant plus préoccupée de son équilibre intérieur que de son autorité extérieure, elle donne l’impression de ne pas jouer le jeu stratégique classique des temps passés, ceux des guerres mondiales ou de la guerre froide. Et ce faisant, elle intrigue et dérange.

Voilà ce qui fait de la Chine aujourd’hui l’un des points focaux stratégiques vers lesquels se tournent tous les regards. Voilà pourquoi la RDN y consacre son travail d’été.

Pour ce point sur la Chine, nous avons sélectionné dans nos archives des analyses pertinentes et originales qui jalonnent la réflexion stratégique française depuis 70 ans. Nous avons également rassemblé des points de vue d’experts d’aujourd’hui, des points de vue contradictoires parfois, pour composer le portrait prospectif contrasté de cette puissance déconcertante. Le résultat est constitué de cet ouvrage et de son complément numérique sur le site de la RDN. ♦

Jean Dufourcq

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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Tribune

21 octobre 2025

Guerre en Ukraine : Prochaine rencontre en Hongrie à hauts risques ? (T 1761)

Hugues Pernet

La rencontre Trump-Zelensky à Washington, influencée par un échange préalable Trump-Poutine, révèle une stratégie américaine pragmatique et déséquilibrée. Trump, focalisé sur les réalités de terrain et les intérêts économiques, marginalise l’Ukraine et l’Europe, favorisant un cessez-le-feu qui risquerait de légitimer les conquêtes russes. Zelensky, affaibli par des tensions internes et des erreurs diplomatiques, peine à défendre une position fondée sur le droit international. La perspective d’une rencontre Trump-Poutine à Budapest, sous l’égide d’Orban, accentue les divisions transatlantiques et isole davantage l’Ukraine, tout en offrant à Moscou une opportunité de dicter les termes d’un accord.

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Article gratuit jusqu'au 21 novembre 2025

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Boutellis Arthur : Rivalités pour la paix, géopolitique de l’ONU  ; Armand Colin, 2025, 263 pages

La France a obtenu en janvier 1997 et a conservé depuis, la direction du Département, chargé des Opérations de maintien de la paix (OMP) au Secrétariat général de l’ONU à New York. Elle y envoie des officiers d’état-major dans nombre d’opérations ainsi qu’un contingent au sein de l’intervention onusienne au Sud-Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), établie en 1978. Les diplomates de la Représentation française sont la « plume » du tiers des résolutions concernant ces opérations qui sont du ressort du Conseil de sécurité (chapitres VI et VII de la Charte). Paris est le deuxième contributeur de Casques bleus après la Chine, mais que le sixième contributeur financier. Ce qui fait, surtout après le départ de la force Barkhane au Sahel, que le rôle de la France, dans ce domaine stratégique, se voit de plus en plus contesté. Pourtant, en dehors des quelques diplomates, militaires ou experts ayant à traiter de ces questions, celles-ci demeurent largement méconnues du public. De même, rares sont les publications sérieuses éditées en langue française, d’où l’intérêt qui s’attache à l’ouvrage fort documenté, précis et très actuel d’Arthur Boutellis, conseiller sénior à l’International Peace Institute (IPI) et enseignant à Columbia et à Sciences Po Paris. Lire la suite

Eugène Berg

Les cahiers de la RDN

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