Juin 2014 - n° 771

Enjeux stratégiques

160 pages

Éditorial - Jean Dufourcq

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Revue Défense Nationale - Juin 2014 - n° 771

Enjeux stratégiques

L'embardée ukrainienne amorce-t-elle un changement de cap pour les relations internationales ? Annonce-t-elle le retour de tensions militaires proches ? Certains le redoutent, enfermés dans la perspective coopérative d'une mondialisation heureuse ; d'autres l'espèrent secrètement, nostalgiques de l'ordre simplifié de la guerre froide et de ses avantages idéologiques et militaro-industriels. Tous s'inquiètent de l'inconsistance stratégique et de la modicité militaire de l'Europe. Tous aussi semblent négliger des continuités essentielles car porteuses de régulations et de canaux d'intérêts communs.

Mais pour aborder avec sang-froid ce coup de tabac au cœur de l'Europe orientale, encore faut-il savoir regarder notre continent pour ce qu'il est, un cœur de civilisation et un centre de gravité stratégique et non la périphérie orientale d'un Occident incertain. En cette période de rendez-vous électoral, on regrette un manque de centralité européenne, socio-économique, ethno-religieuse, industrielle et politique. Le modèle européen de puissance, ballotté, incapable d'affirmer la valeur de sa norme globale se laisse enrôler bien facilement dans des dynamiques externes qui le mettent au défi, à l'Ouest avec un lien transatlantique exigeant, au Sud avec un voisinage méditerranéen instable et à l'Est avec un monde slave rugueux ouvert sur l'Eurasie. Au centre, reste une Europe qui hésite à devenir européenne.

Comment aujourd'hui éviter d'installer de nouvelles lignes de division autour de l'Europe occidentale, de les militariser et d'investir de fortes sommes dans des murs anachroniques, voire de vrais rideaux de fer pour se protéger de l'effervescence d'une planète qui poursuit sa croissance et sort du système qui fonctionnait tant bien que mal depuis 1945 ? En tirant enfin parti de l'excellente position stratégique d'un noyau européen dont le cœur est franco-allemand et la périphérie dessinée par la géographie physique et humaine, de l'Atlantique à l'Oural et du Cap Nord au Sahel. Mais l'Union actuelle peut-elle y pourvoir ? La continuité territoriale est une réalité stratégique autant porteuse de coopération fructueuse que de tensions meurtrières, les Européens à la longue histoire l'ont souvent expérimenté. Le XXIe siècle stratégique n'est pas d'abord le prolongement du XIXe nationaliste et conflictuel ; il est le siècle de la mondialisation et de ses effets prometteurs qui relient mieux que jamais producteurs et consommateurs et crée solidarité, subsidiarité et surtout interdépendances ; les peuples l'exigent. Et la maritimisation qui la ventile, comme l'oxygène les poumons, met le vaste système européen au cœur des marchés du monde. Les atouts européens sont ces continuités positives, à promouvoir et protéger, de la géopolitique et de la géoéconomie.

Telles sont vues d'un stratégiste qui tire sa révérence les pistes à explorer pour éviter l'enlisement dans lequel nous risquons d'épuiser les ressources comptées que le pays peut consacrer à sa sécurité et à sa survie comme acteur stratégique indépendant, faiseur d'histoire et non défenseur appliqué d'un ordre qui fut efficace mais qui se périme rapidement. La « Chaire des grands enjeux stratégiques contemporains » offre ici de remarquables éclairages sur les contrastes d'une scène stratégique bien tumultueuse en ce mois de juin qui justifie ce numéro conséquent dans la lignée du 75e anniversaire de la RDN.

Jean Dufourcq

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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Tribune

21 octobre 2025

Guerre en Ukraine : Prochaine rencontre en Hongrie à hauts risques ? (T 1761)

Hugues Pernet

La rencontre Trump-Zelensky à Washington, influencée par un échange préalable Trump-Poutine, révèle une stratégie américaine pragmatique et déséquilibrée. Trump, focalisé sur les réalités de terrain et les intérêts économiques, marginalise l’Ukraine et l’Europe, favorisant un cessez-le-feu qui risquerait de légitimer les conquêtes russes. Zelensky, affaibli par des tensions internes et des erreurs diplomatiques, peine à défendre une position fondée sur le droit international. La perspective d’une rencontre Trump-Poutine à Budapest, sous l’égide d’Orban, accentue les divisions transatlantiques et isole davantage l’Ukraine, tout en offrant à Moscou une opportunité de dicter les termes d’un accord.

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Article gratuit jusqu'au 21 novembre 2025

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Boutellis Arthur : Rivalités pour la paix, géopolitique de l’ONU  ; Armand Colin, 2025, 263 pages

La France a obtenu en janvier 1997 et a conservé depuis, la direction du Département, chargé des Opérations de maintien de la paix (OMP) au Secrétariat général de l’ONU à New York. Elle y envoie des officiers d’état-major dans nombre d’opérations ainsi qu’un contingent au sein de l’intervention onusienne au Sud-Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), établie en 1978. Les diplomates de la Représentation française sont la « plume » du tiers des résolutions concernant ces opérations qui sont du ressort du Conseil de sécurité (chapitres VI et VII de la Charte). Paris est le deuxième contributeur de Casques bleus après la Chine, mais que le sixième contributeur financier. Ce qui fait, surtout après le départ de la force Barkhane au Sahel, que le rôle de la France, dans ce domaine stratégique, se voit de plus en plus contesté. Pourtant, en dehors des quelques diplomates, militaires ou experts ayant à traiter de ces questions, celles-ci demeurent largement méconnues du public. De même, rares sont les publications sérieuses éditées en langue française, d’où l’intérêt qui s’attache à l’ouvrage fort documenté, précis et très actuel d’Arthur Boutellis, conseiller sénior à l’International Peace Institute (IPI) et enseignant à Columbia et à Sciences Po Paris. Lire la suite

Eugène Berg

Les cahiers de la RDN

Cahier numérique - octobre 2025 - 187 pages

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