Été 2010 - n° 732

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Le désarmement : une retenue nécessaire - Jean Dufourcq

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Revue Défense Nationale - Été 2010 - n° 732

Dans un monde en expansion démographique, en crise financière et en recomposition économique, comment s’articulent les rapports de force, quels facteurs fondent la puissance ? Dans un univers stratégique qui a banni les guerres régulières (1) et dont les combats se déroulent au milieu des populations avec des moyens souvent improvisés, quel rôle joue la supériorité technologique et logistique ? Sur une planète dont les États n’ont plus le monopole de la violence armée et ne sont plus, tant s’en faut, les seuls entrepreneurs de violence, pourquoi des arsenaux de supériorité stratégique ? Dans une société mondiale où l’émotion omniprésente asservit l’information, submerge les rationalités, déconstruit les déterminismes et altère les logiques stratégiques, à quoi servent les concepts et les doctrines stratégiques ? Ces questions centrales qui minent la réflexion stratégique moderne pourraient faire douter de la pertinence du désarmement et même permettre d’affirmer que cette exigence a enclenché un cercle vicieux qui a accéléré la transformation de la guerre et l’a libérée de sa rationalité (2).

Pourtant la régulation des tensions de la planète résulte toujours d’une dialectique évolutive entre armement, pour dissuader la guerre ou la gagner, et désarmement, pour amorcer la paix et garantir des équilibres suffisants. Mais comme la période actuelle est celle de forts déplacements géostratégiques, faudrait-il en déduire que les inévitables champs d’affrontement vont migrer hors des zones structurées par les arsenaux et les expériences militaires, zones aujourd’hui juridiquement soumises à l’interdiction de la guerre et à la contrainte du désarmement et de ses vérifications ? C’est à la fois possible et partiel.

Possible car il y a encore des espaces mal administrés offrant des champs vierges aux compétitions de puissance et où dissuasion et action peuvent se combiner pour créer des rapports de force favorables, l’espace océanique, sidéral, informatique, normatif, monétaire…

Partiel car dans bien des cas, les questions de frontières, d’incompatibilités ethno-économiques, de sécurité régionale, de compétition stratégique servent toujours à justifier des courses aux armements pour conduire ou dissuader les prédations et les vengeances, défendre les intérêts de peuples vulnérables et d’États fragiles ou soutenir des projets de puissance.

Peut-on dire dès lors, que le désarmement ne s’imposerait au fond qu’à quelques grands acteurs étatiques suspectés d’avoir accumulé des instruments de supériorité stratégique pour échapper aux contingences extérieures et préserver leur liberté d’agir ? Peut-on affirmer qu’il a aussi une portée universelle, à tous les niveaux et dans tous les espaces de conflictualité ? Que la retenue stratégique et tactique doit aujourd’hui s’imposer pour préférer les atouts de la médiation collective au choc toujours aléatoire des armes, au motif qu’elle est certes génératrice de vertu mais surtout productrice d’économie des forces. Voilà un bon sujet de réflexion à la fois éthique et stratégique.


(1) La fin des guerres majeures sous la direction de Frédéric Ramel et Jean-Vincent Holeindre ; Éditions Irsem/EHESS/Économica, juin 2010.
(2) Voir « Le cercle vicieux stratégique », réflexion problématique publiée dans la RDN en décembre 2003.

Jean Dufourcq

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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Tribune

21 octobre 2025

Guerre en Ukraine : Prochaine rencontre en Hongrie à hauts risques ? (T 1761)

Hugues Pernet

La rencontre Trump-Zelensky à Washington, influencée par un échange préalable Trump-Poutine, révèle une stratégie américaine pragmatique et déséquilibrée. Trump, focalisé sur les réalités de terrain et les intérêts économiques, marginalise l’Ukraine et l’Europe, favorisant un cessez-le-feu qui risquerait de légitimer les conquêtes russes. Zelensky, affaibli par des tensions internes et des erreurs diplomatiques, peine à défendre une position fondée sur le droit international. La perspective d’une rencontre Trump-Poutine à Budapest, sous l’égide d’Orban, accentue les divisions transatlantiques et isole davantage l’Ukraine, tout en offrant à Moscou une opportunité de dicter les termes d’un accord.

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Article gratuit jusqu'au 21 novembre 2025

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Boutellis Arthur : Rivalités pour la paix, géopolitique de l’ONU  ; Armand Colin, 2025, 263 pages

La France a obtenu en janvier 1997 et a conservé depuis, la direction du Département, chargé des Opérations de maintien de la paix (OMP) au Secrétariat général de l’ONU à New York. Elle y envoie des officiers d’état-major dans nombre d’opérations ainsi qu’un contingent au sein de l’intervention onusienne au Sud-Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), établie en 1978. Les diplomates de la Représentation française sont la « plume » du tiers des résolutions concernant ces opérations qui sont du ressort du Conseil de sécurité (chapitres VI et VII de la Charte). Paris est le deuxième contributeur de Casques bleus après la Chine, mais que le sixième contributeur financier. Ce qui fait, surtout après le départ de la force Barkhane au Sahel, que le rôle de la France, dans ce domaine stratégique, se voit de plus en plus contesté. Pourtant, en dehors des quelques diplomates, militaires ou experts ayant à traiter de ces questions, celles-ci demeurent largement méconnues du public. De même, rares sont les publications sérieuses éditées en langue française, d’où l’intérêt qui s’attache à l’ouvrage fort documenté, précis et très actuel d’Arthur Boutellis, conseiller sénior à l’International Peace Institute (IPI) et enseignant à Columbia et à Sciences Po Paris. Lire la suite

Eugène Berg

Les cahiers de la RDN

Cahier numérique - octobre 2025 - 187 pages

Cahier numérique - Septembre 2025 - 408 pages

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