Mai 2014 - n° 770

Guerre de l'information

136 pages

Éditorial - Jean Dufourcq

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Revue Défense Nationale - Mai 2014 - n° 770

Guerre de l'information

La conflictualité du monde résulte de l'interaction entre des intérêts, des valeurs et des responsabilités, on l'a dit. La mondialisation résulte de la mise en partage, censée répondre à des besoins communs, des ressources et des capacités de la planète. La première conduit à des crises et des conflits de tous contre tous ; la seconde invite à une coopération de tous au bénéfice de tous. Entre ces deux réalités, des biais et des manœuvres, nœuds de la précarité stratégique actuelle. Et l'apparition d'une guerre larvée de quelques-uns pour le contrôle de tous, avec pour cibles les opinions publiques qui font les légitimités politiques et mettent en mouvement les États. Les conflits internes en Tunisie, Libye, Mali, Syrie, Ukraine l'ont amplement illustré.

Plus sophistiquée que la ruse militaire, la guerre informationnelle s'est ainsi installée comme prélude, substitut ou dopant des classiques affrontements idéologiques, économiques et militaires. La manœuvre médiatique, l'action psychologique, la manipulation du récit politico-militaire sont devenus des opérations de portée stratégique que la révolution numérique permet de démultiplier, de la propagande à la déception, de l'influence à la prédation, du sabotage ciblé à l'agression préventive. La guerre s'est infiltrée massivement dans le canal électronique, reléguant, sans toutefois le négliger, l'affrontement militaire direct dans des conflits rustiques où la violence physique exige l'élimination brutale, le sacrifice rituel ou demeure l'ultima ratio du combat. À l'heure du déguisement et de la démultiplication de la puissance que permettent la numérisation et la financiarisation du monde, la liberté de manœuvre stratégique passe par la meilleure maîtrise possible des outils de l'information. Mais au-delà des questions techniques que posent les armes informationnelles, derrière 1'« opératique » nécessaire à la coordination des cybercombats et des batailles de l'influence, reste la question centrale des finalités politico-stratégiques.

Or curieusement, bien que le plus ancien État-nation d'Europe, la France n'a pas, comme d'autres, un code génétique suffisamment bien établi pour orienter la boussole stratégique des différents acteurs de ses combats informationnels. Ses buts de guerre, sa ligne de conduite stratégique, et donc ses engagements militaires, sont souvent d'abord ceux que lui dicte une certaine vision légaliste du monde, avant ceux qu'exigent ses intérêts nationaux de sécurité. Alors, puisque la défense et l'autorité du pays passent par la pertinence de ses engagements politico-stratégiques, les militaires doivent conserver toute leur place dans l'appréciation de ceux-ci. Que seraient l'analyse stratégique et la diplomatie de défense et de sécurité sans la mobilisation permanente et au plus haut niveau des militaires ? Il faut valoriser et promouvoir la recherche militaire qu'exigent les circonstances. C'est ce que s'attache à faire la RDN qui fête ses 75 ans au service du débat stratégique. Au moment où se développe la chaire des « grands enjeux stratégiques contemporains » de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dont la RDN publiera les travaux dans le numéro de juin, cette exigence de participation active des militaires aux questions qui les concernent au premier chef est plus que jamais cruciale.

Jean Dufourcq

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.

Tribune

08 décembre 2025

Éditorial – Peur sur l’Europe (T 1779)

Jérôme Pellistrandi

L’Europe entre défis et réalités géopolitiques. La nouvelle stratégie américaine de 2025 marque un tournant : Washington confirme privilégier ses intérêts, laissant l’Ukraine et l’Europe face à des choix difficiles. Entre pressions russes et reconfigurations transatlantiques, l’Union européenne doit renforcer son unité et sa défense pour préserver sa souveraineté face aux menaces croissantes.

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Article gratuit jusqu'au 08 décembre 2125

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Lagane Guillaume : Géopolitique de l’Europe, le crépuscule d’une puissance ?  ; Préface de Philippe Raunaud, PUF, 2025, 210 pages

Voilà plus d’un siècle que l’on réfléchit, débat, argumente sur le déclin de l’Europe que Paul Valéry avait défini en 1919, dans La Crise de l’esprit, comme « un petit cap du continent asiatique ». Cette fois-ci cependant l’Europe, théâtre d’une nouvelle guerre qu’elle n’a ni voulu, ni pu empêcher et à laquelle elle ne peut seule mettre fin, affronte des défis sans précédent. Sa croyance dans la règle, le multilatéralisme, la suprématie du droit international est fragilisée par le retour des politiques de puissance, le choix délibéré d’une politique protectionniste agressive par son protecteur américain qui désire de moins en moins assurer sa protection ou lui faire payer. À la suite de Paul Valéry, qui avait écrit que nous savons désormais que les civilisations sont mortelles, nous savons désormais que la construction européenne l’est également. Nous voilà avertis. Lire la suite

Eugène Berg

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