Avril 2014 - n° 769

Désengagement afghan

136 pages

Éditorial - Jean Dufourcq

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Revue Défense Nationale - Avril 2014 - n° 769

Désengagement afghan

Les générations militaires se suivent avec leurs histoires, leurs engagements, leurs combats, leurs sagas. Celles de la Grande Guerre sont justement célébrées aujourd'hui, en mémoire d'un pays opiniâtre, volontaire, éprouvé mais vainqueur. Celles qui ont eu la charge de mettre fin aux temps coloniaux sont restées amères d'avoir dû en supporter le prix. Celles qui ont conduit la guerre froide ont connu la mécanisation et la mutation induites par l'équilibre de la terreur nucléaire, même si Troupes de Marine et Légion ont su entretenir leur expérience militaire africaine. Puis les transformations militaires se sont développées, l'interarmisation, la professionnalisation et la multinationalisation.

Et les opérations ont repris avec la génération militaire formée par les opérations dans les Balkans, qui a été confrontée à la gestion de crise et à la décomposition des États. Presque tous les officiers français s'y sont succédé pendant une décennie dans de multiples structures, celles de l'ONU, de l'UEO, de l'Otan et de l'UE. Ils y ont acquis cette double culture moderne des opérations multinationales et des actions civilo-militaires. Depuis plus de dix ans, la matrice militaire s'est déplacée vers les territoires austères et lointains du théâtre afghan où les forces armées ont redécouvert les combats, à tous les niveaux et dans de multiples configurations. Là s'est formée une nouvelle génération confrontée aux opérations de contre-insurrection et de contre-terrorisme, aux tâches de sécurisation et de reconstruction d'un pays soumis aux tensions des populations qui l'habitent et aux pressions de ceux qui l'entourent. Les nombreux Français, militaires et personnel de la Défense, humanitaires et diplomates confrontés à ce défi afghan auront resserré les liens très anciens tissés entre la France et l'Afghanistan. L’engagement afghan qui aura duré près de treize ans marquera durablement notre communauté stratégique dans bien des domaines ; elle marquera aussi notre relation à l'Otan.

Ce sont ces générations successives, la balkanique et l'afghane, qu'on trouve aujourd'hui engagées dans des opérations au milieu des populations africaines, comme au Mali et en Centrafrique, ou bien aux prises avec des systèmes mafieux, comme au large de la Somalie ou du golfe de Guinée. C'est avec les repères acquis dans d'autres théâtres, grâce aux moyens développés dans l'urgence opérationnelle et la nécessité tactique, qu'elles agissent pour atteindre les objectifs assignés par le politique pour défendre nos intérêts nationaux, voire européens et méditerranéens, et assumer nos responsabilités internationales.

Que réserve l'histoire aux générations qui entrent dans la carrière ? Nul ne peut encore le prédire mais assurément les changements stratégiques en cours solliciteront les forces et nécessiteront l'engagement résolu de la France. Il s'agira sans doute d'actions de combat et de sécurité toujours plus diversifiées, et moins probablement de réédition de la Grande Guerre et de la guerre froide, voire de perpétuation d'expéditions de sécurisation postcoloniale. Ce qui restera requis des militaires, sera, comme toujours, l'efficacité et la décision, l'éthique et la loyauté dans l'action au service de la défense du pays et de sa population.

Jean Dufourcq

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