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Revue Défense Nationale - Mars 2012 - n° 748

La perspective débattue du bouclier antimissile, de ses modalités techniques, de son efficacité et donc de son utilité défensive est, comme sa compatibilité et sa complémentarité avec la dissuasion nucléaire, un thème trop souvent réservé aux spécialistes. Elle renvoie en fait à la question de l’invulnérabilité. Comment se mettre à l’abri, hors de portée des dangers possibles ? Comment restaurer par de nouvelles couches de protection une dissuasion supposée dévaluée ? Et ajouter le bouclier au glaive.

Abordée sous l’angle technique et opérationnel, la question du bouclier antimissile n’apporte pas de vraie réponse car la cuirasse absolue n’existe pas. Traitée par la dialectique de la guerre froide, elle part d’une conjecture improbable pour ignorer la réalité des actuelles menaces trans et infra-étatiques. Comptabilisée par son coût financier, elle trouve sa réponse immédiate dans l’austérité budgétaire exigée. Voilà qui explique l’hésitation qui caractérise ce projet. Constatons aussi que la salve balistique redoutée est moins une préoccupation européenne qu’une ancienne obsession américaine que l’Otan a intégrée.

Reste les questions clés sous-jacentes, celle de la souveraineté technologique et celle du rang. Et celles-là exigent que champions français et européens fassent valoir leurs savoirs scientifiques et leurs capacités techniques dans les projets débattus au prochain Sommet de Chicago. La haute technologie comme marqueur d’excellence, ambition collective et réservoir de progrès et de croissance, c’est bien une réalité centrale qui régule la compétition mondiale et oriente les marchés d’exportation. Là est sans doute le vrai nœud stratégique de la défense antimissile plus que la menace iranienne ou nord-coréenne qui lui sert aujourd’hui de paravent. Et pour aborder la complexité d’un dossier qui divise les experts, il faut réfléchir plus avant à l’émancipation stratégique européenne, tant en matière de programme intégré de défense collective qu’en matière d’analyse des risques qu’encourent nos pays. Évitons d’enrôler une nouvelle fois les Européens dans une manœuvre qui ne les concerne pas au premier chef et qui va les éloigner un peu plus de leurs responsabilités stratégiques. Car ce n’est sans doute pas dans le domaine balistique que se trouvent les premières vulnérabilités des démocraties européennes. Et ce n’est pas le mode balistique qui porte préférentiellement les capacités offensives décisives des perturbateurs décidés, étatiques ou non.

La promotion de leurs technologies souveraines, la préservation de leur base industrielle de défense sont des exigences stratégiques pour les Européens. La protection contre les coups faciles, la sûreté de nos systèmes critiques sont des exigences pratiques d’aménagement de nos territoires. Les combiner au mieux dans une période d’investissements contraints est une responsabilité partagée par les États, les industriels de la défense et les états-majors.

Voilà un vrai thème de réflexion en cette période électorale qui offre aux équipes politiques une occasion d’évoquer leurs convictions de défense, comme dans ce numéro. ♦

Jean Dufourcq

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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Tribune

21 octobre 2025

Guerre en Ukraine : Prochaine rencontre en Hongrie à hauts risques ? (T 1761)

Hugues Pernet

La rencontre Trump-Zelensky à Washington, influencée par un échange préalable Trump-Poutine, révèle une stratégie américaine pragmatique et déséquilibrée. Trump, focalisé sur les réalités de terrain et les intérêts économiques, marginalise l’Ukraine et l’Europe, favorisant un cessez-le-feu qui risquerait de légitimer les conquêtes russes. Zelensky, affaibli par des tensions internes et des erreurs diplomatiques, peine à défendre une position fondée sur le droit international. La perspective d’une rencontre Trump-Poutine à Budapest, sous l’égide d’Orban, accentue les divisions transatlantiques et isole davantage l’Ukraine, tout en offrant à Moscou une opportunité de dicter les termes d’un accord.

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Article gratuit jusqu'au 21 novembre 2025

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie - La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

À la suite de la guerre du Kippour déclenchée le 6 octobre 1973, les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décidèrent d’augmenter massivement le prix du pétrole, en réaction au soutien américain à Israël. En l’espace d’un semestre, les prix sont multipliés par 4, entraînant de fait une crise économique dans les pays occidentaux, obligeant ceux-ci à revoir complètement leur politique énergétique. Pour la France, c’est le début de la fin des Trente glorieuses, avec une hausse du chômage. C’est à cette occasion qu’est lancé le plan massif de construction de centrales nucléaires par EDF.  Lire la suite

e-Recensions

Boutellis Arthur : Rivalités pour la paix, géopolitique de l’ONU  ; Armand Colin, 2025, 263 pages

La France a obtenu en janvier 1997 et a conservé depuis, la direction du Département, chargé des Opérations de maintien de la paix (OMP) au Secrétariat général de l’ONU à New York. Elle y envoie des officiers d’état-major dans nombre d’opérations ainsi qu’un contingent au sein de l’intervention onusienne au Sud-Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), établie en 1978. Les diplomates de la Représentation française sont la « plume » du tiers des résolutions concernant ces opérations qui sont du ressort du Conseil de sécurité (chapitres VI et VII de la Charte). Paris est le deuxième contributeur de Casques bleus après la Chine, mais que le sixième contributeur financier. Ce qui fait, surtout après le départ de la force Barkhane au Sahel, que le rôle de la France, dans ce domaine stratégique, se voit de plus en plus contesté. Pourtant, en dehors des quelques diplomates, militaires ou experts ayant à traiter de ces questions, celles-ci demeurent largement méconnues du public. De même, rares sont les publications sérieuses éditées en langue française, d’où l’intérêt qui s’attache à l’ouvrage fort documenté, précis et très actuel d’Arthur Boutellis, conseiller sénior à l’International Peace Institute (IPI) et enseignant à Columbia et à Sciences Po Paris. Lire la suite

Eugène Berg

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