Juin 2020 - n° 831

La puissance américaine : assise et évolutions stratégiques

« L'Amérique n'a pas d'idéologie puisqu'elle en est une. »

François Furet

Éditorial - Jérôme Pellistrandi

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Revue Défense Nationale - Juin 2020 - n° 831

La puissance américaine : assise et évolutions stratégiques

Curieux Printemps ! Printemps de pandémie, de crise économique, de tensions géopolitiques accrues par un coronavirus venu a priori de Chine, printemps de commémorations ratées à cause de ce virus ravageur. Chaque soir, les chiffres des malades et des décès rythment la vie de la plupart des États, repliés sur eux-mêmes, avec des populations confinées et stressées à juste titre par leur propre avenir, voire leur survie. Or, et plus que jamais, la Covid-19 a accéléré la fracture du monde et révélé une « tectonique des plaques géostratégiques » montrant les vulnérabilités de certaines régions du monde et en particulier de l’Europe, à la fois dépendante de la Chine y compris sur le plan sanitaire et trop liée aux États-Unis pour sa sécurité.

Ce printemps devait en effet commémorer le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, du moins en Europe et ainsi rappeler que la liberté face au nazisme a eu un coût surhumain, avec le triomphe des États-Unis comme pays défenseur de la démocratie et un nouvel asservissement d’une partie du « Vieux Continent » sous la férule soviétique jusqu’à son effondrement à partir de 1989. Les États-Unis avaient ainsi affirmé leur puissance, sans pour autant avoir créé un empire. Les Européens, grâce à l’Otan, se contentaient d’accepter cette tutelle et de s’en remettre à la force américaine pour assurer leur sécurité. Et pourtant, peu à peu, les deux rives de l’Atlantique se sont éloignées, Washington regardant de plus en plus vers le Pacifique et l’Asie, avec la montée en puissance de la Chine, dont la transformation économique, le dynamisme de sa population et la mutation de ses mégapoles attiraient les investisseurs. Beaucoup y voyaient l’avenir du libéralisme et donc le passage progressif vers un système politique démocratique. Mais Pékin a joué sa propre partition : oui à l’économie de marché en s’imposant comme l’usine du monde, mais à condition désormais de jouer selon ses propres règles définies par un régime autoritaire et hostile à toute libéralisation.

Le défi est désormais de taille pour les États-Unis. D’où ce dossier conduit par la Chaire Grands enjeux stratégiques contemporains de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui – malgré son interruption physique – est plus que jamais d’actualité, à quelques mois de l’élection de novembre. Entre la politique controversée de Donald Trump et ses errements relayés par la diplomatie du tweet et l’affrontement désormais quasi quotidien avec la Chine, le monde bascule dans un mode de fonctionnement difficile à décrypter, mode de plus largement affecté par la pandémie, qui bouleverse les rapports sociaux et économiques et dont les conséquences commencent à peine à émerger.

Ce printemps doit aussi être l’occasion de penser à nos « étranges défaites », celle de notre histoire avec 1940 dont nous payons toujours les conséquences indirectes et celle de 2020 où nos certitudes ont été bouleversées par un coronavirus, ennemi invisible et sournois, qui nous a paralysé et révélé nos lacunes, nos déficiences et le besoin d’une résilience plus conséquente. Certes, il appartient aux opérationnels – et on doit y inclure désormais notre système sanitaire, mais aussi tous les sans-grade qui ont assuré le fonctionnement a minima de notre pays – de se préparer à affronter les crises et d’accroître ce besoin de renforcer nos capacités à faire face à l’imprévu. Mais c’est au « Politique » de donner les moyens notamment budgétaires et de définir les objectifs à atteindre. Cette responsabilité est plus que jamais évidente et doit s’imposer à nos dirigeants selon le principe « cedant arma togae » fondateur de la démocratie. ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Juin 2020 - n° 831

La puissance américaine : assise et évolutions stratégiques

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Tribune

18 mars 2024

Éditorial – La réélection du Tsar de toutes les Russies (T 1585)

Jérôme Pellistrandi

Cette semaine, le général Pellistrandi revient sur l'élection dont l'issue était prévue à l'avance, qui a eu lieu le week-end dernier en Russie et qui a vu la réélection de Vladimir Poutine avec plus de 87 % des suffrages exprimés, dans un pays où « imposteur » se traduit par « auto-proclamé ». Fort de cette nouvelle légitimité, bien qu'illusoire, quels sont les enjeux d'une réélection pour 6 ans du président russe ? En 2030, il aura dépassé le règne de Staline.

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Article gratuit jusqu'au 18 mars 2124

Florilège historique

« Problèmes actuels de l’approvisionnement en énergie – La révolution d’octobre 1973 et ses conséquences » (février 1974) par Pierre Desprairies

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e-Recensions

Patrick Forestier : Poutine contre la France  ; Le Cherche Midi, 2024, 350 pages

Depuis plus de quarante ans, Patrick Forestier couvre en première ligne les événements et les conflits majeurs de la planète, pour la presse écrite et la télévision : Paris Match, Nice Matin, Sud-Ouest, le Télégramme ; TF1, France 2 et Canal+. Dans ses écrits et ses productions cinématographiques, l’URSS puis la Fédération de Russie sont omniprésentes. Qu’il s’agisse de l’Europe de l’Est : la Pologne, l’Allemagne de l’Est lors de la chute du mur de Berlin, ou de l’Afghanistan, tombeau des soldats russes. Mais son terrain de prédilection est incontestablement l’Afrique. Tout au long de ses périlleuses aventures outre-mer, vécues bien souvent dans des conditions aussi précaires que rocambolesques, le reporter de guerre a été le plus souvent aux avant-postes de la défense de la liberté symbolisée par le monde occidental. Lors de ses expéditions dans les points chauds de la planète, il a partagé le quotidien, le plus souvent dans des conditions précaires, de combattants, réguliers ou non, et de populations civiles en détresse. Cela lui a permis, à travers ses reportages, de nous informer sur la réalité de terrain sur des théâtres d’opérations pas systématiquement couverts par les médias mainstream, mais tout aussi poignants et précurseurs de désastres à venir. Lire la suite

Marc Aicardi de Saint-Paul

Les cahiers de la RDN

Cahier numérique - octobre 2023 - 74 pages

Cahier numérique - Septembre 2023 - 408 pages

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