Dans cet épais volume, à la typographie serrée, se trouvent cinq études et une conclusion. Quatre de ces études sont dues à des auteurs américains et portent sur les « Paradoxes de la communauté politique française » « la renaissance de l’économie française après la guerre », « la transformation et la permanence de la structure sociale française », « la continuité et le changement au sein de la France bourgeoise ». Des auteurs français ont traité des « changements dans la politique extérieure de la France depuis 1945 » et tenté de donner une conclusion d’ensemble à ces études.

Sans vouloir entrer dans le détail de l’analyse de chacune d’elles, il convient d’abord de noter avec quelle délicatesse et quelle profonde connaissance de notre pays les auteurs américains ont conduit à bien leur tâche difficile. Le plus sourcilleux des Français trouverait malaisément matière à se fâcher à la lecture des jugements qui sont portés par eux sur nous. Et cependant, il est très instructif de voir comment des étrangers comprennent nos problèmes et jugent nos réactions. Le lecteur, suivant ses goûts ou ses préoccupations, apportera plus d’attention à telle étude plutôt qu’à telle autre. Pour nous, nous avons préféré celle de Laurence Wylie sur la transformation et la permanence de la structure sociale française, qui nous semble donner un tableau très fouillé en même temps que très révélateur des mouvements qui animent actuellement la société française.

Les auteurs soulignent tous la profonde transformation économique et sociale de notre pays, en insistant sur les liens qui nous rattachent au passé et agissent souvent comme des freins vers une évolution plus rapide. Nous jugerons peut-être que ces liens sont autant de solides racines qu’il vaut mieux ne pas couper trop vite, mais nous devrons reconnaître que certains d’entre eux sont cependant défavorables à l’intérêt de notre pays.

La lecture de ce livre très dense, que l’on aurait souhaité plus court, au risque de le rendre moins subtil et moins exact dans ses détails, apprendra certainement sur la France et les Français de notre temps bien des choses qui, sans lui, seraient restées indistinctes, floues, et méritaient largement d’être mises en lumière. ♦