Le nom de Léon Gabrielli est inconnu du grand public. Cet ancien contrôleur civil du Maroc, qui fut un camarade de combat du maréchal Juin, préfacier de l’ouvrage, joua cependant dans le drame rifain un rôle capital.

Investi de la confiance totale du maréchal Lyautey, il déploya pendant deux ans comme chef du Contrôle de Taourirt la plus fructueuse activité en assurant, dans des conditions souvent périlleuses, les liaisons entre le Commandement français et le chef rifain. C’est grâce à lui que le maréchal Lyautey put être averti à temps de l’agression rifaine imminente et prendre les précautions nécessaires – combien insuffisantes hélas ! – pour y parer. Chargé ensuite – sur sa demande – d’une mission d’information dans le Rif il put, malgré le déclenchement des hostilités, prendre contact avec Abd-el-Krim et renseigner le plus utilement les services de la Résidence. Plus tard, comme officier de renseignements de la colonne du Jonchay, il sut par son activité personnelle rallier à notre cause plusieurs tribus dissidentes. Les souvenirs personnels du contrôleur Gabrielli, son carnet de route, sa correspondance pittoresque avec les « Ministres » d’Abd-el-Krim sont rapportés dans son ouvrage avec une simplicité et une sincérité émouvantes.

Ponctué de piquantes anecdotes, le livre de Gabrielli, rédigé par R. Coindreau, est d’une lecture attrayante. Il présente aujourd’hui un caractère d’actualité par la « résonance » des déclarations de l’ancien chef rifain. C’est une des sources les plus précieuses pour les historiens du Maroc contemporain. ♦