Le nom seul de l’auteur de ce livre indique que nous avons là un ouvrage scientifique, c’est-à-dire fondé sur les connaissances les plus sûres, mais demandant aussi une lecture attentive et soutenue. Ce n’est pas un livre de vulgarisation courante, mais un guide à travers une période de notre histoire très obscure, comme aussi très importante, puisqu’elle est celle de la Naissance de la France. Elle va de Clovis à Hugues Capet, renferme environ cinq cents années de notre histoire. Sur les premiers temps, les données historiques manquent presque complètement. Peu d’archives ; pas un astre royal pour le VI^e siècle ; pas de chartes privées ; comme textes législatifs, la Loi Salique et la Loi Ripuaire ; quelques actes synodaux ; l’Histoire ecclésiastique des Francs de Grégoire de Tours, qui est d’une information très indigente, abondante en anecdotes sur des faits insignifiants, ne dépassant guère l’horizon des églises et particulièrement de l’église de Tours.

Malgré cette pénurie de documentation, Ferdinand Lot apporte sur le règne de Clovis et de ses successeurs sa clarté d’historien. À mesure que l’on avance à travers les siècles, les sources se révèlent plus nombreuses, plus fécondes sous le regard du chercheur. Des anecdotes et des légendes Ferdinand Lot dégage les principaux événements ; il fait vivre les hommes, politiquement et socialement. Que de chapitres alors prennent un intérêt presque d’actualité : l’apport et les influences germaniques ; le patriotisme gallo-franc ; mais aussi, et surtout, dans la période carolingienne, le rôle de Charlemagne qui ne fut pas « Germain » mais voulant être « Franc », que la poésie française a fait nôtre plus qu’il n’était réellement ; le partage de l’Empire au Traité de Verdun ; le premier roi de France, le règne de Charles le Chauve.

On trouve rassemblées aux derniers chapitres du livre les observations sur les institutions, l’Église, la vie économique, artistique et intellectuelle ; elles présentent la France au début de la période capétienne, font prévoir l’avenir de la dynastie nouvelle, annoncent le sentiment national. Une claire bibliographie complète cet ouvrage bien fait pour occuper une place de premier plan dans Les grandes études historiques.