Les grandes lignes de cet essai étaient esquissées avant le débarquement des alliés en Normandie. Mais l’auteur, membre du Corpus Christi College et professeur de psychopathologie à l’Université de Cambridge, avait pleine confiance dans la victoire, et, déjà, il pensait au rôle que la Russie aurait à remplir après la guerre. La situation présente prouve qu’il ne s’est pas trompé dans ses appréciations.

Allemagne et Russie semblaient avoir même structure « pyramidale », mais les fondements idéologiques et biologiques en étaient totalement différents. Un Lénine, un Staline ont su très habilement en tirer parti, greffant les nouveaux rameaux sur le tronc solide et vigoureux qu’ils ont préservé. « La tâche de Staline consistait à réveiller le loyalisme qui avait été concentré sur le tsar et de le transformer en un idéal de nationalisme dans la sphère économique, évolution qui pouvait être incorporée, telle quelle, dans la grande armée rouge et qui devait faire partie du Plan de cinq ans, sous lequel le surplus de la production allait plus au réarmement qu’à l’amélioration du standard du confort. »

Un avenir plein de promesses s’ouvre à la Russie. Mais elle se heurtera à des obstacles sérieux, surtout en Orient. Il faudra, pour la guider, des hommes de valeur, tels qu’un Lénine ou un Staline. Elle peut en espérer d’ailleurs, si elle trouve en politique des personnalités qui soient à la hauteur de celles qui ont fait sa gloire dans les arts et les sciences. Quant à la disparité qui existe entre le « système » russe et les principes occidentaux, elle ne peut être effacée par un emploi très vague du mot « démocratie », ni par une amitié de pure forme. La seule solution possible réside dans un compromis, « après explication nette et admission mutuelle de l’incompatibilité des buts ». C’est alors seulement que l’on pourra, avec franchise, arriver à la solution des questions litigieuses.

On appréciera la clarté et la loyauté de ce petit ouvrage dont les Conférences de la Paix pourraient s’inspirer.