Polytechnicien, résistant et ancien déporté, le général Charles Ailleret, chef d’état-major des Armées, disparaissait le 9 mars 1968 dans un accident d’avion à Saint-Denis de La Réunion. Son nom reste attaché au développement des forces nucléaires françaises et à la stratégie de dissuasion dont il fut le promoteur et l’ardent défenseur. Connu du grand public comme celui qui déclencha le tir de Gerboise bleue ⁽¹⁾, il est aussi celui qui exposa, en tant que chef d’état-major des Armées, le concept de « défense tous azimuts » dans un article source de vives controverses.

Ailleret se situe dans la généalogie de la stratégie française du XX^e siècle avec de Lattre, Beaufre, Gallois et Poirier. Cependant, alors que nos forces nucléaires ont atteint depuis longtemps leur maturité, l’œuvre du général Ailleret semble oubliée.

Dans un contexte où, entre autres, la crise nord-coréenne nous rappelle l’actualité mondiale du nucléaire militaire, le cinquantième anniversaire de la disparition du général Ailleret est l’occasion de revenir sur l’œuvre et l’actualité de ce grand chef militaire, figure majeure de la pensée stratégique française de la deuxième moitié du XX^e siècle.