Aborder la question de la stratégie d’influence de la France au sein de l’Otan nécessite avant tout de rappeler la place spécifique occupée par notre pays. Membre du conseil de sécurité de l’ONU et de l’Union européenne (UE), la France est également l’un des membres fondateurs de l’Alliance atlantique (1949). Depuis, et malgré son retrait du commandement militaire intégré en 1966, notre pays concourt aux opérations de gestion de crise : Bosnie et Kosovo dans les années 1990, Afghanistan et Libye dans les années 2000, en sont des exemples parlants. Puissance nucléaire, la France contribue également, aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni, au caractère dissuasif de l’Alliance.

En 2009, désireuse d’accroître sa présence et son influence au sein de l’Alliance, la France a rejoint le commandement intégré de l’Otan. Environ 750 Français y ont été nommés, et ceci jusqu’au poste de Commandant suprême allié pour la Transformation (SACT, à Norfolk), poste hautement stratégique. La réintégration allant de pair avec la réaffirmation de notre singularité, des conditions au retour ont été posées, parmi lesquelles la préservation de la liberté d’appréciation en matière de contributions françaises aux opérations de l’Otan, l’absence de forces françaises placées en permanence sous commandement direct de l’Otan en temps de paix et le maintien de notre indépendance nucléaire.

Cette double dynamique – contribution exemplaire et affirmation de notre spécificité – se poursuit. Elle permet à une France souveraine, fiable et crédible, de porter une voix indépendante au sein de l’Alliance qui soutient la conviction de l’indivisibilité de la sécurité dans l’espace euro-atlantique tout en veillant à préserver l’autonomie stratégique française et le renforcement du pilier européen. Ces messages ont fait de la France une alliée singulière, parfois incomprise, avec parfois des divergences de vues avec certains alliés.