Durant les années 1980, l’océan Indien devient une zone de conflit à part entière, non pas du fait d’une extension de la guerre froide, mais par le débordement sur les espaces maritimes des antagonismes régionaux. La sécurité du trafic dans le golfe Arabo-Persique semble d’abord menacée par la révolution islamique d’Iran, en 1979, puis franchement remise en cause par l’extension dans l’espace maritime de la guerre Iran-Irak l’année suivante et pour huit ans ; des crises plus fugaces affectent également la mer Rouge. Ainsi, la vulnérabilité des routes du pétrole qui inquiétait les analystes depuis deux décennies devient tangible.

Positionnée en mer Rouge et à portée d’intervention du golfe Arabo-Persique, la Marine nationale observe la situation et intervient dans un but affiché de renforcement de la stabilité régionale. Cependant, les choix de politique étrangère de la France au Liban, contre la Libye ou en faveur de l’Irak attisent un contentieux franco-iranien préexistant au point que Paris et Téhéran se trouvent sur une trajectoire de confrontation en 1987. La Marine nationale participe alors de la désescalade en lançant une spectaculaire opération de « diplomatie du porte-avions ».

Les actions de veille en temps de crise, de 1980 à 1984

Les années 1980 sont marquées par l’émergence de foyers de crises locales qui touchent alternativement, ou simultanément, le bassin méditerranéen (Liban, Libye) ou le bassin indo-océanique (guerre Iran-Irak). Pour la Marine nationale, ces éruptions nécessitent un jeu de bascule du groupe aéronaval entre ces deux théâtres, distinguant une période de « prépondérance méditerranéenne » (1978-1986) et une période de « prépondérance indienne » (1986-1989).