Les réformes ont souvent ponctué la vie de la communauté militaire. Preuve en est avec la nouvelle transformation amorcée dans l’Armée de terre et le passage du modèle « Au contact » au modèle « Au combat ». Or, si certaines ruptures sont passées à la postérité, comme la suspension du service national en 1997, d’autres virages sont nettement moins connus mais essentiels. Précédées par presque trente années marquées par l’occupation du territoire par les Allemands puis les guerres de décolonisation, les années 1970 semblent oubliées alors que c’est durant cette décennie que de nombreuses évolutions structurelles et doctrinales sont adoptées. Les réformes engagées au sein de l’Armée de terre lui permettent d’édifier ses bases et ses fondements. Elles en constituent d’ailleurs pour certaines toujours le socle.

Moins d’un an après sa nomination au poste de Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), le général Jean Lagarde, alors âgé de 54 ans, obtient l’aval des décideurs politiques et lance en 1975 une série de réformes visant à entamer une grande transformation du modèle. Les buts sont multiples : diminuer les frais généraux, unifier les forces et mieux les répartir, simplifier le commandement, optimiser le processus de mobilisation et accroître la mobilité et la polyvalence des unités. L’effet final recherché est l’augmentation significative de son efficacité à moindre coût.

S’appuyant sur des principes simples et pragmatiques, la réforme Lagarde se veut ambitieuse. Elle propose un modèle global, qui fait de l’Armée de terre un outil capable de répondre à la fois aux menaces directes qui pèsent sur la France qu’à la préservation de ses intérêts stratégiques par-delà le monde, particulièrement sur le sol africain et pour la première fois, au sein des structures onusiennes.