Le détroit de Torres est une étroite étendue d’eau et d’îles située entre la péninsule du cap York, à l’extrême nord de la côte australienne et les côtes sud-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG). Il relie la mer d’Arafura et la Grande barrière de corail à la mer de Corail. Goulet d’étranglement (chokepoint) secondaire dans la navigation maritime mondiale, il constitue la route la plus courte pour relier l’Asie du Sud-Est à la côte est australienne, la Nouvelle-Zélande et le Sud du Pacifique.

L’Australian Maritime Safety Authority (AMSA) estime à 3 000 le nombre de navires de plus de 50 m de long y transitant par an : pour un tiers des vraquiers, un quart des conteneurs et 15 % des tankers. La plupart des navires internationaux empruntent le canal de Prince of Wales et sont à destination ou en provenance des ports australiens. Mesurant, environ 150 km de large et 200 km de long, il est aussi une mer intérieure de 48 000 km² parsemée de plus de 300 îles dont 17 sont habitées par les « insulaires du détroit de Torres » (près de 9 000 habitants en 2023) ⁽¹⁾. Enfin, en tant que support de la frontière la plus proche de l’Australie avec l’Asie, le détroit revêt une importance stratégique pour la défense nationale, la biosécurité et la politique d’immigration australiennes ⁽²⁾.

Cette contribution analyse les mesures prises par le gouvernement australien pour contrôler le détroit tout en soulignant l’émergence de nouvelles menaces du fait d’un accroissement rapide des inégalités économiques dans la région.