Les cyberattaques menées par Israël contre le Hezbollah en 2024 au Liban ont largement fragilisé le parti islamiste chiite et affaibli sa légitimité. Elles ont également révélé la difficulté de l’État libanais à assurer sa souveraineté. Les populations civiles sont de fait une des cibles visées avec le risque de remettre en cause le droit international.
Les cyberattaques israéliennes de 2024 contre le Hezbollah : conséquences stratégiques pour l’État parallèle
Israeli Cyber-Attacks Against Hezbollah in 2024: Strategic Implications for the Parallel State
The 2024 Israeli cyber-attacks against Hezbollah in Lebanon inflicted broad damage on the Shia Islamist political party and undermined its legitimacy. They also highlighted the difficulty the Lebanese state had in imposing its sovereignty. Civil populations clearly figure among favoured targets for such attacks, which risk infringement of international law.
Le Hezbollah, parti islamiste chiite et organisation paramilitaire libanaise, s’est progressivement imposé comme un acteur hybride : mouvement armé, force politique et fournisseur de services publics essentiels. Dans des régions où l’État libanais est absent ou défaillant, il a mis en place des réseaux parallèles de santé, d’éducation et d’aide sociale, consolidant ainsi son rôle de quasi-État au sein du Liban (1). Cette gouvernance alternative lui a permis de stabiliser certaines communautés, tout en renforçant son assise militaire et politique (2).
En septembre 2024, Israël a mené une série de cyberattaques d’une ampleur inédite contre le Hezbollah. En ciblant ses réseaux de communication (pagers, talkies-walkies) et ses infrastructures numériques, ces opérations ont causé plusieurs milliers de victimes, dont de nombreux civils (3). Elles ont également perturbé les services sociaux administrés par le mouvement, révélant la fragilité de ses structures institutionnelles et la vulnérabilité de la population qui en dépend.
Ces attaques soulèvent des questions stratégiques et juridiques majeures : comment distinguer les infrastructures militaires et civiles lorsqu’un acteur non étatique assure des fonctions de gouvernance ? Jusqu’où une puissance étatique peut-elle recourir à la cyberguerre sans violer le droit international humanitaire ? Enfin, quelles sont les implications de ce mode de guerre pour la souveraineté d’un État déjà fragilisé comme le Liban ?
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