Les sabotages et les tentatives de désorganiser les États européens se sont accrus depuis 2022 avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ces actions participent à la guerre hybride qui déstabilise les sociétés occidentales. Saboter révèle les fragilités et les dysfonctionnements qui ont un impact direct sur les populations, y compris pour les services d’urgence.
La prolifération du sabotage en Europe depuis 2022 : au-delà de la guerre hybride
Proliferation of Sabotage in Europe Since 2022: Beyond Hybrid Warfare
Acts of sabotage and attempts to disrupt European countries have increased since 2022 and Russia’s invasion of Ukraine. Such actions form part of the hybrid warfare which is destabilising Western society. Sabotage is revealing weaknesses and malfunctions which have a direct impact upon populations and their emergency services.
La crainte d’une guerre hybride contre des cibles européennes s’est accrue depuis 2022. Une tactique essentielle de la guerre hybride est le sabotage, utilisé pour cibler les infrastructures critiques et les chaînes d’approvisionnement des industries, des infrastructures critiques ou les centres logistiques. Parmi les attaques notoires depuis 2022, il y a celles contre le gazoduc Nord Stream, le sectionnement de câbles à fibre optique sous-marin en mer Baltique, ainsi que les colis piégés utilisés contre des centres logistiques à Leipzig (Allemagne) ou à Birmingham (Royaume-Uni). En raison de leurs liens présumés avec la Russie, la Chine et à plus grande échelle la guerre en Ukraine, ces attaques ont attiré l’attention des médias et des dirigeants. Cependant, elles ne sont que la partie émergée de l’iceberg en ce qui concerne le nombre d’incidents de sabotage survenus en Europe depuis 2022. En effet, les militants écologistes, les extrémistes de gauche, de droite et religieux, ainsi qu’un nombre croissant de « saboteurs solitaires » ont recours au sabotage pour tenter de perturber les capacités et les ressources de leurs adversaires, et ce avec un succès considérable.
Un élément clé de ce phénomène est le chevauchement des causes et des intérêts qui justifient le recours au sabotage, allant de la protection de l’eau et du pacifisme à la guerre à Gaza et aux droits des femmes. Cela augmente le risque de sabotage en raison de la prolifération des acteurs et des motivations, une dynamique catalysée par la polarisation politique croissante, la multiplication des crises ou une confiance défaillante envers les institutions publiques. Plus encore, c’est le succès réel et perçu des attaques, comme celles contre la Gigafactory Tesla à Berlin le 5 mars 2024 ou contre le réseau ferroviaire français le jour de l’ouverture des Jeux olympiques le 26 juillet 2024, qui alimente le recours au sabotage, car le sabotage fonctionne. Ce succès expose les failles de sécurité, démontre l’énorme rapport coût/bénéfice positif de l’utilisation du sabotage et inspire grâce à sa valeur opérationnelle.
Cet article suggère que les tendances actuelles en matière de sabotage en Europe sont alimentées par un effet de « renforcement mutuel » entre acteurs radicaux et que le succès du sabotage catalyse son utilisation comme tactique, tant par les acteurs étatiques que non étatiques, qu’à des fins de guerre hybride et d’activisme politique. Il discute aussi comment ces tendances peuvent être cooptées et délibérément alimentées, brouillant à la fois les pistes et facilitant la diffusion de la menace hors des silos historiques.
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