Les relations entre les États-Unis et le Venezuela ont atteint un niveau très élevé de tensions avec le déploiement de forces militaires américaines conséquentes dans la mer des Antilles. Le risque d’un affrontement n’est plus à exclure, d’autant plus que la lutte contre le trafic de drogue est devenue une priorité pour l’administration Trump.
Amérique latine - États-Unis–Venezuela : l’heure de vérité ?
Latin America - United States–Venezuela: The Hour of Truth?
Relations between the United States and Venezuela have reached a particularly high state of tension since the deployment of significant numbers of US military forces in the Caribbean Sea. The risk of confrontation can no longer be excluded, especially since countering the drug traffic has become a priority for the Trump administration.
Depuis août 2025, les tensions ne cessent de croître entre les États-Unis et le Venezuela. Elles entrent désormais dans une logique armée ouvrant la voie à une possible action au sol. La raison ? La guerre déclarée au trafic de drogue originaire d’Amérique latine par l’administration Trump depuis son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier 2025. Le 2 février suivant, le secrétaire d’État Marco Rubio désignait une série de cartels de la drogue comme des organisations terroristes étrangères (1). L’Amérique latine redevient un front politique, économique et social (2) immédiat. La lutte contre le trafic de drogue se transforme en un combat prioritaire sous un angle sécuritaire, avec des répercussions sociales. Elle l’est également dans une réalité politique : les cartels désignés comme des organisations terroristes concernent plusieurs États emblématiques dans leurs relations respectives avec Washington.
Le Mexique est le premier partenaire commercial des États-Unis. Pays frontalier, les questions migratoires, commerciales et de sécurité sont au cœur d’une relation qui alterne confiance et défiance. Ces dernières années, le mandat d’Andrés López Obrador (2018-2024) et depuis, celui de la présidente Claudia Sheinbaum illustrent cette réalité contrastée. En arrière-fond, le positionnement social-démocrate du Mexique, qui se traduit par une approche critique des relations internationales, contribue au durcissement des relations bilatérales. Deuxième pays, El Salvador où l’action du président Nayib Bukele a contribué, depuis 2019, à une chute drastique du taux d’homicides et avec lui, à un retour inédit, à la sécurité publique (3) plaçant ce pays centraméricain au rang de partenaire fiable de Washington. La Colombie a le statut d’« allié majeur hors Otan » des États-Unis. La lutte contre le trafic de drogue et les guérillas longtemps inscrites sur la liste des mouvements terroristes telles les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ou l’ELN (Armée de Libération nationale) ont ancré une coopération bilatérale qui est entrée dans une période de turbulences depuis le 7 août 2022 et l’accession au Palais du Nariño de Gustavo Petro, ancien membre de la guérilla M19 (dissoute en 1990). « La tentation du “Sud Global” » (4) engagée notamment en prenant ses distances avec certains pays alliés aux États-Unis comme l’Ukraine ou Israël, un des premiers fournisseurs d’équipements militaires à la Colombie, et en prônant une alliance stratégique avec le Venezuela, ont parachevé une prise de distance avec Washington.
Enfin, le Venezuela dont le régime de Nicolás Maduro est sur le point d’être érigé au rang d’« ennemi n° 1 » dans la région. Et pour cause ! Les élections du 28 juillet 2024 ont rappelé que les résultats avaient été fourvoyés : Nicolás Maduro s’est autoproclamé élu pour un troisième mandat (5) sans jamais avoir fourni aucun acte électoral tandis que son adversaire, Edmundo González Urrutia, vainqueur au sortir des urnes, a été contraint à l’exil comme près de 6 millions de Vénézuéliens depuis 2017. L’alliance privilégiée sous Nicolás Maduro, à la suite de Hugo Chávez (6) depuis 1999, avec l’Iran et la Russie ne pouvait que renforcer le sentiment d’un « danger immédiat » sécuritaire pour les États-Unis. L’alternance, malgré le verdict des urnes en faveur d’un changement, n’a pas été possible sur le plan politique. L’investiture de Nicolás Maduro, 8 jours après celle de Donald Trump, le 28 janvier 2025, en présence des présidents de Cuba, Miguel Diaz-Canel, du Nicaragua, Daniel Ortega, tout comme du président de la Douma, Vyacheslav Volodin, ne pouvaient que renforcer le sentiment d’une provocation et accélérer une rupture. Celle-ci est désormais consommée alors que les États-Unis ont officiellement annoncé que Nicolás Maduro dirigeait le « Cartel de los Soles », une organisation qui fournirait un support logistique au cartel du « Tren de Aragua » qui serait, selon les autorités nord-américaines, l’un des principaux groupes de narco-trafiquants en Amérique latine. Inculpé par la justice américaine pour corruption et trafic de drogue, une prime de 50 millions de dollars est promise en échange de toute information déterminante permettant l’arrestation du leader bolivarien. Gadget politique rappelant les méthodes du Far-West comme l’affirment les soutiens de Caracas ou dispositif de justice offrant une opportunité pour attaquer le régime chaviste considéré par Washington et ses alliés comme « illégitime » ? Un dispositif militaire conséquent (bâtiments, appareils et troupes) de l’US Navy se déploie depuis août 2025, doublé du soutien de plusieurs États d’Amérique latine et de la région des Caraïbes. Se faisant face, les États-Unis et le Venezuela conduisent l’Amérique latine à retenir son souffle…
Il reste 78 % de l'article à lire
Plan de l'article