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  • Revue n° 728 Mars 2010
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Temps des crises

Colomban Lebas, « Temps des crises  » Revue n° 728 Mars 2010 - p. 131-133
Auteur(s) de l'ouvrage : Michel Serres Le Pommier, 2009 ; 78 pages

Temps des crises

La crise que connaît actuellement le capitalisme fait l’objet de nombreux commentaires, pour la plupart d’ordre économique et financier. Michel Serres, au contraire, saisit l’occasion de cette dernière pour rappeler, en un essai brillant, que cette crise, aussi grave soit-elle, ne constitue qu’un effet de surface assimilable aux rides océaniques, tandis que sévissent au dehors des champs de l’économie et de la finance des phénomènes d’une tout autre ampleur qui, sourdement, tels des forces tectoniques, bouleversent radicalement et définitivement la situation anthropologique de l’espèce humaine tout entière.

Ce n’est pas qu’il faille s’abstenir de lutter contre la crise économique : la résorption de celle-ci nous imposera probablement de réviser l’ensemble de nos habitudes économiques et financières faute de quoi nous nous exposerions à de nouveaux épisodes récessifs, sans doute plus graves.

Mais cette crise économique coïncide avec la fin de plusieurs cycles majeurs qui ne prennent sens qu’à l’échelle de l’histoire de l’humanité : fin du cycle néolithique ; urbanisation massive ; premiers signes d’épuisement d’une nature auparavant considérée comme infinie au regard du prélèvement que l’homme opérait sur celle-ci… Sans même parler de la mutation des conditions de transmission et de capitalisation du savoir : ces fonctions seront principalement assurées par des réseaux numériques planétaires comme Internet après avoir été assumées antérieurement par la tradition orale, puis l’écriture manuscrite, et enfin le livre imprimé. À en juger par les transformations politiques, scientifiques, sociales et économiques que la diffusion de l’imprimerie a rendu possibles, c’est à des bouleversements d’une très grande ampleur qu’il faut s’attendre avec l’apparition et la généralisation de réseaux numériques mondiaux !

On retrouve alors les concepts introduits précédemment par le philosophe : ainsi, de l’humanité actuelle émergerait « l’hominescence », nouvelle humanité qui se profilerait avec la quasi-disparition de l’agriculture, le changement radical du rapport au corps et à la nature, le refus de la souffrance, le bond démographique, l’emprise technicienne sur le monde, la réticulation du monde, et enfin la poursuite des mutations affectant la triade plurimillénaire – prêtres et clercs, guerriers, producteurs – mise au jour par Georges Dumézil. La notion « d’anthropocène » – qui complète la notion d’hominescence – désignerait cette difficile période qui s’ouvre, où l’homme ne sera plus « maître et possesseur de la nature », et où la philosophie ne s’aventurera sans doute plus à distinguer si radicalement le sujet connaissant et rationnel – adepte de l’expérimentation méthodique, se sachant penser et conscient des prérogatives associées à l’exceptionnalité de ce statut – d’un monde d’objets, livrés à la sagacité de son entendement, à l’efficacité de son industrie ou au seul discernement de sa faculté de juger. Dans l’anthropocène, c’est la nature elle-même qui devient sujet, face d’une humanité qui, au moment même où elle croyait l’avoir emporté définitivement dans sa lutte contre la nature, se voit implacablement rattrapée par celle-ci et menacée d’éradication, du fait même de ses succès économique, démographique et technico-scientifique. D’où une solution, a priori plein de bon sens : réformer nos institutions, afin d’octroyer des droits politiques effectifs à la nature.

Nous laisserons au lecteur le soin de découvrir les modalités pratiques de cette réforme politique, considérée par l’auteur comme cruciale pour l’avenir de l’espèce humaine. L’analyse, à quelques détails près, emporte l’adhésion, par le regard acéré qu’elle porte sur nos sociétés repues de spectacles, encore endormies dans l’illusion de la docilité de la nature, ou ayant tout au moins échoué jusqu’à présent à adapter à la nouvelle donne que nous impose la Biogée (1) les institutions héritées des cycles précédents, devenues d’un coup obsolètes.

On pourra seulement regretter que la solution adoptée par l’auteur – qui consiste à octroyer à certains scientifiques dûment sélectionnés et ayant prêté serment, la responsabilité de représenter les droits de la nature – semble manquer de réalisme, tout au moins dans la présentation succincte qui nous en est offerte : elle paraît en effet tabler sur la vertu de quelques éléments d’élites plutôt que sur un système plus classique de checks and balances… On aimerait plus de détails, plus d’exemples, comme une analyse critique des mécanismes de régulation auxquels ces titulaires des droits de la nature verraient leur action soumise. Ou encore l’exposé d’une méthode expérimentale qui permettrait d’établir la pertinence empirique de la solution retenue, voire de l’améliorer… Par ailleurs, le modèle proposé n’est-il pas par trop irénique ? N’y a-t-il pas, aussi, quelques dangers dans le développement mal contrôlé des technologies de l’information dont certains nous disent qu’elles pourraient se révéler liberticides ? À ériger les questions environnementales comme critère – certes partiel mais cependant universel – de décision, ne court-on pas enfin le risque de scléroser la société, de lui faire perdre sa foi en l’avenir, voire de favoriser à terme de dangereuses dérives autoritaires ? La philo-sophia, c’est-à-dire la réunion de l’Amour et de la Sagesse, que prône l’auteur comme mode de régulation éthique des sociétés futures, jointe à la solennité du serment prêté par les scientifiques qui se consacreraient à la noble tâche de représenter les intérêts de la nature dans la décision politique, suffira-t-elle à garantir l’équilibre du nouveau pouvoir, sa mesure, son objectivité et son indépendance ?

On peut en douter, et l’on se surprend, en somme, à respirer par instants comme le parfum d’une douce utopie… Mais peut-être est-ce là une intention délibérée du philosophe, adepte précisément de la douceur plus que de la coercition : il viserait alors à persuader par la pédagogie, par le modèle, ou, mieux, par la transformation progressive mais en profondeur des mentalités.

Au-delà de ces nuances d’appréciation, on ne peut que recommander chaudement ce petit essai, écrit d’une plume alerte, et œuvre d’un esprit libre, qui s’appuyant avec clarté et simplicité sur des éléments de l’histoire des idées, le fait avec une érudition sans faille, mais sans la pesanteur qui accompagne généralement ce genre d’exercice. Cet ouvrage, d’une dimension modeste, d’une lecture aisée, donne à penser. Il constitue par surcroît une bonne introduction à la lecture des autres travaux de ce philosophe atypique (normalien et agrégé de philosophie mais aussi ancien officier de Marine issu de l’École navale) qui – une fois de plus, et bien loin des transpositions hâtives et du recours abusif à des images plus saisissantes que démonstratives – pratique avec bonheur, ainsi qu’avec une virtuosité certaine, la transdisciplinarité.


(1) Terme par lequel sont désignés la planète, l’espèce humaine, la nature qu’elle abrite ainsi que les équilibres écologiques qui lui sont afférents.

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