On nous parle souvent par les temps qui courent de service « civil » ou « civique ». Il semble qu’un des avantages attendus de la formule vise une catégorie sociale dont la renommée devrait être brillante, mais qui a malheureusement pris une tournure plutôt péjorative : les « Jeunes ». Il s’agirait de lui inculquer quelques rudiments dans des sciences ardues telles que la rigueur, la politesse et la ponctualité, domaines considérés aujourd’hui comme défaillants dans cette tranche de la population. Ce faisant, le service en question serait mis à profit pour se consacrer à quelques besognes utiles à caractère social ou citoyen.

Un second apport espéré serait la réalisation d’une mixité sociale que le service national de naguère était censé apporter même si, incontestablement « universel » (en dépit d’accusations portées par des critiques mal informés), il faut reconnaître qu’il était plus ou moins « inégalitaire » ; cela en raison de la variété évidente des postes tenus et de leur répartition géographique, et surtout de l’existence de formes latérales, intéressant des effectifs peu nombreux, mais constituant des sortes de fuites, comme une certaine banalisation de l’objection de conscience ou l’envoi en « coopération ». On pourrait mettre à profit le nouveau melting-pot envisagé pour procéder à une pincée de discrimination positive à l’avantage des plus doués parmi les « couches défavorisées », car il est plus valorisant de disserter sur Tocqueville rue Saint-Guillaume que de brûler des voitures !

Au fond, on a connu autrefois des formules voisines comme les « Chantiers de Jeunesse » de Vichy qui n’étaient pas dénués de certaines vertus sur les plans de l’ambiance et du moral.