Le cyberespace a indéniablement acquis de l’importance dans les débats stratégiques récents. Ce dernier est essentiellement l’objet d’attentions en raison du potentiel de développement économique qu’il représente ainsi que pour les menaces qu’il recèle. Les termes économie numérique, cyberguerre, cyber-défense ou cyberterrorisme sont ainsi très utilisés. Les dépendances et vulnérabilités développées vis-à-vis du cyberespace par nos sociétés modernes sont la cause de l’importance stratégique de cet espace pour la sécurité et la défense nationale. Ce dernier est d’ores et déjà considéré par certains pays comme un espace d’opérations à part entière au même titre que la terre, l’air et la mer. Le cyberespace s’en distingue néanmoins, notamment par l’impossibilité d’identifier incontestablement les acteurs sur les réseaux et de séparer activités économiques et de sécurité. Une approche globale doit donc être adoptée pour développer et sécuriser cet espace. Une stratégie nationale cohérente constitue un préalable pour permettre une coopération internationale efficace représentant la seule solution viable pour cet espace dénué de frontière.

Un espace d’importance stratégique

Le cyberespace peut être considéré comme le domaine global se caractérisant par l’utilisation de l’électronique, du spectre électromagnétique et des technologies de l’information afin de stocker, de modifier et d’échanger des données par des systèmes connectés en réseau et les infrastructures physiques associées. Ce dernier comprend donc en particulier l’Internet. Cet espace constitue, au même titre que la mer, un des piliers de la mondialisation. Le bon fonctionnement des économies développées est devenu extrêmement dépendant des échanges d’information à l’échelle mondiale et les technologies de l’information contribuent majoritairement à l’augmentation de la productivité. Le potentiel de développement du cyberespace est encore important, la convergence des services sur des supports mobiles et l’Internet des Objets (IdO) — qui permet par l’utilisation de systèmes d’identification électronique et des dispositifs sans fil de connecter tout objet à l’Internet et ainsi pouvoir en exploiter les données — augmenteront encore considérablement la dépendance vis-à-vis du cyberespace. Ce développement constitue à la fois un enjeu économique majeur pour la France et une vulnérabilité pour la sécurité nationale.

Les infrastructures des secteurs d’activité d’importance vitale, support des services essentiels à la nation (énergie, eau, transports, télécommunications…), dépendent également du cyberespace. Celles-ci sont en effet surveillées et pilotées par des systèmes appelés SCADA (Supervisory Control and Data Acquisition) qui sont désormais de plus en plus connectés et utilisent des éléments informatiques du grand public. Le piratage d’une centrale hydroélectrique brésilienne en novembre 2009 (qui a privé pendant trois jours une dizaine de villes et 60 millions d’habitants de transports en commun, de feux de circulation, de télécommunications et d’ascenseurs) illustre les risques majeurs présentés par ces systèmes. L’impact social du cyberespace est par ailleurs considérable, l’e-administration, les échanges de courriels et surtout l’explosion des réseaux sociaux le démontrent. Toute défaillance des systèmes ou réseaux qui soutiennent ces services provoque des perturbations majeures.