Le mois de novembre n’a été marqué par aucune opération importante. Les armées, dit-on, ont pris leurs quartiers d’hiver. Formule évocatrice, sans doute, mais qui risque de donner une idée tout à fait inexacte de l’intensité et de l’ampleur des efforts actuellement prodigués par toutes les forces de défense pour le salut du pays.

Dans cet ensemble, l’Armée de terre couvre le territoire national afin de permettre le libre fonctionnement de toutes ses usines en pleine activité. Cette couverture est assurée par le travail des armées et par le combat aux avant-postes. Le travail fourni, depuis le début de la guerre, sur nos frontières est considérable. Il a pour objet de renforcer nos positions, d’en accroître la densité et la profondeur, de les prolonger de manière à parer à toutes les éventualités. Le travail effectué, pose de fils de fer, construction d’obstacles antichars, édification d’abris bétonnés, aménagement des arrières, etc., est tel qu’il met dès maintenant nos positions à l’abri de toute attaque décisive quelle que soit son importance et quels que soient les sacrifices consentis par l’adversaire. Cette œuvre remarquable, opiniâtrement poursuivie par nos unités d’après un plan d’ensemble, n’a pu être obtenue qu’au prix d’efforts particulièrement pénibles de la main-d’œuvre militaire, souvent secondée par les entreprises civiles.

Le combat aux avant-postes garantit la sécurité de nos chantiers.

Bien qu’aucune opération d’envergure n’ait été tentée par l’ennemi au cours du mois de novembre, la vie aux avant-postes n’est calme qu’en apparence. Elle exige une vigilance incessante et une activité continuelle. La mission des troupes de première ligne ne consiste pas seulement, en effet, à s’opposer aux tentatives de l’adversaire, mais encore à renseigner le commandement, de jour et de nuit, au moyen de patrouilles, de reconnaissances et de coups de main.

L’existence à l’avant, coupée d’alertes incessantes, aggravée par l’âpreté du climat et de la saison, soumet nos troupes à de dures épreuves où se retrouvent les qualités de la race et où s’affirme la supériorité de notre armement d’infanterie et d’artillerie. ♦