Son immense espace maritime confère à la France des responsabilités et un statut particuliers au sein de la communauté internationale. Les efforts déployés depuis quelques années et le plan ambitieux présenté en 2009 lors du discours présidentiel du Havre sont aujourd’hui menacés par les contraintes budgétaires qui, dans le contexte d’une crise économique globale, affectent tous les ministères et les collectivités publiques. Or, la politique maritime de la France est un enjeu stratégique de long terme et ne doit pas être sacrifiée.

Tous les jours, l’actualité montre que nous sommes confrontés à une crise économique dont les répercussions affectent tous les pans de la civilisation. Nous ne pourrons pas en guérir, sous peine de provoquer un état cyclique de crises et de rémissions, en cherchant à revenir à la situation initiale. Il nous faut donc inventer, dans le cadre étroit des marges de manœuvre dont nous disposons, les moyens de surmonter les effets dévastateurs et les causes de cette crise globale. La construction d’une relation nouvelle à l’océan, seul espace vierge riche de possibilités de développement à long terme, peut permettre de poser les bases d’un discours universel, concret et non dogmatique et contribuer efficacement au rétablissement de notre société. En raison de sa position géographique particulière et de son statut sur la scène diplomatique internationale, la France peut et doit insuffler au niveau mondial les principes d’une politique qui prenne en compte les enjeux de l’océan, dans une perspective de développement durable.

La France, pays de tradition maritime

Les activités de la mer constituent un secteur d’emploi dont l’importance est méconnue en France, qui est un acteur majeur de l’économie maritime mondiale et un leader européen en de nombreux domaines (constructions navales, plaisance, pêche, exploration et prospection offshore, assurances, etc.). Elles représentent en effet 3 % du PNB et emploient 1,5 % de la population active. En fait, contrairement à la conception populaire qui oppose la Grande-Bretagne, puissance maritime proclamant fièrement et sans ambiguïté « Britannia rule the waves », et la France, présentée comme un pays continental aux mœurs paysannes, chacun sait en France depuis Richelieu que le rang et la prospérité du pays devaient s’appuyer sur une politique maritime ambitieuse. Au XVIII^e siècle, la mer fut en permanence dans les pensées de Louis XV et de Louis XVI qui confièrent à Bougainville et à La Pérouse de grandes expéditions autour du monde.