Camerone – 1863
Bataille de Camerone © Yevgeniy Ponomarev
Ils furent ici moins de quarante, opposés à toute une armée
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage abandonna ces soldats français
Le 30 avril 1863.
Pourquoi cette inscription se trouve-t-elle brodée sur tous les drapeaux des régiments de Légion étrangère, avant toutes les autres inscriptions, même si, à part les 1er et 2e Étranger, aucun autre régiment n’existait encore durant la campagne du Mexique ? C’est que cet « accrochage », plus qu’une bataille, est hautement fondateur des valeurs militaires incarnées par la Légion étrangère, beaucoup plus que par son importance militaire sur le terrain et le déroulement de la campagne du Mexique, qui est dérisoire.
Retranché dans une hacienda, le détachement de Légion qui devait escorter un convoi de ravitaillement vers les combattants de Puebla, ville alors assiégée par l’armée française, a subi l’assaut de forces mexicaines près de dix fois supérieures en nombre. De ce combat inégal, dont l’issue ne pouvait faire aucun doute, la postérité n’a pas retenu le résultat tactique sur le terrain, insignifiant, mais le symbole représenté par l’esprit de la mission à remplir coûte que coûte, l’esprit de sacrifice et le courage et la détermination des légionnaires du capitaine Danjou.
La mission ne se discute pas, ne se négocie pas, ne se remet pas en cause. Elle s’exécute. C’est cette exécution de la mission qui constitue l’essence même de toute action militaire. Lorsque Danjou, qui avait la mission de faire passer le convoi vers Puebla se rend compte de la disproportion de ses moyens par rapport à la menace, il n’hésite pas, il engage le combat et le convoi passera.
L’esprit de sacrifice est consubstantiel à l’état militaire. Au combat, le soldat peut être amené à donner la mort, car il ouvre le feu, sur ordre ou d’initiative, et ce qui justifie cet acte suprême, absolument dérogatoire à toute règle juridique de l’État de droit, c’est qu’en réciprocité, il accepte de mourir pour une cause qui le dépasse, la défense, voire la survie, de sa patrie, la terre de ses ancêtres. C’est cette transcendance qui donne tout son sens à l’esprit de sacrifice militaire.
Ce sont ces valeurs que le combat de Camerone vient nous rappeler et dans lesquelles les unités qui le célèbrent chaque année viennent se ressourcer. Le fait que, pour un étranger au service de la France, la notion de patriotisme n’est pas tout à fait identique que pour un citoyen français, il n’en demeure pas moins que le fondement est en tous points similaire : Legio Patria nostra.
Publié le 30 avril 2025
Claude Franc