Maritimisation et trafic portuaire : bilan 2024
© Organisation maritime internationale (OMI)
Les conflits et les crises géopolitiques ont marqué l’année 2024 avec la suite de la guerre en Ukraine, le conflit au Proche-Orient et ses répercussions en mer Rouge. De fait, l’impact économique et stratégique est une réalité qui commence à affecter le transport maritime. À cela, il faut désormais ajouter l’incertitude politique avec les errements de la nouvelle administration Trump autour des droits de douane et dont les conséquences se font déjà ressentir sur le trafic maritime mondial. Les classements 2024 sont un révélateur utile pour faire un état des lieux des économies des pays et de leur positionnement dans la compétition mondiale.
Celui portant sur le trafic conteneur reflète les nouveaux équilibres commerciaux et le fait que le centre de gravité est désormais dans l’aire indo-pacifique. Sur les 30 premiers ports conteneurisés, 22 sont en Asie dont 11 en Chine (en y incluant Hong Kong). Shangaï arrive en tête avec un trafic de 51,5 millions de conteneurs équivalent vingt pieds (EVP). Deux sont aux États-Unis avec Los Angeles pour la côte Ouest et New York pour la côte Est. En Afrique, il y a un seul port, celui de Tanger Med au Maroc. Véritable hub de transbordement pour la Méditerranée et idéalement situé, Maroc Med est une réalisation récente avec une mise en service en 2007 et est un succès exceptionnel bénéficiant à l’économie marocaine.
Pour l’Europe, 3 ports dominent. Rotterdam (Pays-Bas) est 12e avec près de 14 millions EVP, suivi par le complexe Anvers-Bruges (Belgique) avec 13,5 millions EVP. Hambourg (Allemagne) figure à la 24e place avec 7,8 millions EVP.
Aucun port français ne figure dans ce classement. Au niveau européen, l’ensemble HAROPA (Le Havre, Rouen, Paris) se situe en 10e position, Le Havre traitant 3,1 millions EVP. Marseille est 15e avec 1,45 million EVP. Ces chiffres traduisent la difficulté des ports français à rester dans le club des grands ports maritimes et le retard accumulé, notamment pour mieux desservir les hinterlands avec du transport multimodal et non exclusivement routier.
Pour autant, cela ne signifie pas que la France est absente du monde maritime, avec notamment CMA-CGM, troisième armateur mondial présent dans plus de 160 pays et environ 650 navires.
Publié le 14 mai 2025
Jérôme Pellistrandi