Les Américains ont suivi avec une sympathie profonde la longue épreuve du peuple de France, qui atteint son comble maintenant avec les effusions de sang qui continuent en Algérie. L’amitié traditionnelle entre nos deux peuples est trop authentique, trop consacrée par le temps pour céder aux fluctuations du climat des relations officielles entre nos deux pays.

Ce n’est un secret pour personne que le Gouvernement français est de plus en plus déçu par Washington. C’est là un sujet de grande préoccupation pour ceux d’entre nous qui observent de près les relations franco-américaines. À notre avis, le moment est venu pour les États-Unis de reconnaître — par des actes et non par des paroles — que la France est redevenue une nation de premier plan et qu’elle ne peut plus être confinée dans un rôle secondaire au sein de la coalition du monde libre et de la Communauté atlantique.

Concrètement, cela exige que la France soit acceptée comme membre du « club nucléaire » et qu’elle participe pleinement aux décisions du monde libre qui ont une incidence sur les intérêts français. C’est de cette façon seulement que le poids de la France revitalisée pourra être ajouté à la force politique, matérielle et morale globale de l’Alliance occidentale.